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Humilié deux fois en quatre jours au Vélodrome par de modestes adversaires, l'Olympique de Marseille est au bord du précipice: à moins d'un sursaut, le Paris SG n'a plus qu'à le pousser dans le dos, dimanche.
. Des chiffres qui font peur
Les mathématiques sont cruelles. Le bilan statistique de l'OM est en chute libre, après un bon départ de l'ère Michel, avec dix buts en deux matches à domicile contre Troyes (6-0) et Bastia (4-1).
Rien que l'écart avec le PSG, 12 points, effraie. Quinzième de Ligue 1, Marseille n'a pris qu'un point par match en championnat et a déjà perdu deux fois à domicile contre des équipes bien moins fortes sur le papier: Caen (1-0), pour le premier et dernier match de la saison de Marcelo Bielsa, et Angers (2-1), dimanche dernier.
Plus inquiétant sur le long terme, les Phocéens présentent une possession de balle inoffensive, voire complètement stérile, comme jeudi en Europa League contre le Slovan Liberec, qui s'est imposé 1 à 0 grâce à son seul tir cadré, contre dix pour l'OM, plus 14 (!) non-cadrés.
L'OM est l'équipe de L1 qui centre le plus, 22,9 fois par match (contre 19,1 au PSG, 3e de ce classement), mais ce bombardement de la surface ne soutient pas vraiment son infanterie. En outre, le roi des centres, Benjamin Mendy (37), est suspendu pour le "Clasico".
L'armada du PSG est bien plus efficace et se ferait un malin plaisir à achever son ennemi intime qui a déjà un genou à terre.
. Michel, la méthode...
L'entraîneur espagnol de l'OM a des circonstances atténuantes. Il a plusieurs fois rappelé qu'il s'"était passé quelque chose" ici avant son arrivée. La démission fracassante de son prédécesseur a perturbé tout le club, et Michel n'a pas eu le travail de fond de juin-juillet pour modeler sa tactique. Il doit imprimer son style sur un tissu qui a pratiqué 14 mois de marquage individuel intense.
Certains choix ont cependant surpris. Contre Angers, il a beaucoup fait tourner son groupe, sans succès. Et, au lieu d'assurer une victoire qui aurait rassuré tout le monde avant le PSG, il s'est enfoncé.
Michel a disputé ses trois premiers matches avec la même équipe, à l'exception de Mario Lemina, parti à la Juventus et remplacé par Lucas Silva. A part le dérapage à Guingamp (2-0), l'OM a réussi deux cartons.
Ensuite, l'Espagnol a régulièrement modifié son équipe. Avec succès à Groningue (3-0), sans réussite par ailleurs. Il faut bien instaurer le turn-over, il ne va pas faire la saison avec onze joueurs, mais peut-être opérer par petites touches aurait pu aider ses hommes à apprivoiser plus en douceur ses idées de jeu et son schéma.
"Des fois, l'entraîneur a l'air fou", répond Michel, qui a expliqué qu'il était parfois prisonnier de l'état de forme de certains joueurs qui "choisissent leurs matches".
. ... et le discours
Cette sortie sur ses joueurs a été la première entaille dans la façade souriante de Michel. L'homme avait notamment séduit le président Vincent Labrune pour sa communication plus légère que celle, glaciaire ("glacière" écriront les amateurs de bons mots), de San Marcelo.
Au cours de la semaine, il a manié la carotte et le bâton. Après avoir publiquement pris à partie son groupe, l'explication en milieu confiné n'ayant visiblement pas suffi, le coach marseillais l'a défendu au soir de l'inconcevable défaite contre le Slovan, pourtant dominé pendant 95 minutes.
"Puis-je reprocher quelque chose aux joueurs? Sincèrement non", a-t-il dit. Il a seulement regretté leur manque de précision, pas leur engagement.
Michel a même accédé au souhait de Rémy Cabella, bien décevant depuis son arrivée, en le plaçant en meneur de jeu derrière l'attaquant, jeudi, et non plus sur le côté gauche. Le résultat ne fut pas probant sur un match mais l'ex-Montpelliérain a touché beaucoup de ballons.
Contemplant les ruines post-Liberec, Michel insiste: "Je n'ai pas manifesté de pessimisme, je suis réaliste, mais perdre avec ce niveau de jeu est difficile à accepter". Perdre à Paris enfoncerait l'OM plus profondément encore.