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© AFP/ARIF ALI
Des soldats pakistanais devant le Gaddafi Cricket Stadium de Lahore, le 28 février 2017
Le Pakistan retient son souffle avant la tenue dimanche du plus important match de cricket sur son sol depuis une attaque sanglante contre une équipe étrangère en 2009, qui sera accompagné d'un dispositif de sécurité "sans précédent".
Bus blindés et déploiement militaire sont prévus pour la finale de la Pakistan Super League (PSL) de cricket, un sport immensément populaire dans le pays, mais cela n'a pas empêché la défection d'une série de joueurs vedettes étrangers.
Cette finale se joue pour la première fois à Lahore (est), en dépit de la série d'attentats qui a secoué le Pakistan en février, faisant quelque 130 morts.
Une décision très symbolique pour les autorités pakistanaises. Depuis l'attaque par un commando armé contre l'équipe de cricket du Sri Lanka devant le stade Kadhafi à Lahore en 2009, tous les matches importants se déroulaient hors du pays, et les joueurs étrangers évitaient le Pakistan, en proie à une vague de violence d'inspiration islamiste.
Mais la nette amélioration de la situation sécuritaire depuis 2014, ainsi que le grand succès rencontré par la PSL lors de sa création l'an dernier, ont convaincu le gouvernement que le moment était venu de renverser la vapeur.
"Un succès de la PSL ouvrira la porte à un retour des équipes au Pakistan", a jugé le président de la fédération nationale de cricket (PCB), Shaharyar Khan. Tous les précédents matches de la PSL se sont joués aux Emirats Arabes Unis.
Les billets pour la finale, qui opposera Les Gladiators de Quetta au Zalmi de Peshawar Kadhafi, se sont arrachés. Des personnalités de premier plan, dont le président pakistanais Mamnoon Hussain, sont annoncées.
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Un fan de cricket pakistanais montre ses billets pour la finale de la Pakistan Super League (PSL), qui aura lieu le 05 mars à Lahore.
L'armée, appuyée par la police provinciale du Pendjab et des unités paramilitaires, a mis en place un plan de sécurité "sans précédent", prévoyant des milliers d'hommes et des bus blindés, ont indiqué des responsables.
L'ambiance reste néanmoins tendue à Lahore. Nombre d'habitants craignent que la tenue du match ne soit perçue comme une provocation par les insurgés islamistes et ne les mette encore plus en danger. La polémique fait rage avec ceux qui estiment à l'inverse que le Pakistan ne doit pas céder face aux extrémistes.
Elle est d'autant plus vive que le pays vient juste de traverser une vague d'attentats dont l'un a tué une quinzaine de personnes en plein coeur de Lahore le 13 février.
Le malaise est palpable également parmi les joueurs étrangers des équipes en lice, qui ont annoncé l'un après l'autre leur défection.
"J'ai une jeune famille (...) Un match de cricket ne vaut simplement pas un tel risque", a tweeté le Britannique Luke Wright, qui jouait pour les Gladiators. Plusieurs de ses coéquipiers, Kevin Pietersen, Rilee Rossouw, Tymal Mills et Nathan McCullum, l'ont imité.
- 'Prions que rien n'arrive' -
Des fans de cricket, occupés à faire la queue pour des billets vendredi, ont admis être préoccupés par la sécurité mais pas au point de ressentir de la "nervosité".
Le match "est un signe du renouveau du cricket international dans notre pays. Cela montre aussi que les Pakistanais haïssent le terrorisme et veulent la paix", a lancé l'un d'eux, Uzair Ahmad.
Mais l'ex-star du cricket pakistanais devenu leader de l'opposition, Imran Khan, n'est pas du même avis.
"Prions pour que rien n'arrive, sinon on peut dire adieu au cricket international au Pakistan pour la décennie à venir", a-t-il écrit sur Twitter.
Le journaliste Nazar Ul Islam s'interroge pour sa part sur les priorités des autorités au sujet des spectateurs: "N'est-il pas de leur responsabilité de faire en sorte que la sécurité soit là chaque jour ?".
Pour l'éditorialiste Fasi Zaka, jouer la finale à Lahore ne suffit pas si la perception au bout du compte est que "7.000 policiers sont nécessaires pour protéger 25.000 spectateurs".
Encore faut-il "convaincre les joueurs et fédérations internationales allergiques au risque, et ils réagissent à la situation sécuritaire générale", estime-t-il.
Mais il admet que pour un "pays démoralisé par la récente vague surprise d'attentats, chaque parcelle de normalité compte".