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"Je suis en train de partir": Claude Onesta, patron de l'équipe de France de handball depuis près de quinze ans, prépare sa sortie, en transmettant en douceur le témoin à l'impénétrable Didier Dinart, son adjoint, dont le rôle s'est étoffé à l'Euro polonais.
Aucune date n'a été officiellement arrêtée, mais, à bientôt 59 ans (le 6 février), le Tarnais a laissé entendre que l'histoire pourrait prendre fin lors du prochain Mondial, organisé en janvier 2017 sur le sol français.
Le bouleversement sera à la hauteur du palmarès du sélectionneur le plus titré de l'histoire du hand: deux titres olympiques (2008, 2012), trois couronnes mondiales (2009, 2011, 2015) et autant de trophées européens (2006, 2010, 2014), voire peut-être un quatrième si les "Experts" vont au bout du voyage à Cracovie.
Pour que la culture de la gagne se perpétue, l'intéressé a voulu anticiper. "J'espère vraiment partir. Mais je ne veux pas non plus partir trop vite et que mon départ génère de la crise voire une guerre de succession", dit Onesta, qui a sollicité dès 2013 Dinart, alors tout jeune retraité.
Le "Roc" (1,97 m, 107 kg), 39 ans, a d'abord rejoint les Bleus pour s'occuper de la défense, spécialité qu'il a érigée en art. Ce fut une victoire d'entrée à l'Euro-2014 au Danemark. Après le départ de Sylvain Nouet, bras droit attitré d'Onesta, la vigie guadeloupéenne est devenue entraîneur-adjoint lors du Mondial-2015 au Qatar, lui aussi couronné de succès.
- Regard différent -
Aujourd'hui, Dinart donne l'impression d'être plus qu'un N.2. Il s'occupe du contenu des entraînements, gère les séances vidéos, élabore les stratégies, prend la parole lors des temps morts et hurle, debout, sur les troupes françaises, pendant qu'Onesta est presque tout le temps assis sur le banc au bord du terrain.
Le demi-centre/ailier gauche Kentin Mahé explique les rôles: "Claude s'occupe des médias. C'est lui qui prononce aussi le speach d'avant-match, avec un côté très philosophe, précis et encourageant. C'est lui qui véhicule les valeurs de l'équipe de France. Didier est plus sur l'aspect tactique. C'est ce qu'il sait faire de mieux."
Dinart reconnaît qu'il a "un peu stressé" à son arrivée, mais que cela ne voulait pas dire qu'il "ne maîtrisai(t) pas son sujet". Il assure être "plus à l'aise aujourd'hui", ayant bénéficié d'une "période d'adaptation pour (se) faire respecter" auprès des joueurs, avec la plupart desquels il a tout gagné sur le terrain.
"Avant, il voulait toujours être en phase avec leurs attentes. Aujourd'hui, je commence à l'entendre dire: +Si les joueurs ne sont pas contents, ce n'est pas grave", souligne Onesta.
"J'accepte peu à peu que leur regard soit différent, et que l'on gère selon sa sensibilité plus que la mienne, ajoute le sélectionneur. Je suis là pour l'aider à construire ce qui, j'espère, sera suffisant demain."
- Compagnonnage -
Ce fonctionnement a toussoté lors du match perdu contre la Pologne (25-31) et des incompréhensions entre les deux hommes, qui sont très proches, sont apparues. "On se parle comme des amis. On s'est déjà dit de tout, même insultés quand j'étais joueur. Ce n'était pas conflictuel mais dans un souci d'échanger", souligne Dinart, qui refuse de dire qu'il est le successeur pressenti.
?"Il n'y a rien d'écrit. Claude n'a pas annoncé qu'il arrêtait. Il n'y a pas de date butoir et je ne suis pas décisionnaire", insiste-t-il, en concédant "ne pas avoir pour habitude de faire les choses pour terminer dernier de la classe".
"Didier, on ne l'a pas fait venir comme pigiste, renchérit Philippe Bana, le directeur technique national. Il s'imprègne, il apprend, il avance avec nous. C'est un travail de compagnonnage, d'anticipation, chemin faisant. Cet Euro est le symbole du travail que fait Claude sur ce chemin."
Ce travail en binôme devrait prendre fin à l'issue du Mondial-2017 où la question du remplacement d'Onesta se posera vraiment, avec le risque de susciter les convoitises.