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N'en déplaise aux pessimistes qui annonçaient le pire jusqu'à une semaine du début des jeux Olympiques, le Brésil a globalement fourni ce qu'il avait promis.
Mais entre stades à moitié vides, transports désastreux et sécurité aléatoire, les XXVIIIe JO de l'ère moderne ne resteront pas comme une grande édition. Tour d'horizon.
. Les stades
Les enceintes brésiliennes ont offert deux spectacles distincts et antagonistes. Si des Brésiliens étaient en piste, pour l'honneur ou pour une médaille, la foule leur a témoigné un soutien sans faille avec ferveur et couleurs. Quitte à siffler, huer, intimider leurs adversaires au-delà de ce à quoi certains sports, comme l'athlétisme, sont habitués.
Mais sinon, ils ont souvent déserté les Jeux. La légende Usain Bolt elle-même a parfois couru devant un stade olympique à moitié vide, dans des ambiances de meeting de seconde zone. Trop cher ? Trop compliqué d'accès ? Ou absence d'intérêt pour le sport au profit du seul chauvinisme ? Le bilan est, en tout cas, très en-deçà des affluences de Londres ou de Pékin. Et il est d'ores et déjà établi que les ventes pour les Paralympiques (7-18 septembre) seront catastrophiques.
. La flamme
La flamme a connu mille aventures avant les Jeux. Un des jaguars exhibés sur son parcours à Manaus, fin juin, s'est échappé et a dû être abattu. Plusieurs personnes ont essayé sans succès de l'éteindre, la plupart pour dénoncer les dépenses publiques afférentes. Pendant la compétition, un autre symbole un peu gênant a frappé: la vasque olympique, qui trône en principe dans le stade d'athlétisme, a été installée sur une promenade située près du port, en centre-ville. Les Brésiliens ont apprécié, mais il manquait quelque chose dans l'enceinte olympique.
. La finition
Difficile, à Rio, de ne pas ressentir une légère sensation d'inachevé. Le Parc olympique semblait toujours en travaux, avec de grands grillages non décorés et des installations très provisoires. Pas d'anneaux olympiques, pas de flamme non plus donc. Le Stade olympique était lui-même très éloigné du Parc, une organisation qui n'a pas plu au patron de l'athlétisme mondial (IAAF). "Le stade n'est probablement pas celui qui aura été le plus simple à rejoindre", a noté diplomatiquement Sebastian Coe, grand patron des Jeux de Londres en 2012.
Mais rien n'aura été pire que le site de Deodoro où se déroulaient notamment l'équitation, le rugby à VII, le canoé slalom ou le VTT. Pas de commerces ou si peu, un site très excentré desservi par des navettes trop rares. Et une zone militaire entravée par des check-points. Sur l'avenue principale, un tank montait la garde avec un soldat armé d'un calibre respectable. Pas franchement convivial. Et cela n'a pas empêché une balle perdue de percer le barnum qui abritait une salle de presse. Si médaille il y a eu, en l'occurrence, ce fut celle du bricolage.
. Les transports
Le gros point noir. Navettes insuffisantes, distances énormes, embouteillages monstres, chauffeurs mal formés. Des athlètes se sont perdus en se rendant sur leur site de compétition, des navettes prévues ne sont jamais arrivées. Les quelque 25.000 journalistes ont parfois frôlé la crise de nerfs après avoir passé une heure à attendre le bus la nuit, ou perdu une journée pour un aller-retour à une conférence de presse en ville.
. La sécurité
L'autre point noir. La sécurité n'est pas le fort de Rio de Janeiro, dont un tiers de la population vit dans les favelas. Les Cariocas vivent cela au quotidien, mais les visiteurs étrangers l'ont moins bien vécu. Les vols à main armée et vols tout court, notamment de matériels coûteux, ont été nombreux. Sans compter ce bus de journalistes caillassé à proximité d'une favela.
. La version brésilienne
Plus positive évidemment. "J'admets qu'au début (...) il y avait de grandes inquiétudes quant aux thèmes fondamentaux des JO, comme la sécurité, l'organisation, la tranquillité institutionnelle", a déclaré le président par intérim Michel Temer jeudi. "Et ce à quoi on assiste depuis l'ouverture des JO, ce spectacle merveilleux que nous avons tous vu, c'est une tranquillité absolue à Rio de Janeiro."
Le ministère du Tourisme a publié un sondage (échantillon de 4150 personnes, 3-16 août). Résultats dignes d'une élection en Corée du Nord, puisque 98,7% des Brésiliens et 83,1% des étrangers ont indiqué que leur voyage à Rio avait satisfait voire surpassé leurs attentes. "C'est la preuve que nous accueillons des Jeux mémorables", a claironné le ministre du Tourisme Alberto Alves. Les aéroports ont été salués par 94,6% des touristes étrangers. La sécurité obtient 88,4% d'opinions favorables, les transports publics 86,6% avec des taux à peine plus bas pour les Brésiliens. Satisfaction aussi pour la qualité des stades. Les autorités concèdent simplement que seulement 50% des Brésiliens et 42% des étrangers ont trouvé les prix acceptables.