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© AFP/KHALED DESOUKI
L'ambassade qatarie au Caire, le 6 juin 2017
Le Qatar, aujourd'hui mis au ban par l'Arabie Saoudite et plusieurs de ses alliés pour un soutien supposé au terrorisme, est devenu en l'espace de quelques années un acteur incontournable dans le monde du sport, via une diplomatie sportive omniprésente.
Coupe du monde de foot en 2022, Championnats du monde de handball en 2015, de cyclisme en 2016, d'athlétisme en 2019 et de natation en 2023: en l'espace d'une décennie, le Qatar aura accueilli les principaux événements de la planète sport.
A l'automne 2013, le secrétaire général du Comité olympique du Qatar (QOC), cheikh Saoud bin Abdulrahman Al Thani paradait devant le congrès de la presse sportive internationale. Il fixait un objectif ambitieux: 50 compétitions internationales en 2030, soit "une pour chaque semaine de l'année", justifiant ainsi le slogan "Qatar, the bidding nation" ("Le Qatar, la nation candidate").
. Le football, vitrine privilégiée
Le football, sport roi par excellence, reste la vitrine privilégiée par le Qatar. L'organisation du Mondial-2022, le plus grand événement sportif planétaire, doit représenter l'apothéose pour le pays.
Après sa désignation controversée comme pays hôte en décembre 2010 (le vote fait l'objet de soupçons de corruption, et les conditions de travail pour la construction des stades sont régulièrement pointées du doigt), le Qatar a réussi le tour de force d'imposer à la Fifa, organisateur de l'événement, une modification de son traditionnel calendrier.
Habituellement disputée en juin et juillet, la Fifa s'est résolue à déplacer sa compétition phare aux mois de novembre et décembre 2022, pour un déroulement dans des conditions climatiques plus favorables.
Mais l'expansionnisme diplomatique du Qatar en matière sportive ne s'arrête pas à l'organisation d'événements en tous genre (on peut rajouter à la très longue liste un tournoi de tennis ATP en début de chaque saison, ou un tour cycliste, toutefois annulé cette année).
Riche de son pétrole et de son gaz, le Qatar a investi dans le Paris SG dès l'été 2011, et a acquis les droits télévisés pour le Championnat de France de football, via la chaine de télévision beIN Sport, filliale française d'Al-Jazeera Sport.
"Si le Qatar n'avait pas investi dans les droits TV, il n'y aurait plus de Ligue 1", allait même jusqu'à affirmer l'ancien président de la Ligue de football professionnelle (LFP), Frédéric Thiriez.
. Les Jeux en ligne de mire
Il ne manque que les jeux Olympiques, mais là aussi Doha avance selon une "stratégie d'occupation du terrain", selon les dires d'un président d'une fédération internationale.
Pour les JO-2016 et 2020, la principale ville du riche émirat gazier du Golfe était "ville requérante", mais sa candidature avait été retoquée par le Comité international olympique (CIO), avant même le vote.
Ce ne sont pas les critiques de certains membres du CIO sur le climat, ou la légitimité d'une nation de 2,4 millions d'habitants (dont 90% d'étrangers) à organiser l'événement sportif planétaire majuscule, qui vont perturber le Qatar
Le QOC réfléchit à une candidature pour 2028. Ou plutôt 2032, si le CIO décide de s'orienter vers une double attribution des JO-2024 et 2028 entre Paris et Los Angeles.
Partenaire fidèle et fiable, Doha était pressenti pour pallier un éventuel désistement de Lima comme ville-hôte de la session du CIO en septembre quelques mois après avoir accueilli une réunion cruciale de l'ACNO, l'association des comités olympiques nationaux, et la présentation des dossiers de candidature pour l'organisation de JO-2024.
Une stratégie du soft power que le Qatar pourrait mettre à profit pour sortir de son isolement diplomatique.