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© AFP/PATRICK HERTZOG
Finale du 100 m nage libre aux Championnats de France, le 26 mai 2017 à Schiltigheim
Ils ne seront que neuf à représenter la France aux Mondiaux-2017 (23-30 juillet) à Budapest : la natation tricolore, décimée par les départs en série de ses piliers après les JO-2016, a exposé ses faiblesses aux Championnats de France achevés dimanche à Schiltigheim.
. Une délégation restreinte
Neuf nageurs qualifiés (sans compter Aurélie Muller qui se consacrera à l'eau libre), aucun relais: c'est une délégation taille XS qui s'envolera dans deux mois vers Budapest. Du jamais vu depuis les Mondiaux-2001 à Fukuoka (Japon), où les Bleus n'étaient que cinq.
Il y a deux ans, ils étaient vingt-neuf à avoir obtenu leur billet pour les Mondiaux-2015 à Kazan (Russie). Pour une moisson de six médailles, dont quatre titres, et un rang de cinquième nation mondiale.
A Schiltigheim cette semaine, Camille Lacourt et Jérémy Stravius, derniers représentants de la génération dorée, ont répondu présent sur 50 m dos malgré des préparations inhabituelles : le premier a déjà entamé sa reconversion, le second s'est fracturé un poignet fin 2016.
Ceux qu'on attend pour reprendre les rênes de l'équipe de France ont eux connu des fortunes diverses. Charlotte Bonnet, qualifiée sur 100 m et 200 m nage libre, et Mehdy Metella (100 m nage libre et papillon), ont tenu leur rang. Mais Jordan Pothain, Clément Mignon et Damien Joly ont déçu et ne seront pas du voyage à Budapest.
Cas emblématique du déclin brutal de la natation française: l'absence en Hongrie du relais 4x100 m nage libre messieurs, monté sur tous les podiums internationaux en grand bassin depuis 2007 et vice-champion olympique en titre, mais orphelin de Florent Manaudou et Fabien Gilot notamment.
"Il n'y a jamais eu autant de départs de cadres" que l'année dernière, souligne le directeur technique national par intérim, Laurent Guivarc'h. "C'est une phase de creux, il nous manque des locomotives."
"Les nageurs, on ne va pas les inventer. On va partir avec des nageurs pas nombreux, mais compétitifs", estime le DTN, qui avait prévenu d'entrée de jeu: toute opération repêchage est exclue.
. Une exigence à réancrer
Un tournant que Bonnet, chef de file de la natation féminine à 22 ans, voit d'un bon oeil.
"Des temps (de sélection) plus serrés et pas de repêchage, il fallait ça pour qu'on se dise que rentrer en équipe de France, ce n'est pas permis à tout le monde. C'était un peu ce qui manquait ces dernières années", explique la Niçoise. "En 2014 (aux Championnats d'Europe à Berlin), on était 40 (même 43 qualifiés, ndlr), ça ne pouvait pas durer, ce n'était pas du tout productif."
"Je me souviens qu'en 2011, quand je m'étais qualifiée (pour la première fois), j'avais pleuré de joie, j'avais ce sentiment d'appartenir à quelque chose d'unique", se remémore-t-elle.
Un état des lieux partagé par le nouveau président de la Fédération française de natation (FFN), Gilles Sezionale, qui succède à près d'un quart de siècle de règne de Francis Luyce.
"On a vécu une olympiade où on a laissé se désagréger l'esprit des qualifications", estime-t-il.
"On était sur notre petit nuage, la natation française a connu des moments historiques, mais la construction d'Athènes, Pékin et Londres, ça s'est fait avec une prise de conscience il y a une quinzaine d'années, avec des critères de sélection drastiques", rappelle-t-il.
. Un dialogue à recréer
"Il y a de sacrées fractures. Profondes", reconnaît Guivarc'h.
Dans les mois qui ont précédé les JO-2016 puis à Rio, incompréhensions et tensions sont montées en puissance, de l'affaire de la sélection élargie à celle du relais 4x200 m messieurs, se cristallisant en particulier autour de l'influence attribuée à Marseille, incarnée par le précédent DTN, Jacques Favre, et Romain Barnier, alors entraîneur en chef des Bleus.
"Je ne sais pas si on a donné les clés du camion à Marseille pendant quatre ans, un certain nombre de clubs ont eu les clés progressivement. Maintenant, le camion, on va le conduire ensemble", analyse Guivarc'h, qui répète à l'envie qu'il n'est rattaché à aucun club.
"Notre souhait, c'est de réhabituer les gens, les entraîneurs à travailler ensemble", insiste Sezionale.
Il leur reste trois ans pour faire en sorte d'exister aux Jeux de Tokyo.