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© AFP/LIONEL BONAVENTURE
Des spectateurs en tribunes lors d'un match contre l'homophobie et les discriminations opposant le Paris Foot Gay à une équipe composée de personnalités, le 14 novembre 2009 au stade Charlety à Paris
Les dirigeants historiques de l'ancien Paris-Foot Gay, dissous il y a plus d'un an, relancent leur combat contre l'homophobie autour et sur les terrains de sport sous forme d'un collectif de lanceurs d'alerte baptisé "Rouge Direct", comme le carton qu'ils infligent aux autorités.
C'est parce que rien ne changeait --de campagnes institutionnelles contre l'homophobie qualifiées d'"indigentes", aux "chants +anti pédés+ entendus dans les stades"-- que Julien Pontes et Pascal Brethes, les deux co-fondateurs de l'association et du club de foot éponymes, avaient, par lassitude, jeté l'éponge en octobre 2015.
C'est parce que rien ne change qu'ils ont, revigorés, repris le combat aujourd'hui sous une autre forme.
"Quand on a arrêté en 2015, après l'affaire Valbuena --conspué et traité de "pédé" lors de son retour au Vélodrome de Marseille sous les couleurs de l'OL-- et après l'agression homophobe à l'encontre de la nageuse Mélanie Hénique, on savait qu'on allait repartir. On était en veille. Ca aurait été différent si des gens avaient efficacement pris le relais", explique Julien Pontes.
La tuerie homophobe d'Orlando (49 morts), le 12 juin dernier, deux jours après l'ouverture de l'Euro, et l'assourdissant silence de l'UEFA qui avait refusé un hommage officiel et collectif dans les stades français, ont relancé la machine militante.
"Une pétition a été signée par des dizaines de milliers de personnes!! Et l'UEFA n'a pas bougé", s'indigne encore Julien Pontes.
Impunité dans les stades
Tout ou presque, en France, existe pour punir les délits d'homophobie aussi sévèrement que sont sanctionnés les actes racistes. La loi les rend passibles de 22.500 ? d?amende et de six mois de prison et les autorités publiques et sportives ont matière à sanctionner.
D'ailleurs deux rapports vieux de moins de cinq ans --l'un commandé par le ministère des sports--, celui du sociologue Anthony Mette et de l'inspecteur jeunesse et sports Patrick Karam, préconisent des sanctions disciplinaires lourdes allant jusqu'au retrait de points et aux matches à huis clos, comme pour les jets de fumigène.
Pourtant, aucune sanction n'a été prise par la Ligue après les chants homophobes entendus au Parc des Princes le 11 décembre dernier ("Les Niçois, c?est des pédés, c?est des pédés") ou ceux des Marseillais le 8 janvier incitant à "tuer ces pédés de Toulousains".
Les "veilleurs" de feu le Paris Foot Gay sont donc sorti du silence en créant Rouge Direct, collectif de lanceurs d'alertes beaucoup plus souple et réactif que l'ancienne structure associative sponsorisée par Agnès B. ou Philippe Starck.
"On ne veut et peut plus dépenser des sommes à fonds perdus pour des actions en justice que peuvent et doivent intenter les pouvoirs publics", reprend Julien Pontes.
"Rouge Direct" se contente donc de transmettre, avec moult publicité, les relevés des injures et agressions homophobes constatées autour des stades aux ministres et autorités sportives...qui pour l'instant n'ont pas réagi.
En espérant qu'un jour, en France, hôte des Gay Games en 2018, un chef d'Etat pourra soutenir et s'afficher au côté d'un footballeur homosexuel comme Barack Obama l'avait fait aux Etats-Unis en 2015, après le coming out de l'international Robbie Rogers.