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Alan Ruschel l'un des survivants du crash aérien de Chapecoense, lors d'un entraînement avec ses nouveaux coéquipiers le 20 janvier 2017 à Chapeco
"C'est le premier match de ma nouvelle vie": Rafael Henzel ne sera pas sur le terrain samedi, mais en tribune de presse, pour commenter un match amical de Chapecoense contre Palmeiras, le grand retour de l'équipe brésilienne meurtrie par le crash aérien qui a fait 71 morts fin novembre.
Le journaliste radio de 43 ans est l'un des six survivants de cette catastrophe, avec trois joueurs du club - Neto, Alan Ruschel et Jackson Follmann - ainsi que deux membres de l'équipage, les Boliviens Ximena Suarez et Erwin Tumiri.
Amputé d'une jambe, Follmann ne rejouera plus jamais au football, mais les deux autres ont déjà entamé la rééducation et espèrent évoluer à nouveau sous les couleurs de la "Chape" dès cette saison.
En attendant, ils jouent un rôle de trait d'union entre l'ancienne équipe, qui s'apprêtait à disputer la finale de la Copa Sudamericana avant que le rêve ne se brise sur une montagne de Colombie, et la nouvelle, montée de toutes pièces en un temps record.
Le défenseur Neto, seul titulaire de l'équipe parmi les survivants, a joué un rôle fondamental dans cette intégration. Le 6 janvier, il était déjà dans les vestiaires, marchant à l'aide de béquilles, pour accueillir les nouvelles recrues avant le premier entraînement de la saison.
- "Décharge d'énergie positive" -
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Le journaliste brésilien Rafael Henzel, l'un des survivants du crash aérien de Chapecoense, dans le stade du club le 20 janvier 2017 à Chapeco
"Quand j'ai rencontré Neto pour la première fois, ça a été l'un des moments les plus marquants de ma vie", raconte à l'AFP Rui Costa, le nouveau directeur sportif, transfuge de Gremio, le grand club du sud du Brésil, qui a pour mission de reconstruire l'équipe.
"Je suis quelqu'un de très rationnel, comme l'exige ma fonction, mais quand j'ai serré la main de ce gars, j'ai senti une décharge d'énergie positive inexplicable", s'émeut le dirigeant.
Tous les jours depuis bientôt deux semaines, Neto se rend religieusement au siège du club pour sa séance de rééducation et sa seule présence est une source de motivation pour les nouveaux joueurs qui préparent la saison.
"Sa récupération va au-delà des espérances. Il arrive déjà à pédaler, à faire quelques exercices", explique à l'AFP Guilherme Carli, le kiné du club.
Avant de préciser: "il a souffert d'une rupture du tendon rotulien et d'une lésion au niveau des lombaires. Nous allons suivre l'évolution de son genou, mais s'il ne doit pas être opéré, il pourra rejouer dans trois ou quatre mois".
Alan Ruschel, lui, a commencé sa récupération au sein d'un autre club, Juventude, dans l'État voisin de Rio Grande do Sul, mais est revenu à Chapeco vendredi pour tenir enfin compagnie à Neto, qui commençait à se sentir un peu seul.
"D'habitude, quand on est joueur, on a horreur de la rééducation. Moi, j'adore ça! Après tout ce que j'ai vécu, c'est un immense bonheur de travailler tous les jours pour essayer de rejouer le plus vite possible", se réjouit le latéral en conférence de presse.
- Des mots baignés de larmes -
"Le club a besoin de nous et nous avons besoin du club", résume ce joueur de 27 ans, qui rêve d'être sur pied en août, pour la Recopa, contre l'Atlético Nacional, le club colombien que Chapecoense aurait dû affronter en finale de la Copa Sudamericana.
Avec Neto et Follmann, il sera sur la pelouse de l'Arena Conda samedi, pour brandir le trophée de la Sudamericana avant le coup d'envoi.
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Neto, l'un des survivants du crash aérien de Chapecoense arrive au stade du club à Chapeco pour une séance de physiothérapie, le 19 janvier 2017
Rafael Henzel, lui, ne sera pas loin: il annoncera officiellement le nom des nouveaux joueurs. Le commentateur aura sûrement un peu le trac, mais il préfère relativiser.
"Depuis l'accident, j'ai appris à ne pas trop m'inquiéter en avance. Je sais que le moment donné, les mots viendront. Ils seront peut-être baignés de larmes, parce que ce n'est pas facile de retrouver son équipe de c?ur avec d'autres joueurs, mais c'est aussi un moment de bonheur", rappelle le journaliste.
Pour lui, Palmeiras est l'adversaire rêvé pour cette reprise. "C'était justement le dernier adversaire de cette équipe de guerriers (le 27 novembre, ndlr). Ils se sont battus pour nous et j'espère que les nouveaux joueurs vont comprendre tout ça et incarner cet esprit", conclut-il.