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Le sprinter sud-africain Oscar Pistorius, amputé des deux jambes et ancien héros des stades, pourrait retourner derrière les barreaux mercredi, dans la foulée du prononcé de sa peine pour le meurtre de sa petite amie en 2013.
Le sextuple champion paralympique, entré dans la légende en s'alignant avec les valides aux jeux Olympiques de Londres de 2012, est actuellement assigné à résidence chez son oncle, à Pretoria, après avoir passé un an en prison.
Il continue de purger, dans cette vaste demeure, ses cinq ans de prison pour "homicide involontaire", sa condamnation en première instance.
Mais en appel, la justice a requalifié le crime en meurtre, passible d'au moins 15 ans de prison.
Mercredi matin, la sentence tombera dans cette saga judiciaire qui tient en haleine les médias du monde entier depuis trois ans.
Et pour cause, l'affaire contient des ingrédients hors du commun: un coupable, coureur handicapé mythique, une victime top model, Reeva Steenkamp, abattue de quatre balles, et un drame commis la nuit de la Saint-Valentin.
Le destin de Pistorius, 29 ans, est une nouvelle fois entre les mains de la juge Thokozile Masipa, très critiquée par le milieu judiciaire et l'opinion pour son verdict "laxiste" en première instance.
En appel, l'accusation a réclamé au moins 15 ans de détention. Appelé par le parquet à la barre en juin, le père de la victime, Barry Steenkamp, tremblant et en pleurs, a demandé que Pistorius "paie pour son crime", estimant qu'il avait tiré après une dispute.
La défense a aussi joué la carte de l'émotion: l'ancien athlète a retiré ses prothèses et marché d'un pas hésitant, tête baissée, sur ses moignons dans une salle du tribunal comble, pour témoigner de sa vulnérabilité et tenter d'amadouer la magistrate.
La juge "n'est pas tenue d'appliquer la peine plancher", a estimé un expert en droit, Llewelyn Curlewis, interrogé par l'AFP.
Le handicap du champion et le fait qu'il a déjà passé un an en prison pourraient aussi contribuer à réduire sa peine.
- Appel encore possible -
Dans une interview accordée à la chaîne britannique ITV et diffusée fin juin, Pistorius a affirmé que sa compagne décédée préfèrerait sans doute le voir purger sa peine en aidant les plus démunis que d'aller en prison.
Un entretien qui lui a valu les sarcasmes du parquet, indigné de ne pas voir Pistorius témoigner lors de son procès en appel alors qu'il était capable de répondre à une interview télévisée.
Lors de cet entretien, l'ex-athlète a répété sa version du drame: dans la nuit du 13 au 14 février 2013, il a tiré dans la porte des toilettes de sa maison de Pretoria, persuadé qu'un cambrioleur s'y était caché.
Un argument qui n'est pas valable pour la justice qui a retenu l'intention de tuer - quelle que soit l'identité de la victime - et condamné Pistorius pour meurtre.
"Reeva était une personne fantastique, mais si les gens pensent que je l'ai volontairement tuée, ce qui n'a jamais été établi, alors c'est très triste", a affirmé Pistorius.
"Je sens encore le sang, je sens la chaleur (du sang) sur mes mains", a-t-il ajouté.
"Je comprends la souffrance des gens qui l'ont aimée et à qui elle manque. Je ressens la même douleur, la même haine envers moi-même", a affirmé Pistorius, un homme "brisé" et en pleine dépression selon la défense.
La sentence mercredi ne signifiera pas nécessairement la fin de la longue procédure judiciaire. Comme en première instance, les deux parties peuvent faire appel de la peine.
Si la justice prononce une peine inférieure à 10 ans, "je ne serais pas surpris que le parquet fasse appel", a avancé Llewelyn Curlewis. A l'inverse, "si la juge opte pour une peine plus lourde que la peine plancher, par exemple 21 ans", la défense fera appel, prédit-il.
S'il est emprisonné, l'ancien champion pourrait retourner - compte tenu de son handicap - dans une cellule située dans l'aile de l'hôpital de la prison centrale de Kgosi Mampuru à Pretoria.