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La France a pris pied sur une planète inconnue en devenant la première nation quintuple championne du monde de handball masculin, après avoir réussi à contenir la furia d'un Qatar méritant (25-22), dimanche à Doha.
Ce cinquième titre de champion du monde fait la Une lundi de toute la presse nationale et régionale qui comme les "Experts" a "la tête dans les étoiles".
Vingt ans après le sacre mondial des "Barjots" au pied des volcans d'Islande -le premier pour un sport collectif français-, c'est aux portes du désert qu'elle est allée décrocher sa cinquième étoile (1995, 2001, 2009, 2011, 2015).
Dans le dôme futuriste de Losail, aux teintes évoquant des symboles qataris, le sable, la perle de nacre et l'eau azur des plages, les handballeurs ont rappelé qu'ils occupaient une place à part au panthéon du sport français.
Ce trophée n'a pas été le plus aisé à aller chercher. Les Bleus n'ont pas développé leur meilleur handball, et n'ont jamais réussi à se mettre totalement à l'abri, face à une équipe qatarie qui a prouvé qu'elle n'avait pas volé sa place en finale.
La France devance désormais au palmarès des Mondiaux la Roumanie (1961, 1964, 1970, 1974) et la Suède (1954, 1958, 1990, 1999), et s'installe un peu plus au firmament du handball.
Elle perpétue sa tradition d'excellence dans ce sport, où elle a ramené un total de dix titres internationaux, avec ses deux sacres olympiques (2008, 2012) et ses trois succès européens (2006, 2010, 2014).
"Le secret, c'est je pense l'humilité, le fait de se remettre en question à chaque fois", a expliqué l'ailier gauche Michaël Guigou. "On essaie de se remettre en question, d'être toujours motivé, de vouloir gagner encore des titres."
Pour célébrer ce cinquième titre, l'équipe de Claude Onesta sera reçue mardi par François Hollande à l?Élysée.
- La France détient les trois titres majeurs -
Avec cette nouvelle consécration, les "Experts" et leur leader Nikola Karabatic, considéré par certains comme le meilleur joueur de l'histoire, confirment leur statut de "Dream Team" du handball.
Pour la deuxième fois de son histoire, la France détient simultanément les trois titres majeurs (olympique, mondial et européen). Aucun autre pays n'a jamais pu le faire, ne serait-ce qu'une seule fois.
Ce nouveau sacre la qualifie d'office pour les jeux Olympiques 2016 à Rio, où elle visera un triplé, là encore jamais réussi.
Malgré sa défaite, le Qatar sort la tête haute de ce Mondial. Il devient le premier pays non-européen à décrocher une médaille mondiale. L?Égypte (2001) et la Tunisie (2005) avaient échoué à la 4e place.
Cette médaille d'argent vient à point nommé pour le petit émirat du Golfe, qui a fait du sport le vecteur essentiel de sa diplomatie, mais dont l'activisme et la puissance financière sont souvent mal perçus à l'étranger.
Son équipe, composée de seulement deux Qataris pure souche et de 14 joueurs d'origine étrangère (Bosniens, Cubains, Égyptiens, Espagnols, Français, Iraniens, Monténégrins, Syriens ou Tunisiens), s'est vu reprocher de n'être qu'une bande de mercenaires.
Mais sous les ordres du rusé entraîneur espagnol Valero Rivera, le Français Bertrand Roiné et ses coéquipiers ont su faire corps pour défendre avec orgueil les couleurs de leur pays d'adoption.
Le Qatar a sorti successivement trois nations européennes, l'Autriche, l'Allemagne et la Pologne. Et en finale, elle a tenu tête aux Français, avec vaillance, jusqu'à la dernière seconde.
Mais la France, qui n'a perdu qu'une finale internationale dans son histoire, contre la Russie au Mondial-1993, a encore démontré un savoir-faire sans équivalent, ne paniquant en aucune circonstance.
- Dans les Cieux -
Sûre d'elle-même après s'être débarrassée de l'Espagne (22-26) en demi-finales, elle n'a pas tardé à mettre la pression sur les Qataris, avec Nikola Karabatic à la man?uvre pour pilonner la défense adverse (9-5, 17e).
Les Bleus ont ainsi provoqué de nombreuses sanctions, les arbitres ayant décidé de sanctionner sans pitié le jeu dur des Qataris. En attaque, ceux-ci sont venus s'empêtrer dans la défense française et ont vite semblé au bord de la rupture (7-13, 23e).
Mais l'excellent gardien bosnien Danijel Saric a alors sorti le grand jeu pour aider le Qatar à mieux finir ces trente premières minutes (11-14, 30e).
Les deux premières minutes de la seconde période ont été de mauvais augure pour les Tricolores, qui ont laissé le petit demi-centre Kamalaldin Mallash les mener par le bout du nez.
Ils ont réagi en trouvant des solutions à l'aile droite avec Valentin Porte, plein de sang froid, mais le Qatar s'est tout de même dangereusement rapproché (18-19, 43e).
La tension est montée de manière très perceptible, les supporteurs tricolores, perdus dans la marée de dishdashas (tunique blanche traditionnelle qatarie), jouant leur rôle à plein.
Mais les bleus ont toujours réussi à conserver une mince avance (24-22, 56e). Avant qu'un dernier arrêt de Thierry Omeyer, leur gardien fétiche désigné MVP (meilleur joueur) du tournoi, ne les envoient très haut dans les Cieux.