Happy Birthday : |
En équipe de France de handball, les jeunes sont couvés pour avoir le temps d'éclore. Mais les forfaits en pagaille ont bouleversé les habitudes et contraint des apprentis "Experts" à une formation accélérée avant l'Euro qui débute vendredi en Pologne.
Dans la liste des 17 de Claude Onesta, pas moins de six joueurs prendront part à leur premier grand événement international. Quatre d'entre eux n'avaient encore jamais été appelés il y a trois mois.
Sans la cascade de blessés, les arrières Nedim Remili, 20 ans, et Théo Derot, 23 ans, inconnus avant la préparation, n'auraient pas été conviés au voyage vers Cracovie. Adrien Dipanda, à 27 ans, aurait encore attendu son tour.
Ludovic Fabregas (19 ans), et le benjamin Benoît Kounkoud (18 ans) seraient sans doute repassés par la case "Bleuets". Olivier Nyokas, sélectionné pour la première fois à 29 ans, n'aurait pas pu imiter son frère jumeau Kévynn, champion d'Europe en 2014 (et du monde en 2015), absent sur blessure cette année.
Quatre autres champions du monde, tous de la base arrière, manquent à l'appel: William Accambray, Mathieu Grébille, Jérôme Fernandez et Xavier Barachet. L'Euro-2016 aurait dû faire émerger Timothey Nguessan, préparé progressivement à assumer la tâche de titulaire au poste d'arrière gauche. Mais le Chambérien s'est à son tour blessé (cheville).
Les aléas ont accéléré le processus de renouvellement de l'équipe de France au risque peut-être de la fragiliser. "La machine continue de produire des éléments de grande qualité. Mais la phase de transition était menée de manière raisonnée jusqu'à présent avec beaucoup de tranquillité et de lucidité. Cette année, on est un peu bousculés. On risque d'avoir moins la main sur les événéments et sur le temps et d'être moins efficaces", analyse Claude Onesta.
- Mahé, l'éloge de la patience -
Entre sa première "cape" et sa première grande compétition, un joueur peut attendre un, deux, trois, voire plus de quatre ans, comme Kentin Mahé, appelé en octobre 2010 et "incorporé" lors du Mondial-2015 dans un rôle de remplaçant. Cité comme une exemple d'intégration réussie par Claude Onesta, le demi-centre/ailier gauche de Flensbourg (Allemagne) devrait avoir davantage de responsabilités cette année.
D'autres, parmi les meilleurs, sont passés par là. Nikola Karabatic avait fait banquette lors du Mondial-2003. Cédric Sorhaindo a attendu le Mondial-2009 pour se faire une place définitive chez les Bleus, plus de trois ans après sa première sélection.
L'émergence au plus haut niveau de Luka Karabatic et Valentin Porte, lors de l'Euro-2014, ne s'est pas faite non plus en un jour.
- Aspiration par le haut -
"La recette (du succès), c'est peut-être ce que l'on arrive à mettre en oeuvre en termes de durabilité, de transmission, de travail sur l'intégration progressive de nos jeunes joueurs. On ne les met pas en danger, pas en concurrence: la construction s'opère de manière tout à fait raisonnable et feutrée, participant ainsi à l'efficacité de l'équipe. La cohabitation est chez nous un élément essentiel: bien vivre ensemble nous permet de bien réaliser ensemble", explique Onesta.
"On est dans une spirale de réussite qui fait que l'exigence de résultats qu'affichent nos meilleurs joueurs, représente un modèle pour tous ceux qui arrivent. Il y a un effet d'aspiration vers le haut. Les joueurs qui veulent être à la hauteur de ces modèles ou idoles pour eux, savent qu'il va falloir tout donner", poursuit-il.
Le coach des Bleus en est convaincu: conserver le trophée européen dépendra aussi de la capacité des nouveaux à s'adapter, car les cadres ne pourront pas à eux seuls, supporter la cadence d'une telle compétition.
A Remili, Derot, Kounkoud, Nyokas ou encore Fabregas de jouer.