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© AFP/BORIS HORVAT
Les joueurs de l'ASM Clermont à l'issue de leur victoire sur le Racing 92 en demi-finales du Top 14 au stade Vélodrome, le 27 mai 2017
Clermont, opposé à Toulon dimanche en finale du Top 14, a gagné une finale majeure sur 15 disputées. Mais dirigeants, joueurs et encadrement ne se laissent plus faire face aux statistiques, si décourageantes soient-elles.
"Cette année, c'est la bonne!" La banderole étirée par des supporters clermontois avant le quart de finale de Coupe d'Europe contre Toulon, était une preuve de plus, si besoin en était, que les Auvergnats ont de l'autodérision.
Ce 2 avril, l'ASM, battue par le RCT en finale des Coupes d'Europe 2013 et 2015, remporte pour la première fois un rendez-vous européen face au club varois (29-9). Avant de subir, un mois plus tard à Edimbourg, une nouvelle défaite en finale continentale, cette fois face aux Saracens (17-28)...
Trois échecs en autant de finales de Coupe d'Europe, aucune autre formation ne l'avait fait. En championnat, même chose: avec 11 défaites pour un seul triomphe, en 2010, le club auvergnat est de très loin le spécialiste des défaites au sommet.
- Trop détendus? -
Pour l'ex-Jaunard Jamie Cudmore, qui a passé onze ans en Auvergne (2005-2016), "Clermont a clairement un problème. La zone de confort. (...) Tu perds un match et, le lendemain, tout le monde te tape sur le dos en te disant +ce sera mieux la semaine prochaine...+", a estimé le deuxième ligne dans un entretien au Figaro.
"Au fur et à mesure, à force d'entendre ça après chaque défaite pendant des années, dans ton subconscient, tu tombes dans le confort. (...) Pour moi, c'est la seule explication à tant de finales perdues. Pas le jeu, les joueurs, qui sont très forts, mais cette complaisance inspirée par le sommet", a pointé du doigt le Canadien.
Le président de l'ASM Eric de Cromières s'est pourtant fâché. Mais pas contre ses joueurs: contre L'Equipe, qui a souligné après le revers d'Edimbourg toutes les finales perdues. "C'est une vérité", a écrit le dirigeant dans une lettre ouverte au journal, "qui à force d'être répétée n'apporte plus rien à l'information, ne développe aucun travail de réflexion".
Les Clermontois ont particulièrement peu apprécié que l'icône Aurélien Rougerie soit qualifiée de "roi de la loose" après sa huitième finale perdue. "Inadmissible", a dit de son côté l'entraîneur Franck Azéma, furieux de "la manière irrespectueuse avec laquelle ils ont jugé notre travail et les hommes".
- La jeunesse mise en avant -
Pour enterrer les discours fatalistes, le club a trouvé une parade: mettre en avant les jeunes joueurs qui n'ont pas vécu ces traumatismes.
Ainsi, mardi, Azéma est venu répondre à la presse accompagné de Damian Penaud (20 ans) et d'Arthur Iturria (23 ans).
"Les finales perdues...j'en ai perdu qu'une", a répondu Penaud, qui explose pour sa première saison pleine chez les professionnels.
"C'est sûr, on en a perdu moins que les autres", a déclaré Iturria avec décontraction. "On a pris assez de recul pour jouer avec l'esprit libéré. Nous, on ne les a pas vécues (les défaites) donc on n'y pense pas", a ajouté le deuxième ligne.
Et pour aider les anciens, le club a fait appel depuis 2014 à Denis Troch, ancien entraîneur de football devenu préparateur mental.
"Ils ont créé des anticorps pour que le jour où il y a quelque chose de puissant qui arrive, ils puissent agir et/ou réagir", estimait Troch début mai dans un entretien à l'AFP, insistant sur la nécessité de "remplir tous les jours la boîte de confiance par des éléments positifs".
Azéma a bien entendu le message: "Qu'est-ce que vous voulez qu'il nous arrive ? Qu'on perde une finale ? On est rodés", a ironisé mardi le directeur sportif.
"Une semaine de finale, c'est plutôt positif, tu as plutôt le sourire", a enchaîné Azéma, insistant sur l'impératif de "prendre du plaisir".