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Thomas Bach, le nouveau président du Comité international olympique, le 10 septembre 2013 à Buenos Aires
Le Comité international olympique (CIO) a choisi mardi l'Allemand Thomas Bach comme nouveau patron, avec lequel il va entrer dans une nouvelle ère après douze ans de présidence Jacques Rogge.
A 59 ans, le président du Comité olympique allemand accède ainsi pour un premier mandat de huit ans à la fonction suprême du mouvement sportif, qu'il convoitait en coulisses depuis des années.
Sans surprise, les membres du CIO ont confié au champion olympique de fleuret par équipe aux Jeux de Montréal en 1976, les clés de la maison aux cinq anneaux, fondée il y a 119 ans par le baron Pierre de Coubertin, et ce sans nuance. Malgré six candidats en lice, le conclave olympique n'a eu besoin que de deux tours de scrutin pour faire apparaître la fumée blanche.
Une heure plus tard, sous l'hymne olympique, Jacques Rogge, tout sourire, venait décacheter l'enveloppe recelant le nom de son successeur.
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Thomas Bach, le nouveau président du CIO (g) salue le président sortant Jacques Rogge, après son élection le 10 septembre 2013 à Buenos Aires
"Je veux diriger selon mon mot d'ordre +L'unité dans la diversité+. Je veux être le président pour tous", a déclaré Thomas Bach, après avoir dit "merci" dans près d'une dizaine de langues. "Le CIO est un grand orchestre universel, alors jouons ensemble en harmonie pour l'avenir radieux du mouvement olympique sous la conduite du CIO", a-t-il lancé.
Avant de tirer sa révérence, Jacques Rogge s'est dit "fier" de lui laisser une institution solide. "Nous avons la chance d'avoir un nouveau président extrêmement compétent. Lui aussi a une passion brûlante pour notre mouvement. Il remplira sa mission grandement. Je le lui souhaite", a-t-il ajouté.
Thomas Bach peut mesurer sa popularité au sein de l'instance. Sur plus de 90 votants, il a obtenu une majorité suffisante de 49 voix au second tour, tandis que le banquier portoricain Richard Carrion, le M. Finances du CIO, en totalisait 29. Les quatre autres prétendants, le Singapourien Ng Ser Miang, le Suisse Denis Oswald, l'Ukrainien Sergueï Bubka, et le Taïwanais Ching-Kuo Wu - le premier mis hors jeu -, ont ramassé les miettes.
Si le CIO demeure encore sous la baguette d'un Européen, c'est en revanche la première fois que son chef d'orchestre a déjà goûté aux grands honneurs de l'or olympique même si ce n'est pas dans une discipline de premier plan.
Avec l'avocat d'affaires, qui était jusqu'à mardi vice-président du CIO, ce ne sera pas la révolution mais un changement de philosophie sous les anneaux olympiques. Contrairement à Jacques Rogge, l'ancien skippeur belge qui avait pris la barre d'une institution au bord de l'explosion après le scandale de corruption de Salt Lake City, des lendemains bien plus tranquilles attendent Thomas Bach.
L'avocat d'affaires hérite d'une institution redorée, tant sur le plan de la crédibilité que dans le domaine financier, dont il maîtrise quasiment chaque recoin pour y frayer depuis plus de vingt ans. Avec un trésor de 900 millions de dollars en caisse, l'entreprise olympique est bien à l'abri de la crise, et pourrait faire face sans menacer sa survie à une annulation des Jeux Olympiques.
"Je connais les grandes responsabilités qu'a un président du CIO et j'en suis heureux", a ajouté le nouvel homme fort du mouvement sportif. Avant de s'adresser à son prédécesseur: "Cher Jacques, je tiens à vous dire merci. Vous laissez un bel héritage et de solides fondations. J'espère que nous continuerons avec vous à bâtir ensemble l'avenir du CIO."
Mais si Jacques Rogge part sous les éloges de ses pairs louant son solide bilan et surtout sa grande intégrité, Thomas Bach a déjà essuyé quelques critiques avant même son arrivée. En le soupçonnant de profiter de ses fonctions pour favoriser ses propres affaires, Denis Oswald a dit au micro de la radio suisse romande ce que certains murmurent tout bas.
"Le nouveau président a remarqué qu'il y avait des choses qui ne passaient pas, je lui fais confiance pour tenir compte qu'il y a eu quelques problèmes, je ne suis pas le seul à avoir fait des remarques", a estimé le président de la Fédération internationale d'aviron, à l'AFP.
Mardi, en félicitant l'Allemand pour sa victoire devant le conclave, le Suisse a rappelé que Jacques Rogge, Thomas Bach et lui-même avaient fait leur entrée au CIO en même temps en 1991. "Je suis sûr que cette coopération pourra durer, a-t-il déclaré. J'ai appris beaucoup, malgré mon âge." Le regard noir que lui a décoché le nouveau président en retour ne pouvait être plus explicite.