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Des enfants participent à un entraînement de football à l'académie Aspire de Doha, au Qatar, le 30 avril 2013
Ils sont médecins, entraîneurs, stratèges, spécialistes en tous genres. Venus du monde entier, ils ont été réunis au Qatar pour tenter de concrétiser les insatiables ambitions sportives de l'Emirat.
On connaît la boulimie de ce petit pays du Golfe, richissime en pétrole et en gaz, depuis qu'il a obtenu la Coupe du monde de football 2022 et les Mondiaux de handball 2015.
Mi-inquiète, mi-reconnaissante, l'Europe a aussi découvert sa présence dans le foot, sur le maillot du FC Barcelone de Lionel Messi ou comme propriétaire du Paris Saint-Germain d'Ibrahimovic.
On sait moins que l'Emirat s'offre, méthodiquement, des experts pour exister en termes de résultats. Avec un mélange de fierté de l'homme du désert et de très grande confiance.
"Nous avons des dirigeants qui n'acceptent jamais d'être numéro deux. A chaque fois qu'on me confie un projet, j'estime que si je ne peux être numéro un, je ne devrais pas exister", explique à l'AFP le Dr. Mohammed Alsayrafi, patron du laboratoire antidopage de Doha.
"L'humain n'a pas de prix"
L'établissement veut devenir la référence du Golfe et vise l'accréditation de l'Agence mondiale antidopage d'ici un an. Il s'est offert l'ex-patron du laboratoire d'Athènes, un Grec, pour diriger ses opérations.
"L'investissement dans les machines et le bâtiment dépasse les 150 millions de dollars. L'investissement humain, lui, n'a pas de prix", estime le Dr. Alsayrafi.
A quelques centaines de mètres trône Aspetar, une clinique pour sportifs de haut-niveau. On y vient des quatre coins du monde comme du Qatar, à l'image de Ferydoon Zandi, joueur du club d'Al-Ahly et international iranien.
"Beaucoup d'athlètes viennent de l'étranger pour se soigner parce qu'ils savent que les infrastructures et les physiothérapeutes sont bons", explique-t-il. "L'autre jour, Shaquille O'Neal était devant moi. Il voulait voir les installations."
Le PSG, Arsenal, Liverpool, Chelsea ainsi que l'équipe nationale algérienne y envoient leurs joueurs, assure pour sa part le Français Hakim Chalabi, directeur du Programme national de médecine sportive et ancien médecin du PSG et du club de rugby du Stade français.
"La culture de la gagne"
"C'est la silicon valley de la médecine du sport, clame-t-il. Quand on veut aller vers l'excellence, on doit essayer de retrouver les meilleurs un peu partout. La stratégie est définie ici. Ensuite il faut (...) les moyens humains. Et on va les chercher là où ils sont meilleurs, au Qatar ou ailleurs."
Un peu plus loin, on trouve l'immense académie Aspire, complexe d'entraînement dédié au foot et à dix sports individuels dans lesquels Doha espère glaner des médailles. Comme en saut en hauteur, où Mutaz Essa Barshim a décroché le bronze olympique à Londres (2,29 m) et la médaille d'argent aux Mondiaux l'été dernier (2,38 m).
L'Espagnol Ivan Bravo, ex-directeur de la stratégie au Real Madrid, veille sur leur destinée. "Je vois une vraie conviction de ce que le sport peut amener au pays. Je ne crois pas que la société soit habituée à ce que le sport soit à ce point ancré dans la culture comme en Europe. C'est le pari de ce pays", se réjouit-il.
Et pour y parvenir, les résultats sont indispensables: "Il faut aussi certaines de ces icônes que tout le monde recherche".
Pour beaucoup le pari est, plus qu'audacieux, irréaliste. Le Qatar est un pays de 2 millions d'habitants dont 300.000 nationaux. Et rares sont ceux qui voient dans ce maigre réservoir un espoir du sport mondial.
Mais l'émirat reste sourd aux critiques, qui se sont multipliées depuis l'obtention du Mondial-2022 et fustigent en vrac l'exploitation des ouvriers immigrés, la corruption, le climat inadapté, l'absence de ferveur populaire.
Ceux que les Qataris ont convaincus de travailler pour eux assurent à l'unisson que leurs conditions financières ne sont pas décisives, et que c'est bien le projet qui les a séduits.
La suite, c'est un pari. "Ce qu'ils sont en train de faire, c'est planter une graine dans le sol", résume l'Américain Barry White, ex-basketteur professionnel et international français, patron de la salle fitness d'Aspetar.
"Le travail que nous faisons est d'arroser cette graine tous les jours en espérant qu'elle va se développer et grandir sous la forme que nous souhaitons: cette culture sportive de la gagne".