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© AFP/Franck Fife
Des supporteurs du PSG lors des violences au Trocadéro à Paris le 13 mai 2013
Certains avaient des "rancoeurs" contre le PSG: le procès de neuf supporteurs soupçonnés de violences aggravées lors de la fête du champion de France le 13 mai a révélé la frustration de jeunes privés de matches, traînant souvent un lourd passif judiciaire.
Passé judiciaire chargé pour sept d'entre eux, interdictions de stade pour certains, "rancoeurs" envers la politique de sécurité du PSG : les neuf prévenus âgés de 19 à 34 ans ont nié ou minimisé leur participation aux violences et jets de projectiles sur des policiers et agents de sécurité au Trocadéro tout en revendiquant pour la plupart des liens avec des groupes ultras ou la tribune d'Auteuil. Un seul n'a pas ce profil selon un commissaire de police qui a témoigné à l'audience.
A l'issue des comparutions immédiates le tribunal a prononcé dans la nuit de mercredi à jeudi quatre relaxes, trois peines de 4 mois ferme et deux de 6 et 8 mois avec mandat de dépôt. Les peines sont inférieures aux réquisitions du procureur de la République Nicolas Le Bris qui a réclamé 4 à 12 mois de prison ferme et, pour tous les prévenus, le mandat de dépôt.
Les personnes condamnées devront payer solidairement 500 euros de dommages et intérêts à 3 agents de sécurité parties civiles
"C'était historique, on voulait fêter le titre", a expliqué au tribunal Marc-Youssef, un ex-ultra, condamné 17 fois, notamment pour violences avec armes, et qui nie avoir lancé une barrière.
Comme lui, Grégoire, 20 ans, a été reconnu sur les images des violences par son sweat. Cet ancien membre des Microbes, affilié au groupe des Supras et jamais condamné, ne se souvient pas de tout - "c'est confus" - mais il avoue qu'il avait "des rancoeurs sur le fait qu'il (le PSG) ait viré les ultras".
© AFP/Franck Fife
Policiers et supporters du PSG se font face, le 13 mai 2013 au Trocadéro à Paris
"Nous nous sommes déplacés pour gâcher la fête, nous visions les chefs de la sécurité du PSG", a affirmé lors de son audition Antoine, étudiant en droit de 19 ans sans casier judiciaire, qui se verrait bien avocat.
Vient le tour de Wissam, 34 ans, interdit de stade dans le passé pour des actes racistes et des jets de projectiles et déjà condamné. Jugé pour avoir donné un coup de poing à un agent de sécurité, il nie tout, assure s'être rangé depuis qu'il a deux enfants. Commercial pour une grande marque de produits infantiles, il était "venu pour faire la fête avec son club", même s'il "ne cautionne pas sa politique actuelle".
Provocation
"Quand bien même les supporteurs seraient venus avec des intentions revendicatrices, le dossier ne tient pas!", a plaidé l'un des avocats Me Jeffrey Schinazi. En cause, selon lui : les incertitudes liées aux identifications des prévenus sur des images dont "l'exploitation partiale" par la police fait planer "un risque d'aléa, d'amalgame et d'erreur".
Les supporteurs domiciliés en banlieue parisienne ont été interpellés mardi après avoir été identifiés, en première ligne du podium des festivités au Trocadéro, sur des images et des vidéos prises par des journalistes et les policiers du service transversal d'agglomération des événements.
Le montage vidéo de la police projeté à l'audience montre des personnes - certaines cagoulées ou masquées - lançant des fumigènes et des projectiles - barrières, disque de meuleuse, parpaing, bouteilles - sur des policiers et les stewards chargés d'assurer la sécurité du podium. Un agent de sécurité avait notamment reçu un mortier à la jambe.
Selon l'enquête, une centaine de personnes a fendu la foule, se précipitant vers les abords du podium d'où une banderole à la gloire du "Virage d'Auteuil" a été déployée sur les barrières de sécurité.
La réaction des stadiers, s'y opposant, aurait été ressentie comme une provocation par les "ultras", qui auraient alors donné le coup d'envoi des violences.
Des pétards, des bombes lacrymogènes et des autocollants hostiles à la police ont été retrouvés chez certains prévenus.
Des abonnés ont été chassés de la tribune d'Auteuil en 2010 avec le plan "Leproux", politique de sécurisation du Parc des Princes mise en place après le décès en mars 2010 d'un homme à l'issue d'affrontements entre supporteurs en dehors du stade.