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© AFP/FRANCOIS XAVIER MARIT
Jackson Richardson (d), alors capitaine de l'équipe de France, après la victoire des Bleus face à la Suède en finale du Mondial, le 4 février 2001 à Paris
Remporter le titre mondial à domicile en 2001, "c'était un moment impressionnant" se souvient l'ex-star de l'équipe de France Jackson Richardson, qui a rasé ses dreadlocks et s'est reconverti à 47 ans comme entraîneur et consultant télé.
Le détenteur du record de sélections (417) sous le maillot tricolore met en garde les Bleus sur les pièges à éviter pour réussir le Mondial-2017 qui débute mercredi à Paris.
QUESTION: Vous avez conquis deux titres mondiaux dont un en France. Est-ce le meilleur souvenir de votre carrière?
REPONSE: "Bien sûr. Gagner à la maison, entendre 15.000 personnes chanter la Marseillaise à Bercy et soulever la Coupe devant eux, c'était un moment impressionnant. Cela reste un meilleur souvenir encore que notre premier titre en 1995 en Islande (NDLR: le premier trophée mondial de la France en sport collectif) où nous étions loin de chez nous et pas attendus à ce niveau. Il y avait moins d'engouement."
Q: Quel regard portez-vous sur la longévité de Thierry Omeyer et Daniel Narcisse, les deux derniers rescapés de cette épopée?
R:"Je suis fier et en admiration devant eux. Ce sont toujours des compétiteurs et des pièces maîtresses de l'équipe de France. Cette capacité à continuer, c'est tout à leur honneur. En 2001, ils étaient des joueurs de complément et ont grandi pour prendre de la maturité. Cette compétition leur a sans doute servi de déclic."
Q: Qu'est-ce qui différencie l'équipe actuelle de celle de 2001?
R: "A l'époque, nous n'avions pas autant de joueurs aussi talentueux à tous les postes. Depuis 2006, on a la chance de disposer d'une génération phénoménale avec quatre ou cinq joueurs au-dessus du lot. Aujourd'hui, il y a davantage de continuité dans la performance, alors qu'en 2001 on avait des jours avec et des jours sans."
Q: Quel était votre état d'esprit avant le début de la compétition?
R: "On restait sur une contre-performance aux JO (6e à Sydney) et personne ne nous attendait à ce niveau. Cela nous avait permis de jouer avec beaucoup de légèreté, sans pression. Les salles étaient pleines et au fil des matches on a pris confiance. A l'époque, c'était la Suède, l'équipe à battre. Mais on a réussi à bousculer la hiérarchie en finale. Après 2002 et son dernier titre européen, la Suède a connu un gros vide alors qu'elle a longtemps dominé. Je pense que la France s'est inspirée de cet exemple pour durer."
Q: Quels sont les pièges à éviter pour réussir un mondial comme pays hôte?
R: "Il ne faut pas se laisser piéger par ce qu'il y a autour: le public, les sollicitations, les attentes, etc. Il faut au contraire retourner cela en sa faveur. L'enjeu c'est de rester concentré sur ses objectifs, ne pas jouer avec des hésitations et rester soudés collectivement. Il faudra également que les jeunes, les nouveaux, jouent libérés parce que sans leur apport ce sera compliqué. On l'a constaté lors des Jeux de Rio: les joueurs-clés n'ont pas été suffisamment épaulés et ont terminé la compétition sur les genoux. En dehors des piliers, aucun autre joueur n'a été capable de faire la différence. Cela a manqué. L'équipe de France a souvent réussi lorsqu'un inconnu s'est révélé. C'était le cas de Luc Abalo lors de l'Euro-2006, de William Accambray lors des JO-2012 ou encore de Valentin Porte et Luka Karabatic lors de l'Euro-2014."
Q: Cela vous tenterait de rejoindre un jour l'encadrement de l'équipe de France?
R: "Ce serait mentir de vous répondre non. J'ai d'abord été joueur de club et j'ai eu l'ambition d'intégrer l'équipe de France. En tant que jeune entraîneur, cela reste un rêve de retrouver cette équipe."
Propos recueillis par Ludovic LUPPINO