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Luis Enrique, le 13 février 2017, à Paris
"Désastre", "naufrage", "humiliation": descendu en flammes mercredi en Espagne, Luis Enrique paraît très fragilisé au FC Barcelone après la déroute subie mardi à Paris en Ligue des champions (4-0). Peut-être le début de la fin pour l'ombrageux entraîneur, dont le contrat s'achève en juin.
. Un technicien impuissant
Quel coup de tonnerre après ce huitième de finale aller au Parc des Princes! "Catastrophe totale!", a titré As mercredi. "Ce n'était pas le Barça", selon Sport. "Défaite fracassante", pour El Pais.
Il faut dire que le Barça a égalé mardi sa pire défaite de l'ère Luis Enrique, un 4-0 contre l'Athletic Bilbao en Supercoupe d'Espagne aller 2015. Au match retour, les Catalans n'avaient pas renversé la vapeur au Camp Nou (1-1) et perdu l'un des deux seuls trophées qui ont échappé à Luis Enrique depuis sa nomination en 2014.
C'est tout le paradoxe du jeune technicien (46 ans): avoir remporté huit titres sur dix possibles mais être aussi contesté après deux ans et demi d'un mandat que le défenseur Gerard Piqué avait qualifié de "nouvel âge d'or".
Cette ère dorée a été considérablement ternie mardi face au Paris SG d'Unai Emery, qui a donné une leçon tactique à Luis Enrique et mis au jour plusieurs carences latentes au sein de l'équipe blaugrana: sa trop grande dépendance à son trio offensif "MSN" (Messi-Suarez-Neymar), son manque de profondeur de banc et son entrejeu jadis dominateur et aujourd'hui transparent, loin du sacro-saint jeu de passes blaugrana.
"Le Barça a montré qu'il ne sait plus à quoi il joue, que son modèle de jeu se dénature dangereusement et que sa seule idée se résume désormais à prier pour que l'un des trois de devant la mette au fond sur une action individuelle", a écrit dans un éditorial Ernest Folch, directeur du quotidien catalan Sport.
Mardi, Luis Enrique semble en outre s'être trompé en alignant au milieu un André Gomes très pâle et un duo Iniesta-Busquets à court de forme. Et il a semblé impuissant à réveiller ses troupes déjà menées 2-0 à la pause.
. Un caractère cassant
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Lionel Messi, le 14 février 2017, à Paris
Dans cette soirée de cauchemar, Luis Enrique a en outre manqué de sang-froid. Habituellement ironique, voire cassant avec la presse, le technicien est sorti de ses gonds au micro de la chaîne catalane TV3, pourtant peu suspecte d'être anti-Barça.
"Ce ton que tu adoptes aujourd'hui avec moi, j'aimerais bien que tu l'aies aussi en interview quand nous gagnons les matches", a grincé Luis Enrique. "J'accepte toute la responsabilité, hein, mais quand on gagne j'aimerais qu'on me traite de la même manière."
Dans un club aussi médiatisé que le Barça, perdre le soutien de la presse pourrait vite devenir étouffant pour l'entraîneur asturien.
Le technicien le sait, lui qui avait déjà été dans l'oeil du cyclone lors de sa première saison: en janvier 2015, une brouille supposée avec la star Lionel Messi l'avait grandement fragilisé, avant qu'un triplé Liga-Coupe-C1 au printemps ne lui offre une somptueuse revanche.
. Un poste chancelant
A l'évidence, les probabilités d'une folle "remontada" contre le PSG le 8 mars au Camp Nou sont faibles pour le Barça, bien parti pour chuter dès les huitièmes de C1 pour la première fois depuis 2007.
En cas d'élimination, Barcelone garde certes une finale de Coupe du Roi à jouer le 27 mai contre Alaves. Mais la Liga, seul titre vraiment digne de sauver sa saison, penche du côté du Real Madrid, leader avec un point d'avance et deux matches de retard.
"Maintenant, on va commencer à parler sérieusement de l'avenir du technicien. Et ce ne sera pas beau à voir", pronostique le quotidien madrilène Marca.
Depuis des semaines, l'intéressé lui-même entretient le doute sur ses intentions à quatre mois et demi de sa fin de contrat, alors que la presse espagnole a évoqué les hypothèses Jorge Sampaoli (Séville) ou Ernesto Valverde (Bilbao) pour le remplacer.
Bref, Luis Enrique aurait grand besoin d'un miracle au match retour, histoire de faire taire les oracles de son départ annoncé.