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Décrié en France par les autorités politiques et sportives, banni des salles de spectacle, le Mixed Martial Arts (MMA) devrait pourtant obtenir à moyen terme un statut légal synonyme de reconnaissance, conclusion inéluctable de son succès grandissant auprès des spectateurs comme des pratiquants.
Les signes de frémissement sont nombreux: un premier gala organisé à Paris au nez et à la barbe du ministère en septembre dernier; une instruction ministérielle émise deux mois plus tard pour encadrer la pratique; une mission parlementaire nommée en avril sur le sujet. Et enfin le réexamen par le Conseil de l'Europe de la recommandation sur laquelle se base la France pour interdire les compétitions de MMA, une combinaison de plusieurs arts martiaux et de combat. La fameuse R99-11 qui conseille aux états membres "d?interdire et empêcher les combats libres tels que la lutte en cage", notamment en raison de sa dangerosité et des atteintes à la dignité humaine.
Le député de l'Hérault Patrick Vignal (PS), nommé par Manuel Valls avec le sénateur Jacques Grosperrin (LR) pour une mission de six mois sur l'étude de la pratique des "combats mixtes", dessine sans ambigüité ce que pourrait être la philosophie de leur rapport: "L'interdit ne m'a jamais inspiré, dit-il à l'AFP. Chaque fois qu'il y a un interdit, on le contourne."
Samedi dernier, lors des premiers États Généraux du MMA organisés dans une salle de l'Est Parisien, le parlementaire, par ailleurs professeur de judo, s'est interrogé d'une manière à nouveau peu équivoque à la tribune: "Comment enseigne-t-on le MMA? Je ne serais pas capable de le faire. Il faudra le structurer, créer un diplôme. Nous ferons des propositions dans notre rapport, pas seulement un état des lieux".
L'encadrement, en effet, s'impose pour des raisons d'abord sanitaires. Non reconnu, non réglementé, le MMA peut aujourd'hui être enseigné par n'importe qui, à l'inverse des autres arts martiaux dépendant d'une fédération agréée.
- 'Aussi vieux que l'iPhone' -
Arc boutés sur leur posture de prohibition, "une position de repli, hostile", selon Patrick Vignal, les ministres successifs, de tous bords confondus, n'ont pas su ou voulu anticiper la vague MMA: aujourd'hui quelque 30.000 pratiquants --difficiles à quantifier en raison du flou artistique qui encadre la pratique dans des clubs qui changent parfois l'appellation de la discipline-- et plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs pour les combats professionnels diffusés sur la chaîne Kombat sport.
Ces combats, notamment ceux de l'UFC, la ligue professionnelle américaine, sont à l'origine de l'engouement des pratiquants pour le MMA, "l'un des rares sports à s'être développé par le haut", notait Kerrith Brown, président de la fédération internationale (IMMAF) lors de la réunion parisienne. "D'autres sports se sont développés pendant des siècles et ont eu le temps de définir des méthodes et des valeurs. Le MMA lui est aussi vieux que l'IPhone."
Ce succès médiatique fulgurant, couplé à un lobbying efficace, a quelque peu annihilé en France la position des gouvernements successifs.
"Aujourd'hui, le combat est gagné. Le combat des idées, le combat médiatique", a estimé lors des États Généraux l'ex-directeur de cabinet de Bernard Laporte, Hugues Moutouh, l'un des rares supporteurs affichés du MMA dans les arcanes du pouvoir.
Reste à trouver, ou inventer, une coquille pour le MMA. Ce n'est pas un secret, nombre de fédérations d'arts martiaux ou de sports de contact et de combat se verraient bien absorber une discipline qui fédère potentiellement quelque 50.000 licenciés. Mais aucune des candidates n'a le profil idéal. Laisser une fédération autonome se créer est sans doute trop précoce au vu de l'amateurisme des structures existantes. La solution passe donc par une troisième voie que les parlementaires missionnés par l?État devront définir.
Le MMA, quoi qu'il advienne, ne fera lui que grandir.