Un bond de 30% des visites sur internet, une audience en hausse pour sa chaîne de télé et 33% de ventes en plus pour le quotidien en kiosques : L'Equipe a profité pleinement de l'Euro de football et veut se positionner comme "un groupe plurimédias", selon le directeur général du groupe, Cyril Linette.

Q: Dans quelle mesure les médias de L'Equipe profitent-ils de cet Euro tricolore et de leur quasi-monopole sur l'information sportive en France?

R: "Les chiffres sont au-delà de nos espérances, à hauteur de +33% pour le quotidien par rapport au début de l'Euro, +30% pour le site (10 millions de visites quotidiennes) et pour la télévision (1,2% d'audience en moyenne), sur l?ensemble de la compétition.

Les ventes du journal décollent très fortement dès lors qu'il y a une vraie actualité. Ce n'était plus forcément le cas sur les dernières compétitions. La chaîne de télévision, qui devrait assez vite s'appeler L'Equipe (actuellement "L'Equipe 21"), vient aussi s'inscrire comme un élément fort du dispositif alors qu'elle était un maillon faible ces dernières années.

C'est un moment-clé pour positionner L'Equipe comme un groupe plurimédias. L'Equipe doit pouvoir répondre à l'intérêt du fan: je suis chez moi ou dans le métro, que me propose L'Equipe?

Mais je ne vois pas de monopole. Tous les sites, toutes les émissions télé parlent de foot. Sur la partie quotidien sportif c'est vrai, mais aujourd'hui la consommation de sport va bien au-delà. On est les seuls sur l'ensemble de ces terrains, en web, en print, en télévision, avec une marque forte et une rédaction qui a l'info dans son ADN.

Q: Dans quelle mesure les résultats du groupe dépendent-ils du parcours de l'équipe de France?

R: Cette dépendance à l'égard de l'équipe de France, cet aspect cocardier de la discipline existe et je ne connais pas un média de sport qui puisse s'en affranchir. On souhaite toujours que l'équipe de France aille le plus loin possible mais ça ne se fait pas au détriment du devoir d'informer.

Durant l?Euro nous avons eu un traitement très proche de l'équipe nationale, avec 4 ou 5 journalistes le plus près possible en permanence. Mais ça ne demande pas d'être supporter. Vous aviez dans le quotidien 40 pages par jour consacrées à l'Euro, une dizaine pour l'équipe de France et une trentaine pour le reste, avec des portraits, des analyses, des histoires, des consultants étrangers.

Q: Comment avec-vous attiré les téléspectateurs sur L'Equipe 21, alors que vous ne disposiez pas des droits de retransmission des matchs (diffusés en crypté sur beIN et en clair sur TF1 et M6)?

R: "L'Equipe 21 a changé de stratégie et s'est positionnée comme une chaîne qui diffuse beaucoup plus d'évènements de sport. Avec pour résultat un doublement de son audience entre mai 2015 et 2016, à 1% en moyenne.

Mais pendant l'Euro, il n'était pas question de ne pas participer à la fête générale. Il y a des chaînes qui ont beaucoup de consultants, qui les alignent les uns à côté des autres, des chaînes qui ont des +people+. Notre positionnement est d'avoir des consultants, mais pas trop, avec des avis assez tranchés, comme (l'ex-international et entraîneur) Paul Le Guen, peu sensible à l'avis dominant. Et les confronter aux journalistes de notre rédaction".