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Des membres de la tribu Umutina posent avant la visite du ministre des Sports brésilien Aldo Rebelo à l'occasion des 12e Jeux indigènes de Cuiaba, le 13 novembre 2013
Tronc d'arbre sur l'épaule, le visage crispé par l'effort, un guerrier surgit dans un nuage de poussière: à Cuiaba, l'une des villes hôtes du Mondial-2014 de football, les tribus indiennes du Brésil disputent "leurs" olympiades.
Dans la tribune, pas de "ola", de perruques fluo, de vuvuzelas ou d'hymnes nationaux. Teint cuivré, parures de plumes pour certains, les supporteurs encouragent leurs champions par des chants ancestraux au rythme des maracas.
Pipe à la main, Tawra et les membres de sa tribu des Kariri-Xoco dansent en cercle autour de Tawani, pour célébrer sa participation au tir à l'arc. "Rena, reia, reia raoi!!!", scandent-ils pour donner des forces à leur champion, plongé dans un état léthargique.
Course avec tronc
Des rituels de ce type se répètent lors des 12es Jeux des Peuples indigènes. Ils ont été déclarés ouverts avec un grand "feu sacré", à moins de 1.000 jours des JO-2016 de Rio de Janeiro.
Quelque 1.500 indigènes de 49 tribus brésiliennes et des représentants de 15 pays ont participé à ces olympiades indiennes qui s'achevaient samedi dans la capitale du Mato Grosso (centre-ouest).
Au programme, le traditionnel tir à l'arc, ou le jet de lance bien sûr.
Mais aussi des disciplines plus insolites, comme la "course avec tronc" où les relayeurs de chaque équipe se transmettent des cylindres de bois de plus de 100 kg!
"Nous voulons montrer que nous avons une réelle authenticité, une très grande diversité", explique Jaruco Tanao, qui a voyagé quatre jours en bateau et en bus depuis Acre (nord) pour participer à ces Jeux.
La plupart ont accompli de longs périples pour se rendre à Cuiaba, comme Zuri Duarte, 21 ans, de la tribu Harakmbut, qui représente le Pérou.
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Des enfants de la tribu Umutina jouent avec un arc avant la visite du ministre des Sports brésilien Aldo Rebelo à l'occasion des 12e Jeux indigènes de Cuiaba, le 13 novembre 2013
Pour beaucoup, membres de tribus éclatées sur d'immenses territoires et sans contact entre elles, c'est une occasion unique d'échanger avec d'autres cultures indigènes ancestrales.
Iguandili Lopez, du Panama, exécute la danse de son peuple, les Gunas, avec des Pataxo, reconnaissables à leurs corps peints en jaune. Keyuk Yanten, un Tewelche de Patagonie, chante avec des Mapuche du sud du Chili.
"Cela me fascine que les tribus brésiliennes maintiennent cette pureté", confie Iguandili.
Quelque 900.000 indigènes vivent aujourd'hui au Brésil. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 0,5% d'une population de 200 millions d'habitants.
Fils d'une "blanche" et d'un indien, Tawra explique que sa tribu est l'une de celles, encore nombreuses, qui luttent pour la reconnaissance de leurs territoires ancestraux, occupés par des agriculteurs.
"Je me sens surtout indien. Nous autres, nous apprenons de la nature elle-même, nous, nous vivons en elle", explique le jeune homme.
Un but = une flèche
Les amphitryons de ces Jeux, les indiens Pareci du Mato Grosso, pratiquent un dérivé du football, ou plutôt une sorte de "headball", puisqu'il ne se joue qu'avec la tête. Chaque point gagné --en évitant qu'une petite balle ne touche la poussière avant d'avoir été frappée d'une tête souvent plongeante --, permet de gagner une flèche appartenant à l'équipe rivale.
Cette discipline n'était pas encore officielle, mais en démonstration.
Tout comme le tir à la sarbacane, ou le Javari, un jeu consistant à esquiver des flèches en se protégeant le corps d'un tube.
Mais quand il s'agit de football, tous se lancent sur la pelouse avec la même passion que n'importe quel Brésilien.
Le gouvernement étudie une proposition pour organiser un Mondial de football indigène en mai 2014, à quelques semaines du Mondial officiel organisé par la Fifa.
L'équipe féminine de foot des Kariri Xoco l'emporte finalement aux tirs au but sur celle des Zuri. Mais le football n'est pas vraiment le fort des compétitrices qui éclatent de rire sans arrêt sur le terrain écrasé de chaleur.
Une gaieté générale à peine troublée par les sanglots stridents d'une petite fille, qui ne veut pas que sa mère entre en jeu.