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Le président de la Fifa Joseph Blatter (d) et le président du comité d'organisation de la Coupe du monde 2014 Jose Maria Marin en discussion après une conférence de presse à Rio de Janeiro, le 1er juillet 2013
A bientôt cinq mois du coup d'envoi du Mondial-2014, les retards accumulés ont donné lieu à une nouvelle passe d'armes aigre-douce entre la Fifa et les autorités brésiliennes.
Le président de la Fifa, Joseph Blatter, a lancé ce week-end une pique mal accueillie à Brasilia: "le Brésil vient de prendre conscience qu'il a commencé beaucoup trop tard" à préparer le Mondial.
"C'est le pays le plus en retard depuis que je suis à la Fifa, et pourtant c'est le seul qui avait autant de temps - sept ans - pour se préparer", a-t-il asséné dans l'édition de samedi du quotidien suisse 24 heures.
Interrogé sur la possibilité de voir l'événement perturbé par des mouvements de contestation sociale comme lors de la Coupe des Confédérations en juin 2013, M. Blatter s'est voulu confiant: "Je suis un optimiste, pas un peureux. Le football sera protégé, je crois que les Brésiliens n'attaqueront pas le football directement. Car chez eux, c'est une religion".
"Mais nous le savons, il y aura de nouveau des manifestations, des protestations (...)", a-t-il concédé.
"Prêt à temps"
Pendant la Coupe des Confédérations, des centaines de milliers de Brésiliens étaient descendus dans les rues des grandes villes du pays pour protester contre la mauvaise qualité des services publics, la corruption et les dépenses publiques dans la construction des stades.
Ces remarques, rappelant celle du secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke qui avait invité le Brésil à se "botter les fesses" en 2011, n'ont visiblement pas plu à la présidente brésilienne, Dilma Rousseff.
Celle-ci a réagi lundi matin sur son compte Twitter @dilmabr : "La demande des billets pour les matches, la plus importante de toutes les Coupes du Monde, prouve que les fans du monde entier ont confiance dans le Brésil".
"Les Brésiliens entament l'année 2014 avec la conviction qu'ils vont accueillir "la Coupe des coupes", a insisté la présidente, sans citer directement M. Blatter.
Le ministère brésilien des Sports a pris le relais en affirmant: "Les informations qui nous proviennent des autorités chargées de préparer les villes hôtes pour le Mondial, vérifiées par le ministère qui visite en permanence les chantiers, montrent que le pays sera prêt à temps".
Face à cette levée de boucliers, M. Blatter a fait machine arrière lundi, quitte à se dédire, en assurant sur son compte Twitter que "les travaux avancent à plein régime" et que "le Mondial sera un succès"...
"Je suis d'accord avec les commentaires de la présidente Dilma Rousseff sur le Mondial-2014. Le monde entier attend la Coupe des Coupes. Le Brésil sera un magnifique amphitryon", a-t-il ajouté.
Dilma Rousseff, favorite à sa réélection aux élections d'octobre 2014, a tout autant intérêt que la Fifa à ce que le Mondial soit un franc succès.
Tout accroc majeur entamerait sa popularité qui remonte progressivement depuis la fronde sociale de juin.
Mais, outre la possibilité d'une nouvelle flambée sociale, les motifs d'inquiétude existent.
Seuls six des 12 stades du Mondial - ceux ayant servi pour la Coupe des confédérations - sont prêts, alors que les six autres devaient théoriquement être livrés à la Fifa avant le 31 décembre.
Le stade Itaquerao de Sao Paulo, qui accueillera le match d'ouverture entre le Brésil et la Croatie, préoccupe particulièrement depuis qu'il a été le théâtre d'un spectaculaire accident ayant coûté la vie à deux ouvriers en novembre.
Sa date théorique de livraison a été reportée à la mi-avril, soit deux mois seulement avant le coup de sifflet inaugural.
Les autorités ont pris également beaucoup de retard dans la modernisation des aéroports et les chantiers d'amélioration de la mobilité urbaine, dont beaucoup ont purement été abandonnés.
Le gouvernement brésilien promet aussi de lutter contre les abus sur le prix des vols et hôtels actuellement en pleine envolée.
"En cas d'abus" sur les vols, la présidente Rousseff pourrait signer un décret autorisant provisoirement "l'ouverture du marché" aux compagnies étrangères, a menacé dimanche la ministre chef de cabinet (équivalent du Premier ministre) Gleisi Hoffman.