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© AFP/CHRISTOPHE SIMON
Mal accordés : l'ailier du XV de France Virimi Vakatawa et son demi de mêlée Baptiste Serin, le 18 mars 2017 au Stade de France lors du match du Tournoi des six nations contre le pays de Galles
Deux institutions en opposition frontale, une fusion surprise aussitôt abandonnée après une grève des joueurs, des scandales privés, un club qui change quatre fois d'entraîneur en un an... Le rugby français vit une saison folle et son image s'en trouve largement écornée.
"Je ne sais plus quoi dire, c'est tellement gros. Je ne sais pas où l'on va. Je m e demande si ce n'est pas pire que le foot. Je ne sais pas si on n'a pas grandi trop vite, sans mettre de pare-feux", soupire, dépité, Pierre Berbizier, ancien sélectionneur national (1991-1995) et entraîneur du Racing (2007-2012), interrogé par l'AFP.
Depuis l'automne, le rugby français n'en finit plus de faire parler de lui pour des affaires extra-sportives. Une série inédite depuis le virage vers le professionalisme entamé en 1995.
© AFP/DAMIEN MEYER
Dan Carter, l'une des vedettes mondiales du rugby, le 17 juin 2016 au Roazhon Park de Rennes lors de la victoire du Racing 92 en demi-finale de Top 14 face à Clermont
Le Racing 92 est en première ligne, d'abord touché par l'affaire des corticoïdes - ses joueurs ont été définitivement mis hors de cause lundi par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) -, celle de l'higénamine - Brice Dulin et Yannick Nyanga doivent également être blanchis - ou l'affaire Goosen - le meilleur joueur du dernier Top 14 est retourné en Afrique du Sud en violation de son contrat - en l'espace de trois mois.
- Cocaïne -
Sont venus s'ajouter à cela le contrôle d'alcoolémie positif de la star Dan Carter (16 février) et l'arrestation d'un autre légendaire Néo-Zélandais, Ali Williams, pour achat de cocaïne (25 février).
Ce dernier sera entendu le 12 avril par la Commission de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR), avec l'Australien de Toulon James O'Connor, interpellé en même temps que lui.
© AFP/Vincent LEFAI, Laurence SAUBADU
Top 14 : abandon du projet de fusion
Le 13 mars, c'est tout le rugby français qui s'est retrouvé dans la tourmente. Ce jour-là, les présidents du Stade Français et du Racing 92 annonçaient à la surprise générale vouloir fusionner leurs deux clubs, en dépit d'une rivalité historique et sans s'être au préalable concertés avec leurs effectifs.
Depuis, la fièvre n'est pas retombée: si la fusion a été abandonnée au bout de six petits jours, la Fédération française (FFR) et la LNR continuent de s'écharper sur plusieurs dossiers souvent liés.
Une étape supplémentaire a été franchie lundi avec le recours déposé par la LNR devant le Conseil d'Etat afin de débloquer le report des matches des deux clubs franciliens, initialement décidé à cause de l'émoi créé par la fusion.
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Mike Ford, entraîneur toulonais le 8 janvier 2017 à Clermont et viré le 4 avril 2017 après la défaite en Coupe d'Europe dans le même stade
Et mardi, le RC Toulon a annoncé le débarquement de Mike Ford, remplacé par Richard Cockerill, son troisième entraîneur en un an depuis le départ de Bernard Laporte et avant l'arrivée de Fabien Galthié cet été...
- 'A feu et à sang' -
Un point commun dans toutes ces affaires? "On perd ce côté humain. Le rugby, qui se définissait par certaines valeurs humaines, n'est qu'une valeur économique", tranche Berbizier, ancien demi de mêlée du XV de France (56 sélections entre 1981 et 1991).
"Notre petit monde est à feu et à sang", déplore-t-il. "On est dans une période difficile. On aurait besoin que les institutions remettent de l'ordre".
Problème: elles sont loin de donner un exemple de concorde et de sérénité. Depuis l'élection de Bernard Laporte le 3 décembre à la tête de la FFR face au président sortant Pierre Camou - autre séisme -, les deux instances ont entamé un bras de fer dans lequel chaque décision de l'une peut entraîner l'opposition de l'autre.
"À force de jouer à celui qui a la plus longue, c'est le rugby qui morfle. Triste pour notre sport", s'est désolé le dirigeant clermontois Jean-Marc Lhermet sur Twitter fin mars.
D'où viendra la lumière? Peut-être d'un petit club sur la côte atlantique qui a - jusqu'ici - échappé à la bourrasque et caracole en tête du championnat.
"Heureusement que des projets comme La Rochelle nous rappellent la réalité du rugby et que, quelque part, dans ce moment de confusion réapparaissent ceux qui restent dans un cadre maîtrisé", espère Berbizier.