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L'aventurier français Faysal Hanneche au pôle Nord, le 15 avril 2013
Ayant troqué la grisaille des banlieues pour la blancheur immaculée de l'Arctique et de l'Antarctique, l'aventurier français Faysal Hanneche vise une première mondiale en projetant de rallier le pôle Nord et le pôle Sud en solo et sans support au cours de la même année.
Pris en charge par les services sociaux lorsqu'il était enfant, issu d'un quartier défavorisé de Valence (sud-est), cet homme de 40 ans a déjà remporté une partie de son pari puisqu'il a rejoint le pôle Nord le 15 avril seul, en tirant deux traîneaux avec quelque 120 kilos d'équipement sur des centaines de kilomètres dans des températures tombant jusqu'à -42°C.
"J'ai avancé seul, sans traction (sans voile susceptible de l'aider, ndlr), j'ai tout tiré moi-même, en complète autonomie", a-t-il raconté lundi à l'AFP, une fois de retour à Oslo.
Partageant sa vie entre la Norvège et la France, Faysal Hanneche dit avoir été surpris par le mouvement constant de la banquise qui, sur le mode du "deux pas en avant, un pas en arrière", pouvait l'éloigner de 8 km de son but en une nuit, gommant la moitié de la distance parcourue le jour précédent.
"En fait, c'est un jeu d'échecs", a-t-il expliqué. "La banquise fait un mouvement et on s'adapte à ce mouvement. Au bout de deux semaines, on bouge avec elle. On ne regarde plus le soleil (qui ne se couche jamais à cette époque dans la région), c'est le mouvement de la banquise dont on doit tenir compte".
L'expédition l'a vu avaler environ 400 km aller-retour entre la base dérivante russe Barneo et le pôle géographique.
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L'aventurier français Faysal Hanneche lors de son expédition vers le pôle Nord, le 15 avril 2013
Elle a été jalonnée de frayeurs comme cette imposante barrière de glace qui l'a obligé à laisser le gros de son équipement pour parcourir les 17 derniers kilomètres le séparant de son objectif. Sans assurance de retrouver sa tente et ses traîneaux au retour.
"Je n'avais avec moi que mes skis, un téléphone satellite, de la nourriture pour 24 heures et mes drapeaux", celui de Valence et le drapeau tricolore qu'il a plantés à son point de destination, a-t-il dit. "Quand j'en ai parlé à des spécialistes des expéditions polaires, ils m'ont dit que ça revenait à aller au casse-pipe".
Pendant ses trois semaines sur la banquise, Faysal Hanneche a aussi dû composer avec d'immenses fractures de glace menaçant de l'entraîner, lui et ses lourds traîneaux, dans les fonds marins et qui l'ont obligé à de longs détours.
Pour assurer sa place dans les annales, l'aventurier compte maintenant gagner le pôle Sud, espérant quitter Le Cap le 6 novembre pour ensuite traverser --intégralement-- le continent glacial en 80 jours, une "balade" de 3.500 km.
"Les difficultés seront différentes (...) mais maintenant, je sais que je suis capable de tenir dans des conditions extrêmes", assure-t-il.
Au menu, un "froid sec" et donc plus déshydratant que dans l'Arctique et l'ascension d'un plateau à 2.400 mètres au-dessus du niveau de la mer, toujours avec ses deux traîneaux qui pèseront cette fois-ci 180 kg.
Ayant englouti ses économies dans son aventure vers le pôle Nord, il doit encore réunir les quelque 60.000 euros nécessaires au financement de la deuxième phase de son projet.
Le parcours inspire en tout cas d'ores et déjà le respect envers cet enfant des banlieues qui a échoué à son diplôme de chaudronnerie mais qui a pris le goût du ski dans le massif alpin du Vercors.
Ex-enseignant de sport et travailleur social, il dit vouloir utiliser ses expéditions "pour réduire le fossé qui existe entre les quartiers et les institutions comme la police".
L'aventurier originaire d'Algérie a ainsi noué des partenariats pour s'entraîner cet été en montagne avec des policiers d'élite et avec la municipalité de Valence pour parler de son expérience dans des écoles primaires de tous les milieux: "je n'ai pas voulu être simplement un Arabe qui parle aux Arabes".