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Avec Jérôme Garcès au sifflet d'une demi-finale de Coupe du monde samedi, l'arbitrage français a gagné ses lettres de noblesse après des années dans l'ombre, récompense d'un travail de fond d'organisation, recrutement et formation.
"C'est une réussite exceptionnelle. Surtout si on se souvient qu'on n'a jamais été très bien traité..." Pour Didier Mené, patron des arbitres français, le choc Nouvelle-Zélande - Afrique du Sud de samedi à Twickenham aura un petit goût de revanche.
Sûrement aura-t-il un oeil sur les étoiles du sport ovale des deux côtés, mais d'abord visera-t-il entre les deux lignes de front, où se tiendra Jérôme Garcès, âgé de 41 ans. Déjà retenu pour officier lors d'Irlande - Argentine dimanche dernier, le Béarnais était devenu le troisième Français à se hisser en quart de finale dans l'histoire de la compétition.
"Ce sera la première fois qu'un Français arbitrera en demi-finales de Coupe du monde. Et cette année est un grand cru car nous n'avions jamais eu autant de Français à la Coupe du monde", ajoute Didier Mené, en référence à Garcès, mais aussi Romain Poite, Mathieu Raynal et Pascal Gaüzère. Avec ses quatre professionnels retenus dans un panel de 12, la France est en effet la nation la mieux représentée, alors que le patron des arbitre à World Rugby est un Français, Joël Jutge.
Ce succès est le fruit d'une politique menée depuis quelques années maintenant par la Commission centrale des arbitres (CCA) de la Fédération française (FFR), destinée à promouvoir une fonction en pleine mutation.
Avec quelque 3000 arbitres, la France dispose d'un réservoir profond et "de plus en plus de jeunes sont motivés par l'arbitrage", se félicite Didier Mené.
"Il y a la charte de l'arbitrage qui oblige les clubs à former des arbitres, en fonction de leur niveau et de leur nombre de licenciés", précise Maxime Chalon, 36 ans, arbitre de Top 14 depuis un an maintenant.
"On va chercher à la source les jeunes pour les tourner vers l'arbitrage. J'encourage justement ceux qui n'ont pas forcément le profil pour devenir joueur professionnel à se retourner vers nous, car il y a vraiment des opportunités de carrière en ce moment".
- 'Un peu comme le Code de la route' -Alors qu'ont débuté mercredi et pour une semaine les journées de l'arbitrage, destinées à susciter de nouvelles vocations, l'idée est de montrer que la fonction s'inscrit au-delà de l'image "du gros arbitre moustachu en maillot noir", dixit Maxime Chalon.
"On s'entraîne aussi dur que les joueurs, on a des séances vidéo à la pelle, on a des séances de préparation mentale, des cours de communication", détaille cet ancien demi de mêlée professionnel.
Ainsi, les 100 meilleurs arbitres français disposent désormais d'un coach personnel qui travaille avec chacun sur les évaluations faites après les rencontres. Les 35 arbitres de Top 14 (15) et Pro D2 (20) ont, eux, un préparateur mental à disposition, Christian Ramos, qui a travaillé cet été avec le XV de France.
Avant d'arriver au plus haut niveau, il y a certes des obstacles à franchir, dont trois examens successifs. "On les passe en bouquinant, c'est un peu comme le Code de la route, il faut connaître cela sur le bout des doigts à la virgule près", résume Maxime Chalon.
Mais le processus peut aussi être rapide: Chalon est arrivé au plus haut niveau en six ans. Et la fonction ne cesse de se rajeunir, à l'image d'Alexandre Ruiz qui à 28 ans est désormais bien installé en Top 14.
"On voit des profils opérationnels dès 24-25 ans, avec une dizaine d'années d'expérience sur le terrain déjà, ce qui était inimaginable il y a 20 ans", relève Didier Mené.
Dans le même temps, le processus de professionnalisation est enclenché. Quatre sont arbitres à plein temps en France, cinq autres comme Chalon sont semi-professionnels.
"L'arbitrage me sert dans la vie de tous les jours, pour manager un groupe, agir sous pression, arriver à se détacher des choses", vante ainsi l'ancien N.9, soucieux de faire apprécier les charmes de la règle. "Le rugby est riche, complexe, mais c'est ce qui en fait toute la beauté. Eh bien, c'est pareil dans l'arbitrage."