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© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
L'entraîneur de l'AS Monaco Leonardo Jardim donne des instructions lors du match face à Angers au stade Raymond-Kopa, le 8 avril 2017
Dans le sillage de son compatriote José Mourinho, le Portugais Leonardo Jardim a trouvé dans l'ambiance feutrée des bibliothèques universitaires les clés de son succès actuel aux commandes de l'AS Monaco, qui défie le Borussia Dortmund mardi en quart de finale aller de Ligue des champions.
Après avoir déjoué les pronostics en éliminant Manchester City et son fin tacticien Pep Guardiola au tour précédent, le cérébral Jardim devra livrer un nouveau duel de "scientifiques" face à l'Allemand Thomas Tuchel.
"Les entraîneurs portugais sont bien vus à l'étranger car ils sont capables de parler football, mais aussi de médecine sportive ou de gestion : leurs connaissances sont larges", résumait Jardim en marge d'un congrès sur le football organisé le mois dernier près de Lisbonne.
A l'image de l'incontournable Mourinho, mais aussi de son aîné Carlos Queiroz, cette nouvelle école portugaise a été formée sur les bancs de l'université, où elle a été marquée de l'empreinte du théoricien Manuel Sergio.
Mentor assumé du "Special One", cet ancien professeur de la faculté de motricité humaine de l'Université technique de Lisbonne conçoit le football comme le théâtre de toutes les sciences humaines, qui fournissent des armes supplémentaires pouvant améliorer la performance d'une équipe. D'abord confidentiels, les préceptes de M. Sergio, aujourd'hui âgé de 83 ans, sont peu à peu devenus incontournables.
- Rapide ascension -
Jardim, dont la première vocation était la biologie marine, a conclu sa formation académique avec un mémoire sur "les corners à l'Euro-1996". Le Madérien a ensuite gravi rapidement les échelons qui l'ont amené de Camacha, club de 3e division portugaise où il a débuté en 2003, jusqu'à son arrivée sur le Rocher en 2014, où il trône actuellement en tête du classement de Ligue 1.
Aujourd'hui, l'ancien coach du Sporting Portugal et de Braga, qui a connu sa première expérience à l'étranger à l'Olympiakos Le Pirée, "privilégie davantage la gestion et la psychologie qu'il y a dix ans".
A Monaco, l'entraîneur de 42 ans dispose désormais d'un staff pouvant conduire les séances d'entraînement pendant que, de son côté, il met en ?uvre d'autres compétences, pour la plupart acquises pendant son parcours d'étudiant.
Des sessions de ses débuts à celles de La Turbie, il n'a préservé qu'une chose: l'omniprésence du ballon. "Même si l'entraînement va travailler le physique, le ballon reste l'outil du footballeur comme un musicien avec son instrument", dit-il.
- 'Moins prévisible' -
Un mantra que partagent beaucoup de ses compatriotes mais aussi le Danois Jens Bangsbo, préparateur physique de la Juventus de Turin finaliste de la C1 en 2003. "Jardim est très intelligent. Cette vision de l'entraînement en fait un exercice global et permet de gagner du temps. Quand nous avions mis ce système en place avec Carlo Ancelotti c'était assez novateur, le coach en était très satisfait", explique à l'AFP ce membre du staff de l'équipe nationale danoise.
"Malgré ses moyens limités, le Portugal a été sacré champion d'Europe avec beaucoup de mérite et ses clubs ont gagné des titres européens assez récemment. Cela prouve que son modèle fonctionne", ajoute l'universitaire, auteur de plusieurs ouvrages sur les méthodes d'entraînement.
Thomas Tuchel, diplômé en économie, a également fait de la pluridisciplinarité son credo. "Il fait partie de ceux qui ont compris qu'ils avaient tout à gagner en s'ouvrant à d'autres champs", estime le chercheur allemand Wolfgang Schollhorn, dont les travaux ont inspiré Tuchel et Jürgen Klopp, son prédécesseur à Dortmund.
Comme au Portugal, devenir entraîneur en Allemagne n'est plus l'apanage des grands joueurs reconvertis. "Aujourd'hui on ne se copie plus, on possède sa propre façon de faire, ce qui rend le travail d'un coach moins prévisible pour son adversaire", ajoute M. Schollhorn. Reste à savoir qui, de Jardim ou Tuchel, aura le mieux préparé l'examen de mardi.