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A 27 ans, après un grave accident en Indonésie en juin, le surfeur réunionnais Jérémy Florès a retrouvé la "passion" pour ce qui "était devenu un job", et à Hossegor dans les Landes, pour l'étape française du Championnat du monde, il espère briller devant son public.
Q: Pourquoi l'étape d'Hossegor, où vous vivez une partie de l'année, ne vous a-t-elle jamais trop réussi ?
R: "Le Pro France est une épreuve qui me tient particulièrement à coeur, devant mon public qui m'encourage, j'espère toujours briller. J'ai la chair de poule quand je pars à l'eau ici et, en même temps, je me mets la pression tellement je veux bien faire. C'est une épreuve où il faut constamment s'adapter avec les courants et les bancs de sable qui bougent très vite... Mon seul avantage est de dormir dans mon lit !"
Q: Comment expliquer votre retour en forme cette année après avoir failli être éliminé du circuit l'an passé ?
R: "J'ai atteint un stade où je n'ai plus grand chose à prouver, à part à moi-même. Je sais que je peux battre les meilleurs. Plus jeune, j'étais +foufou+, je suis dans un état d'esprit différent, mes entraînements sont plus adaptés à mon gabarit, j'ai une meilleure alimentation, une vie plus saine. Je ne cherche plus à impressionner les autres, mais seulement moi-même, c'est toute la différence. Surfer était devenu un +job+, c'est redevenu une passion".
Q: Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre accident en Indonésie en juin (commotion cérébrale et 35 points de suture au visage après une chute sur le corail en surfant)?
R: "C'était un mal pour un bien. J'ai énormément flippé, je ne suis pas passé loin. Au final, j'ai pris presque deux mois avec ma famille, ma soeur a eu un bébé, j'ai pu en profiter, alors que d'habitude je n'ai jamais le temps pour tout ça. Et arrivé à Tahiti, j'étais très bien dans ma tête".
Q: Cinq ans après avoir gagné Pipeline (à Hawaï/USA), remporter cette année Teahupoo (à Tahiti) en battant la star américaine Kelly Slater et l'Australien Joel Parkinson est une forme de consécration ?
R: "Si on m'avait dit quelles épreuves de rêve j'allais gagner... Déjà Pipeline je n'y croyais pas, Tahiti difficile de rêver mieux, n'importe quel surfeur dira la même chose. Je rêve maintenant de gagner un jour ici. Je mets toutes les chances de mon côté. A moi de gérer la pression le jour J et de prendre cette épreuve comme n'importe laquelle".
Q: Vous financez la surfeuse réunionnaise Johanne Defay depuis son accession au World Tour en 2014, elle est aujourd'hui 6e mondiale.
R: "Oui, elle travaille très dur, c'est la seule Française sur le Tour. Ce qu'elle fait est énorme, c'est une guerrière. Je ne sais pas ce que les parraineurs attendent pour la suivre. Je crois en elle, ça la booste mentalement. Et plus on croit en elle, plus elle fera de belles choses".
Q: N'est-il pas dommage que le surf, s'il devient olympique aux Jeux de Tokyo en 2020, soit organisé dans des piscines à vagues ?
R: "Le surf doit être respecté comme n'importe quel autre sport, il a pris une ampleur énorme dans le monde entier. Mais on ne peut pas importer l'océan partout et les piscines à vagues évoluent beaucoup. Je m'y suis déjà éclaté, ça ne change pas grand chose sauf que c'est très carré car la vague casse toujours de la même manière. Il faut encore plus travailler les combinaisons de manoeuvres. Faire le spectacle dans ces piscines est vraiment très excitant. Et ça peut ouvrir des portes à beaucoup de jeunes dans des grandes villes, car on n'a pas tous la chance, comme moi, d'être né les pieds dans le sable".