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La Fédération internationale de basket-ball (Fiba) a présenté lundi à Paris son projet de "Champions League", censée devenir dès la saison prochaine la deuxième compétition européenne de référence, derrière l'Euroligue.
Un conflit oppose depuis six mois la Fiba à l'Euroleague, société privée qui compte maintenir les deux principales coupes continentales existantes, l'Euroligue et sa petite s?ur l'Eurocoupe, dont elle est la gestionnaire.
Pour parvenir à ses fins, la Fiba menace d'interdire de participation à l'Euro les équipes nationales dont les clubs privilégieraient l'Eurocoupe plutôt que sa Ligue des champions, au risque de provoquer une bataille juridique.
Vraie et fausse Ligue des champions?
L'Euroligue, même dans un format réduit de 24 à 16 clubs, restera la compétition de référence, tout simplement parce que les onze meilleurs clubs continentaux, dont le Real Madrid, tenant du titre, le FC Barcelone ou le CSKA Moscou - tous actionnaires - y participeront de manière permanente.
La Fiba conteste cette logique de réserver la C1 aux plus puissants, financièrement et sportivement. Dans un entretien à L'Equipe de mardi, le secrétaire d'Etat français aux Sports, Thierry Braillard, appuie la fédération internationale, critiquant l'Euroligue "basée sur les seuls intérêts financiers de quelques-uns, faisant fi des intérêts collectifs et des valeurs du sport".
Faute d'un consensus avec l'Euroleague, la Fiba veut lancer la "Champions League", "plus ouverte" et basée exclusivement sur les résultats sportifs dans les championnats nationaux.
Elle comptera 32 clubs dans sa phase de poules, suivie de huitièmes, de quarts de finale et d'un Final Four (Finale à quatre) du 28 au 30 avril 2017 que la France souhaite organiser à Paris. L'enjeu est qu'elle devienne la deuxième compétition continentale, mais rien n'est garanti. Car l'Euroleague souhaite attirer dans l'Eurocoupe les 24 autres meilleures équipes derrière les 16 de son épreuve-phare.
Les pays "rebelles" privés d'Euro
Les clubs russes se sont, par exemple, ralliés à l'Euroleague. Mais les avis divergent. L'Allemagne devrait se ranger du côté de la Fiba, même si rien n'est encore acté. En Grèce, où les deux cadors - Panathinaïkos et Olympiakos - font partie des onze "franchises" de l'Euroligue, d'autres formations, moins prestigieuses, comme l'Aris Salonique, penchent pour la "Champions League".
Pour les équipes qui préféreraient disputer l'Eurocoupe, comme Sassari, Trento et Reggio Emilia en Italie, la Fiba menace d'exclure leur équipe nationale de l'Euro, si elles ne changent pas d'avis.
La Fiba promet 100.000 euros à chaque participant de sa compétition. La somme augmenterait selon le parcours, avec 500.000 euros attribués au vainqueur. A titre de comparaison, Limoges a perçu 150.000 euros de l'Euroleague en matière de droits télévisés pour sa participation à l'Euroligue (éliminé dès le premier tour). En Eurocoupe, "c'est très léger", selon le président du CSP Frédéric Forte.
Jugeant "inacceptables" les pressions de la Fiba sur les clubs, l'Euroleague a déposé plainte en février auprès de la Commission européenne.
Et les clubs français dans tout ça?
Avec l'appui du ministère des sports, la Fédération française (FFBB), dont le président Jean-Pierre Siutat est membre du bureau de la Fiba, exige que les clubs hexagonaux participent à la Champions League, où trois, voire quatre places, leur seront réservées. Cela signifie d'abandonner l'Euroligue (où seul Strasbourg pourrait participer en cas de victoire en Eurocoupe) et l'Eurocoupe.
"On est d'accord mais il est hors de question que nous jouions la troisième compétition européenne", affirme le président du Mans Christophe Le Bouille qui, comme d'autres représentants de ProA a demandé à la Fiba de prendre des mesures coercitives concernant les clubs récalcitrants pour obtenir des gages de compétitivité.
"Je crois que les clubs français n'auront pas le choix (de disputer la Champions League)", souligne Jean-Pierre Siutat. Tony Parker reverra-t-il son point de vue? La star NBA a souhaité que Villeurbanne, le club qu'il préside, joue les coupes de l'Euroleague.
L'argument du calendrier international
Le nouveau calendrier des équipes nationales, qui marquera après l'Euro-2017 le retour des matches officiels durant la saison de clubs (entre octobre et juin), est un argument avancé pour promouvoir la Champions League qui n?empiétera pas sur ces "fenêtres internationales". Sauf surprise, la NBA ne libèrera pas ses joueurs. Rien ne dit que l'Euroleague le fera. "On aura besoin de générer de nouveaux talents, souligne Siutat. A quoi cela sert s'ils ne peuvent pas jouer en équipe nationale?"