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Des clubs de football ou de basket dissous, des athlètes dans l'impossibilité de pratiquer leur discipline : l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014 a eu des conséquences dramatiques pour le sport de la région.
La plupart des fédérations sportives internationales suivent les règles des Nations Unies en matière de reconnaissance internationale. Conséquence, les clubs de Crimée doivent recevoir l'autorisation de leur fédération ukrainienne pour pouvoir jouer en Russie. Des autorisations presque impossibles à obtenir, dans un contexte de crise entre les deux pays.
Le Tavria Simféropol, club phare de la péninsule, qui avait remporté le premier championnat de football de l'Ukraine indépendante en 1992, a ainsi été purement et simplement dissous, tout comme l'autre grand club de football de Crimée, le FC Sébastopol.
TSK Simféropol, SKFC Sébastopol et Zhemchuzhina Yalta ont été créés en remplacement, officiellement enregistrés dans des villes russes proches de la péninsule annexée. Mais ils n'ont pu rejoindre que la troisième division russe.
"La Fédération russe de football ne peut pas organiser de matchs en Crimée sans l'accord de l'UEFA et de l'Ukraine", avait en effet rappelé en décembre le secrétaire général de l'UEFA, Gianni Infantino, ajoutant que la péninsule serait "considérée comme une zone spéciale jusqu'à nouvel ordre".
La Fédération internationale de basket-ball (Fiba) a pris la même décision. "La solution pourrait être une discussion conjointe entre les Fédérations ukrainienne et russe", a souligné Patrick Baumann, le secrétaire général de l'institution.
Les clubs de Crimée ont pour leur part décidé de se retirer du championnat ukrainien, une décision regrettée par le président de la Fédération ukrainienne de basket, Alexandre Volkov.
"C'est dommage qu'ils refusent de jouer dans les tournois ukrainiens", déclare-t-il à l'AFP. "Nous avions un très bon club à Sébastopol et le basket de Crimée a donné beaucoup de joueurs talentueux à l'Ukraine".
- Compensations financières -
La situation est presque pire pour les sportifs individuels, dont la carrière est au point mort tant que les fédérations des deux pays ne trouvent pas de terrain d'entente.
En athlétisme, un accord a cependant été trouvé. Selon le président de la Fédération ukrainienne d'athlétisme (UAF), huit athlètes de Crimée, parmi lesquels la championne d'Europe de lancer du javelot Vira Rebryk, pourront désormais porter les couleurs russes moyennant une compensation financière à Kiev, officiellement en raison du prix dépensé par l'Ukraine pour la formation de ces athlètes.
"Nous avons déjà prévenu l'IAAF que nous avions trouvé un compromis pour ces athlètes", souligne Igor Gotsoul, le président de l'UAF. La Russie pourrait ainsi avoir déboursé 130.000 euros pour récupérer Vira Rebryk.
La championne de planche à voile Olga Maslivets et son frère, Maxime Oberemko, ont eux aussi reçu l'autorisation de la Fédération internationale de voile de naviguer sous pavillon russe.
Mais "le problème n'est toujours pas réglé", a déclaré Olga Maslivets dans une récente interview. "L'Ukraine demande 100.000 euros de compensation, alors que nous n'avions reçu aucune subvention ces deux dernières années".
Plus récemment, le directeur de la Fédération internationale de tennis (ITF) Francesco Ricci Bitti a affirmé que les joueurs originaires de Crimée pouvaient "sans aucun problème" représenter la Russie en compétition.
"Le tennis est un sport individuel. Un joueur de Crimée est libre de représenter un pays pour lequel il détient un passeport", avait-il expliqué, déclenchant la colère du N.1 ukrainien, Sergiy Stakhovsky, qui avait réclamé des excuses.
Le boxeur Oleksandr Usik, lui, vit toujours à Simféropol, où il est né. Mais le champion olympique des lourds aux Jeux de Londres, en 2012, défend toujours les couleurs de l'Ukraine et affirme n'avoir jamais rencontré de problème.
"Simféropol est ma ville et j'ai bien l'intention d'y rester résident. Rien ne me fera jamais quitter ma terre", explique le boxeur, qui n'a pourtant pas l'intention de prendre la nationalité russe.