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© AFP/Said Khatib
L'athlète palestinien de Gaza, Khamis Zaqout, entouré de sa famille, le 10 août 2012 lors d'une cérémonie à Gaza.
Multi-médaillé dans des compétitions arabes et internationales, Khamis Zaqout, athlète palestinien de Gaza, espère ramener de l'or aux jeux Paralympiques qui débutent mercredi à Londres, malgré ses difficultés quotidiennes pour s'entraîner.
Agé de 47 ans, ce père de neuf enfants du camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, s'est qualifié pour trois épreuves de lancer en fauteuil roulant: poids, disque et javelot.
Travailleur du bâtiment, il a été victime en 1992 d'un grave accident sur un chantier en Israël, dont il est ressorti partiellement paralysé.
Dans un centre de rééducation à Ramallah (Cisjordanie), il lui a fallu plusieurs années pour à apprendre à vivre avec son handicap.
C'est là qu'il a appris à jouer au basket et à nager. "J'étais très bon en basket, si bien que l'on m'a nommé capitaine de l'équipe" handisport palestinienne, raconte-t-il fièrement.
Mais très vite, il s'est orienté vers l'athlétisme.
Après deux décennies d'entraînement, au cours desquelles il a pris part à de multiples tournois internationaux, Khamis Zaqout a réalisé son rêve en mars en décrochant un sésame olympique lors de sélections organisées à Dubaï.
"J'ai établi un nouveau record du monde au lancer du poids, à 11,40 mètres", explique-t-il. Le Gaziote au solide gabarit ambitionne de renouveler cet exploit à Londres.
Les Palestiniens n'ont jamais remporté de médaille aux jeux Olympiques, mais ils en ont gagné deux de bronze et une d'argent aux jeux Paralympiques, dont deux au lancer de poids.
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L'athlète palestinien Mohammed Fannouna, mal-voyant, lors d'une cérémonie à Gaza City, le 10 août 2012.
Cette année, Khamis Zaqout sera accompagné par un autre athlète palestinien Mohammed Fannouna, 32 ans, mal-voyant, qui concourra à la longueur, épreuve dans laquelle il avait décroché une médaille de bronze à Athènes avec un saut à 6,59 mètres.
Cette année, il tentera également sa chance au sprint sur 100 et 200 mètres ainsi qu'au javelot.
La réussite des deux hommes est d'autant plus méritoire que les sportifs de Gaza font face à des défis quotidiens pour s'entraîner, faute d'équipements dans une enclave soumise à un blocus israélien depuis 2006.
"Nous n'avons pas les droits fondamentaux de tout athlète", déplore Khamis Zaqout, auquel les autorités israéliennes ont interdit de se rendre à Jérusalem et à Ramallah pour participer à une cérémonie festive organisée par le Royaume-Uni en vue des jeux Paralympiques.
"Nous n'avons pas d'équipements sportifs adéquats, pas assez de terrains d'entraînement ou même de fauteuils roulants", rappelle-t-il. "Normalement, chaque athlète devrait disposer d'au moins dix javelots. Nous, nous n'en avons que quatre pour six lanceurs à l'entraînement. Et nous n'avons que cinq disques quand il en faudrait au moins vingt".
Avant de rallier Londres jeudi, les Palestiniens ont cependant pu s'entraîner dix jours au Qatar. "Je sais que ce n'est pas suffisant. Nous aurions eu besoin de deux mois au moins", estime Khamis Zaqout.
Mais pour lui, l'essentiel est de "montrer au monde que des Palestiniens handicapés n'ont besoin de personne".
"Les Palestiniens peuvent tout faire, malgré les difficultés de l'occupation et du blocus israéliens, et c'est d'ailleurs ce que nous prouvons grâce à notre participation aux jeux Paralympiques", conclut-il, en incarnation du "sumoud" (persévérance), ce mot arabe que les Palestiniens se sont appropriés.