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© AFP/Franck Fife
Des supporteurs du PSG célèbrent la victoire en championnat de leur équipe, à Paris, le 13 mai 2013
Affrontements entre ultras et CRS, autocar pillé au pied de la tour Eiffel, voitures et vitrines vandalisées: de violents incidents ont gâché lundi les cérémonies au Trocadéro pour le troisième titre de champion de France du Paris SG, provoquant une polémique sur le dispositif de sécurité mis en place.
Devant l'ampleur des incidents qui ont débordé sur les Champs-Elysées, le club et son parraineur Nike ont annulé "pour des raisons de sécurité" la mini-croisière que devaient faire les joueurs sur la Seine pour exhiber leur trophée aux supporteurs, selon une porte-parole de l'équipementier.
"Il n'y aura plus de manifestation festive sur la voie publique pour le PSG", a déclaré ensuite le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, dressant un bilan de 30 blessés, dont trois membres des forces de l'ordre et 21 interpellations pour jets de projectiles et dégradations.
Jusqu'à 23h00, la police a procédé à des interpellations, en général de personnes masquées, sur les Champs-Elysées, où des débordements avaient déjà éclaté la nuit précédente après la victoire du PSG à Lyon (1-0) synonyme de titre. Ils avaient déjà entraîné 21 interpellations, trois gardes à vue et 16 blessés parmi les forces de l'ordre, selon une source policière.
Perfusion devant le Fouquet's
Sur la célèbre avenue méconnaissable entre le verre brisé jonchant le sol, les fumigènes, les explosions de pétards et les crissements de pneus, de nombreux commerces et restaurants ont fermé prématurément, à l'image du Fouquet's, devant lequel la Croix-Rouge posait une perfusion à une personne blessée.
"Il n'y a pas de détresse vitale, c'est une personne blessée dans une bagarre", a indiqué à l'AFP un médecin de la Croix-Rouge, déclarant que son organisation avait pris "une cinquantaine de personnes en charge", aucune en danger vital, "entre le Trocadéro et les Champs-Elysées".
Le calme était revenu un peu plus tôt sur la place de Trocadéro, rouverte à la circulation vers 21h00, même si en contrebas, des supporteurs continuaient alors à faire face aux forces de l'ordre sur le pont menant à la Tour Eiffel, où certains ont même pillé un autobus de touristes, selon des images de télévision.
© AFP/
Fiche, palmarès et équipe type du club
"C'est la faute aux ultras, on n'a pas eu le droit à notre fête à cause d'eux", ont déclaré des supporteurs en quittant le Trocadéro, où de 10.000 à 15.000 personnes avaient pris place au plus fort du rassemblement, selon la préfecture de Police.
Des journalistes de l'AFP ont vu du mobilier urbain vandalisé, trois cafés aux vitrines brisées, un abribus cassé et plusieurs voitures endommagées aux abords de la place du Trocadéro, investie par de nombreux véhicules de secours d'urgence.
Après la remise du trophée, plusieurs centaines de supporteurs, répartis en différents groupes, ont lancé des barrières de sécurité ou du verre pilé sur des CRS qui ont répliqué en jetant des grenades assourdissantes, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Les premiers incidents avaient éclaté vers 18h20 avec des jets de fumigènes sur les stewards du club, puis des supporteurs avaient escaladé un échafaudage installé le long du palais de Chaillot, retardant les festivités.
Peu après, pendant que les joueurs en costume recevaient leur trophée en quatrième vitesse, les perturbateurs ont déployé une banderole "Liberté pour les ultras", en référence à la politique de sécurisation du Parc des Princes mise en place il y a trois ans par le précédent président du PSG Robin Leproux (2009-2011), en réaction à de nombreux débordements.
© AFP/Guillaume Baptiste
Un supporteur du PSG parade dans les rues parisiennes, le 13 mai 2013
Les joueurs ne sont finalement restés que cinq minutes sur le podium, sans s'adresser à la foule qui a également envahi la tribune réservée à la presse, avant de regagner le Parc des Princes où ils ont passé la soirée.
Polémique politique
"Les supporteurs étaient bien plus nombreux que prévu, on a dû s'adapter en faisant appel à des bénévoles", a déclaré à BFM TV un responsable de la Croix-Rouge sur place.
Des membres d'une société de sécurité ont aussi confié à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que leurs effectifs n'étaient pas du tout suffisants pour ce type d'événement.
"On aurait pu prévoir l'ampleur de l'évènement mais cela a été sous-estimé", a aussi jugé Fabien Vanhemeryck, secrétaire national d'Alliance, le second syndicat des gardiens de la paix.
Le préfet de police a contesté cette version, en précisant qu'il y avait un total de 800 policiers mobilisés.
Il a également assuré que le choix du Trocadéro "avec en fond de tableau la Tour Eiffel qui est le symbole du club", plutôt que le Parc des Princes, avait été fait par la Ligue de football professionnel (LFP) et le PSG, qui avait déjà choisi ce site emblématique pour présenter sa recrue galactique Zlatan Ibrahimovic l'an dernier.
L'UMP, elle, a dénoncé la responsabilité du gouvernement et notamment "l'inertie inadmissible de Manuel Valls", le ministre de l'Intérieur, par la voix de son secrétaire général adjoint Geoffroy Didier.
Claude Goasguen, député-maire UMP du XVIe arrondissement, où se trouve le Trocadero, a même appelé Manuel Valls à "assumer" sa responsabilité et à démissionner.
"C'est dommage qu'il y ait eu une poignée de perturbateurs, les débordements ont été contenus, la fête n'a pas été gâchée", avait en revanche estimé le maire de Paris, Bertrand Delanoë, juste après avoir remis le trophée de champion avec le président de la LFP, Frédéric Thiriez, et celui du PSG, Nasser al-Khelaïfi.
Le directeur sportif brésilien du PSG Leonardo, hospitalisé "pour un petit problème de tension" dans la nuit de dimanche à lundi selon son président, était en revanche absent pour cette fête qui a tourné au fiasco.