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Le 31 mai 2017 à Beijing, la secrétaire générale de la Fifa Fatma Samoura lors de l'annonce du partenariat avec Vivo
La Chine ne brille guère au sommet du foot mondial mais ses grandes entreprises pèsent lourd désormais à la Fifa via des contrats de parrainage -- autant de jalons posés par Pékin vers l'organisation rêvée d'une Coupe du monde en 2030.
En l'espace d'un an, la Fifa a engrangé trois sponsors chinois: Wanda (centres commerciaux, cinéma), propriété de Wang Jianlin, deuxième fortune de Chine, Hisense (N°3 mondial des téléviseurs) et depuis quelques jours Vivo (smartphones).
Alibaba, le leader mondial du commerce en ligne, est par ailleurs partenaire de la Coupe du monde des clubs depuis 2015.
Les firmes de l'Empire du milieu arrivent après le départ d'ex-sponsors (Sony, Emirates, Castrol, Continental, Johnson & Johnson), et à l'heure où la fédération internationale de foot, à l'image écornée par le scandale de corruption de l'ère Blatter, se démène pour attirer de nouveaux partenaires.
"Les négociations ont été âpres sur le montant, mais Vivo s'est senti très bien accueilli par la Fifa, c'est pourquoi ça s'est conclu très vite", explique à l'AFP Mark Gao, PDG de l'agence Momentum Sports, intermédiaire de l'accord.
"Je suis convaincu que l'arrivée de ces sponsors chinois va promouvoir et accélérer une candidature et une organisation par la Chine d'une Coupe du monde", observe-t-il.
Quand Wanda était devenu sponsor de la Fifa en 2016, son patron Wang Jianlin, réputé avoir l'oreille de Pékin, avait déjà déclaré que son partenariat "accroîtrait les chances" chinoises d'accueillir le Mondial.
- McDo et Coca -
L'équipe nationale de Chine végète à la 82e place du classement Fifa, derrière les îles Féroé et le Bénin. Mais le président chinois Xi Jinping, passionné de football, a dit espérer que son pays organise un jour une Coupe du monde.
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Un rare moment de joie footballistique pour la Chine : Yu Dabao vient de marquer face à la Corée du Sud lors du match de qualifications pour le Mondial-2018 en Russie, le 23 mars 2017 à Changsha
Le prochain Mondial se tiendra en 2018 en Russie (Europe) et le suivant en 2022 au Qatar (Asie). La Fifa imposant que le tournoi alterne entre les continents, la Chine ne pourra pas obtenir l'organisation en 2026.
Mais Zhang Jian, le vice-président de la fédération chinoise, s'est dit l'an passé partisan d'un Mondial chinois dès 2030 -- il vient d'ailleurs d'être élu en mai au Conseil de la Fifa, qui définit les orientations et la stratégie de l'institution.
Une impatience chinoise qui agace aux sein des instances. "Le Mondial doit aller au pays qui fait la meilleure offre", a souligné samedi le président de l'UEFA Aleksander Ceferin sur la BBC. Militant d'une candidature européenne à la Coupe du monde 2030, M. Ceferin est également membre du Conseil de la Fifa.
"Nous ne pouvons pas juste vendre (le tournoi) à ceux qui payent le plus (...) Les règles ne peuvent pas changer simplement parce que nous avons quelques gros sponsors", a-t-il martelé.
Sebastian Chiappero, directeur à Genève du cabinet Sponsorize, spécialisé dans le conseil en parrainage, ne croit pas au lien entre sponsoring et attribution d'une Coupe du monde.
"Les sponsors ambitionnent avant tout de promouvoir leurs produits. Et ils n'ont en théorie aucune influence sur le choix de l'organisateur d'une Coupe du monde. Sinon, les Etats-Unis l'auraient souvent accueillie grâce à McDonald's et Coca-Cola", souligne-t-il.
"Et les statuts de la Fifa empêchent tout conflit d'intérêt. Après, en pratique, nous ne sommes pas dans les coulisses de ce qui se dit...", reconnaît-il.
- 'Pas transparents' -
"Le déroulement des votes et le fonctionnement interne de la Fifa sont très complexes et pas toujours très transparents", abonde Marcus Lüer, PDG de l'agence de marketing sportif TSA, basée à Singapour.
Les sponsors chinois "aideront en tout cas à montrer que la Chine est impatiente d'accueillir le Mondial et a les entreprises nécessaires pour appuyer cette démarche", souligne-t-il.
La Chine serait un "pays idéal" pour accueillir une future Coupe du monde, selon lui: passion du foot, installations déjà en partie construites, soutien du gouvernement et expérience d'un grand rendez-vous (jeux Olympiques 2008).
"La question n'est pas de savoir si elle va organiser la Coupe du monde, mais quand", affirme-t-il.