Happy Birthday : |
© AFP/NICOLAS ASFOURI
Un compétiteur lors du festival d'arts martiaux à Zhengzhou (Chine), le 19 octobre 2016
Voyage tous frais payés depuis les Caraïbes pour un stage au temple de Shaolin, la "Mecque" des arts martiaux: Shannah Robin, un fondu de kung-fu, profite des milliards investis par la Chine pour étendre son influence culturelle dans le monde.
"Le but du jeu, c'est de diffuser les arts martiaux dans les pays en développement", explique le jeune Dominicain, venu participer à un festival d'arts martiaux dans la grande ville de Zhengzhou, à une petite centaine de kilomètres du temple de Shaolin (centre de la Chine).
Shannah Robin y suit un stage avec les célèbres moines bouddhistes adeptes du kung-fu, "mon rêve depuis l'âge de huit ans", confie-t-il à l'AFP.
Aubaine pour lui: la Chine a mis en place un "fonds d'investissement" de 6,4 milliards d'euros pour promouvoir le "wushu" (littéralement "art martial") dans le monde et organiser des tournois ou des événements comme celui de Zhengzhou.
Le wushu ne connaît pas en dehors de la Chine la popularité du karaté et du judo japonais ou encore du taekwondo coréen. Pékin a donc mis au point un plan quinquennal de 2016 à 2020 pour développer ce sport et "accroître la confiance nationale et l'influence culturelle" de la Chine à l'étranger.
Le document se fait fort d'obtenir l'inscription du wushu au rang des disciplines olympiques. "Le Parti (communiste) et le gouvernement attachent une grande importance à la promotion de notre Shaolin dans le monde entier", explique à l'AFP le directeur adjoint de l'administration sportive de Zhengzhou, Zhang Jiafu.
- Tout commence avec Bruce Lee -
© AFP/NICOLAS ASFOURI
Des compétiteurs s'affrontent, face à des juges, lors du festival d'arts martiaux de Zhengzhou (Chine), le 19 octobre 2016
Beaucoup d'amateurs étrangers rencontrés au festival confient avoir découvert la discipline par les films de kung-fu.
"Ceux de Bruce Lee, bien sûr", témoigne Masoud Jafari, un des quelque 70 concurrents iraniens qui ont raflé plusieurs médailles d'or à Zhengzhou.
M. Jafari, formé à Shaolin dès le début des années 1990, n'est pas peu fier de voir son pays devenir "numéro deux mondial après la Chine". Son histoire doit d'ailleurs être portée à l'écran à la faveur de la première coproduction sino-iranienne.
Le festival, qui dure quatre jours, s'ouvre par une énorme cérémonie à Shaolin, le temple vieux d'un millénaire et demi, où les moines, qui se vendaient jadis comme mercenaires, inventèrent leur technique de combat.
Bien alignés, des centaines de participants en T-shirt rouge, accomplissent leurs gestes à l'unisson. Des combattants à la peau recouverte de peinture dorée s'entraînent devant les spectateurs.
Venus des cinq continents, les athlètes âgés de six à 60 ans se lancent dans d'impressionnantes acrobaties, équipés parfois de glaives ou de bâtons.
- Un spectacle plus qu'un combat -
"Il y a de nombreuses manières de pratiquer le wushu", observe le sportif panaméen Deems Yee, reconnaissant que la discipline, codifiée dans les années 1950 par le régime chinois, n'a plus grand chose à voir avec ses origines guerrières.
© AFP/NICOLAS ASFOURI
Un jeune compétiteur au festival d'arts martiaux de Zhengzhou (Chine), le 19 octobre 2016
"C'est davantage devenu un spectacle qu'un art de combat comme le taekwondo ou la boxe", déplore-t-il.
"Le but ultime du wushu, c'est quand même le combat", rappelle Lei Zhongshan, un sexagénaire chinois qui regrette aussi que beaucoup d'éléments traditionnels soient absents du spectacle présenté à Shaolin.
Une variante du wushu inventée dans les années 1980, le sanda, a conservé certains gestes de combat, mais l'essentiel évoque plutôt un numéro d'acrobatie.
"Les gestes qui ne sont pas trop à la mode ou peu séduisants ont été supprimés", explique Gong Maofu, expert en arts martiaux à l'Université des sports de Chengdu (sud-ouest).