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Entraînement de pencak silat à Jakarta, le 2 octobre 2016
Ils combattent avec des machettes ou avec des poignards courbés comme des griffes de félins, ou encore à mains nues: le pencak silat, un art martial indonésien ancien, est en quête de reconnaissance mondiale, essaimant d'Asie du Sud-Est jusqu'en France.
En Indonésie, le pencak silat, qui signifie "aptitude à combattre avec des mouvements appropriés", est étroitement associé à la culture et l'histoire de l'archipel. Des opposants au colonialisme néerlandais le siècle dernier s'en étaient servi pour combattre les troupes coloniales et libérer le pays, devenu indépendant en 1945.
Pratiqué et enseigné depuis des siècles en Indonésie et dans d'autres pays de la région, le pencak silat n'a cependant pas la même envergure internationale que d'autres arts martiaux asiatiques, tel le karaté ou le taekwondo. Et c'est justement ce que le gouvernement indonésien veut changer.
Art martial aux fins diverses -- d'auto-défense, de danse, de théâtre et même thérapeutiques -- le pencak silat sera ainsi représenté pour la première fois aux Jeux Asiatiques organisés en Indonésie en 2018.
A terme, l'objectif des autorités indonésiennes est de faire de cet art martial un sport olympique et de le faire reconnaître par l'Unesco comme patrimoine immatériel.
"Il y a tout dans le pencak silat: le sport, l'art, le côté spirituel. C'est ce qui le rend unique et particulier quand on le compare aux arts martiaux d'autres pays", explique Erizal Chaniago, secrétaire général de l'Association indonésienne de pencak silat.
- Des amateurs en France -
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Démonstration de pencak silat à Jakarta, le 2 octobre 2016
Au-delà de l'Asie, le pencak silat est pratiqué en France par plusieurs centaines d'amateurs, "entre 200 et 400", estime Gabriel Facal, qui a créé une association dans le sud de la France.
"Au niveau technique, c'est très riche, on a aussi bien des influences d'arts martiaux chinois, un arrière-plan hindo-bouddhiste, des pratiques de purification qui peuvent être liées à l'islam", religion majoritaire en Indonésie, a déclaré le Français à l'AFP à Jakarta.
Cet anthropologue passionné de pencak silat, qui vient régulièrement en Indonésie, a écrit livre sur le sujet: "La foi et la force. L'art martial silat de Banten en Indonésie". L'ouvrage a été traduit en indonésien et publié en octobre.
Pencak silat est un art martial indonésien qui se décline en quelque 800 variations, selon les régions et les environnements. Mais dans tous les cas, il reste davantage orienté sur la défense que sur l'attaque.
Dans certaines formes de combat, tout le corps participe aux mouvements et aux prises. Dans d'autres, les sportifs combattent avec des armes, ou alors ils font des mouvements s'apparentant à de la danse.
Dans les régions côtières de l'archipel, la technique des mains prime, tandis qu'en montagne, ce sont plutôt les pieds.
La "griffe de tigre" est l'une des formes les plus connues et elle est pratiquée sur l'île de Sumatra (ouest), où les sportifs sont accroupis par terre quand ils affrontent leurs adversaires.
- Pouvoirs surnaturels -
Sur l'île de Java (sud), le "Kanuragan" est lié à des croyances mystiques qui donneraient à ses pratiquants des pouvoirs surnaturels leur permettant de se protéger même contre des attaques armées.
Dans un club de pencak silat à Jakarta, un adolescent de 12 ans reste immobile pendant que l'entraîneur casse des briques posées sur sa tête, puis contre son estomac: il s'entraîne au "pencak silat basic energy", un style qui combine des mouvements traditionnels avec des techniques de respiration devant aider le corps à résister à de violentes attaques.
"Cela me donne de la confiance, je me sens capable de tout", confie un participant à cet entraînement, Indra Surya Pringga, 28 ans, qui dit avoir ainsi regagné de la force et récupéré après une grave infection pulmonaire.
"Nous apprenons à nos élèves comment tomber, de manière à ce qu'ils sachent comment rebondir dans la vie", explique l'entraîneur Rudi Trianto.
Pour Jakarta, l'objectif est double en matière de pencak silat, souligne un porte-parole du ministère des Sports, Gatot Dewa Broto: "Participer aux jeux Olympiques et faire reconnaître (cet art martial) comme une partie de l'héritage national indonésien par l'Unesco".