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© AFP/BORIS HORVAT
Le "16e homme" de Clermont, le 27 mai 2017 à Marseille lors de la demi-finale reportée face au Racing 92
C'est devenu un rituel: dimanche soir, ils seront encore plus de 10.000 supporteurs jaune et bleu à prendre d'assaut les travées du Stade de France pour soutenir leur club de Clermont face à Toulon en finale du Top 14, toujours aussi fidèles malgré les désillusions à répétition.
"La Yellow Army, c'est le 16e homme. Comme à chaque déplacement, les joueurs savent qu'ils peuvent compter sur nous pour les soutenir et faire du bruit", assure Eric Genest, 51 ans, venu récupérer en tenue de travail son billet pour la finale au club des Vignerons, haut lieu du rugby clermontois.
En milieu de semaine, l'optimisme régnait dans les rangs auvergnats malgré la récente défaite en finale de Coupe d'Europe face au Saracens (17-28). La quatorzième, en championnat et Coupe d'Europe, pour un seul titre, le Bouclier de Brennus en 2010.
"On est confiant. Contre les Saracens, le match était de très haut niveau mais ils ont tout donné et n'ont rien lâché sur le terrain. S'ils jouent avec ce même rythme, Toulon ne pourra pas rivaliser", estime Aurélien Dupuis, 33 ans.
"En 2015 (en finale face au Stade Français, ndlr), on ne sentait pas la révolte. Cette année, il y a de la fraîcheur physique, de la fraîcheur mentale et de l'insouciance", analyse ce fervent supporteur, qui a déjà assisté à 15 finales (toutes compétitions confondues), dont 14 défaites.
- "Peut-être bien la bonne" -
Même son de cloche à l'Amicale des supporters montferrandais: "On ne va pas le dire trop fort, mais cette année, c'est peut-être bien la bonne !", juge à son tour son président Jean-Claude Demay, un brin superstitieux. "On sent davantage de confiance et de sérénité", ajoute l'homme à la tête d'un club de 400 adhérents.
La Yellow Army, c'est d'abord un noyau dur d'irréductibles supporters présents à chaque déplacement. Des déplacements encore une fois nombreux cette saison avec deux finales disputées.
© AFP/Thierry Zoccolan
A Clermont-Ferrand, le 13 mai 2017, des supporters suivent la finale de la Coupe d'Europe face aux Saracens à Edimbourgh sur écran géant
Malgré le coût exorbitant du voyage pour la finale européenne d'Édimbourg (700 euros par personne sans le ticket d'entrée), ils étaient 3.000 à Murrayfield. A Marseille, pour la demi-finale du Top 14 face au Racing samedi dernier (37-31), 6.000 Clermontois avaient pris la route. A Lyon - il est vrai voisine - ils étaient même plus de 30.000 pour la demi-finale européenne contre le Leinster fin avril.
Sa consonance anglo-saxonne, la Yellow Army la doit aux médias irlandais qui, séduits par la convivialité de cette marée jaune dans les rues de Dublin en 2010, l'avaient baptisée ainsi en référence à la célèbre "Red Army" des supporters du Munster.
Depuis, l'expression a été adoptée en Auvergne, imprimée sur les drapeaux et autres T-shirts et ses rangs n'ont cessé de gonfler.
- Pleurer, mais de joie -
Mais pourquoi un tel engouement? "L'ambiance extraordinaire et bon enfant, la ferveur fabuleuse, la convivialité des supporteurs, pas seulement masculins mais composés de familles avec femmes et enfants", s'enthousiasme Jean-Claude Demay.
"On est les gentils Bisounours qui se font chambrer. Mais ça s'inversera un jour ou l'autre: avec tous les talents que le club sort du centre de formation, on sait qu'on aura des lendemains qui chantent", estime-t-il.
"On se dit qu'à chaque fois, c'est la bonne et on ne veut pas la louper. Plus il y a de défaites, plus le feu d'artifice est fantastique !", lance encore Aurélien Dupuis.
"Est-ce qu'on ne préfèrerait pas une équipe plus dans le combat physique et la destruction du jeu (adverse) mais qui gagne à tous les coups ?", s'interroge à son tour Benjamin Giot, 40 ans. Petit silence avant de se reprendre et de s'enflammer: "Non, non ! Le jeu pratiqué est tellement magnifique, avec tous ses essais marqués comme en demie. Ils nous font vibrer toute l'année".
"Nos joueurs ont des éclairs de génie et portent le beau jeu", renchérit Claire Jamond, 20 ans. "De toutes les façons, qu'ils perdent ou qu'ils gagnent, je vais pleurer". "De joie, cette fois !".