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Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius a obtenu mardi une liberté sous caution, en attendant d'être fixé sur sa peine pour le meurtre de sa compagne en 2013, une condamnation qu'il entend contester devant la plus haute juridiction du pays.
Le 3 décembre, la Cour d'appel suprême a requalifié en "meurtre" le crime de Pistorius, condamné initialement pour "homicide involontaire".
En première instance, l'ancienne idole des stades, amputé des deux jambes, avait écopé de 5 ans de prison. Désormais, il encourt au moins 15 ans de réclusion pour le meurtre de Reeva Steenkamp, abattue de quatre balles chez lui dans la nuit du 13 au 14 février 2013.
Sa demande de libération sous caution a été acceptée mardi, le temps qu'il soit fixé sur sa nouvelle peine, dont la date n'a pas encore été rendue publique.
Face au juge mardi, l'ancien athlète âgé de 29 ans, en costume-cravate noir cintré et chemise blanche, a accueilli la décision debout, les mains croisées derrière le dos, le visage impassible.
"Dans la mesure où il s'est présenté devant le tribunal, il a prouvé qu'il n'y avait pas de risque qu'il s'échappe", a estimé le juge Aubrey Ledwaba à Pretoria.
La justice a fixé sa caution à 10.000 rands (690 dollars). L'ex-sprinter de 29 ans, abandonné par ses sponsors, est ruiné par la longue procédure judiciaire, selon son avocat Barry Roux.
Sa libération sous caution a été assortie de nombreuses conditions, dont l'assignation à résidence chez son oncle à Pretoria, avec autorisation de sortie entre 07h00 et midi dans un rayon de 20 kilomètres.
Il doit aussi remettre à la justice son passeport, et sera soumis à un contrôle électronique. Mardi après-midi, il s'est d'ailleurs présenté aux services pénitentiaires pour la pose d'un bracelet électronique.
Pistorius jouait gros mardi: si sa demande de libération sous caution avait été refusée, il serait retourné immédiatement en prison.
Après un an passé derrière les barreaux, il purge actuellement le reste de sa peine de 5 ans de prison chez son oncle, où il est assigné à résidence.
Les conditions de sa liberté sous caution accordée mardi sont d'ailleurs assez proches de celles de sa précédente assignation à résidence.
- 'Il tente le tout pour le tout' -
Autre épisode mardi dans cette affaire judiciaire aux multiples rebondissements, la défense a annoncé son intention de saisir la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction d'Afrique du Sud, après la condamnation pour meurtre de Pistorius.
"La Cour suprême d'appel a de façon incorrecte réexaminé les faits acceptés par la Haute Cour (en première instance) selon lesquels j'ai, de bonne foi, pensé que ma vie et celle de la victime étaient en danger quand j'ai tiré", a expliqué le sportif dans sa demande de mise en liberté sous caution, ajoutant que son "droit à un procès juste avait été enfreint".
Il a toujours plaidé la méprise: il dit avoir tiré sur la porte des toilettes fermée à clé, persuadé qu'un cambrioleur s'y était introduit.
En rendant son verdict, la Cour suprême d'appel avait dénoncé les erreurs "fondamentales" commises par la juge de première instance.
En tirant quatre balles de gros calibre à hauteur d'homme dans la porte d'un étroit cabinet de toilette, Pistorius ne pouvait pas ignorer qu'il risquait de tuer, selon la Cour suprême d'appel.
En saisissant la Cour constitutionnelle, il "tente le tout pour le tout", a estimé Martin Hood, avocat spécialisé dans les affaires criminelles. "Je ne pense pas qu'il ait la moindre chance de gagner devant la Cour constitutionnelle".
"Il s'agit d'une stratégie pour retarder" la procédure, a estimé pour sa part la famille Steenkamp, par la voix de son avocat Tania Koen.
Le juge Ledwaba a fixé la prochaine audience au 18 avril 2016, date à laquelle il pourrait savoir si la saisine de la Cour constitutionnelle a été acceptée ou non.
Le drame de la Saint-Valentin 2013 s'est produit alors que Pistorius, handicapé de naissance et surnommé "Blade Runner", en référence à ses prothèses de lames de carbone, était au sommet de sa gloire.
Aidé par un physique avantageux, il était devenu une icône du sport mondial à l'occasion des jeux Olympiques de Londres en 2012, où il s'était aligné avec les valides sur 400 mètres. Il avait atteint les demi-finales.