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© AFP/PHILIPPE DESMAZES
Le co-président de Saint-Etienne Roland Romeyer, témoin des incidents de septembre 1977, ici à l'Etrat, près de Saint-Etienne, le 27 juillet 2015
C'était il y a près de quarante ans, mais Saint-Étienne et Manchester United se sont déjà affrontés sur la scène européenne. La mémoire collective en a retenu les incidents avant le match aller liés au hooliganisme anglais naissant plutôt que l'élimination des Verts.
Ce 16e de finale de Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes (14 et 28 septembre 1977) n'avait été télévisé, ni à l'aller, ni au retour. Manchester United, ancien vainqueur de la C1 (1968), n'était pas alors revenu au sommet de l'Europe.
Deux ans auparavant, la France avait été confrontée pour la première fois au hooliganisme anglais lors de la finale de la coupe d'Europe des clubs champions au Parc des Princes entre le Bayern Munich et Leeds (1975).
Au stade Geoffroy-Guichard, alors que les espaces visiteurs spécifiques n'existaient pas encore, 1.500 supporters mancuniens s'étaient mêlés au public stéphanois provoquant de sérieux incidents.
"J'étais dans les gradins et nous avons tous été poussés vers les buts car des gars avaient sorti des couteaux et piquaient les gens. Nous avons escaladé les grillages pour sauter sur le terrain. C'était très chaud", témoigne auprès de l'AFP le président du directoire du club, Roland Romeyer, simple spectateur à l'époque.
"Il n'y a pas eu de morts mais des blessés, graves pour certains. On ne connaissait pas du tout cela", ajoute-t-il.
"Le lever de rideau avait été interrompu alors que les policiers en képi, armés de simples matraques, tentaient de ramener l'ordre. Toutefois, le coup d'envoi avait été donné à l'heure", rapporte pour sa part à l'AFP Philippe Gastal, conservateur du musée des Verts, lui aussi présent en tribune latérale.
Sportivement, les joueurs stéphanois n'ont, eux, qu'un très vague souvenir de cette double confrontation et de leurs adversaires mancuniens.
- 'Grands seigneurs' -
"Le désordre occasionné dans les tribunes nous a déconcentré, choqué. Nous sommes entrés sur le terrain en voyant des blessés évacués. Pour le match, je n'ai pas de souvenirs particuliers, ni au retour car nous avions joué sur terrain neutre et non à Old Trafford", reconnaît auprès de l'AFP le légendaire gardien Ivan Curkovic (72 ans).
"C'est loin... L'aller avait été marqué par les violences dans les tribunes derrière lesquelles nous nous échauffions. Le premier match avait été compliqué. Au retour, à Plymouth, il y avait eu beaucoup de vent. Nous n'avions pas existé", confie à l'AFP Dominique Rocheteau (62 ans).
Celui-ci regrette encore "de ne pas avoir joué à Old Trafford". "Nous ne devions pas disputer le retour. Manchester avait dans un premier temps été exclu (en raison des incidents, avant d'être réintégré dans la compétition) et nous avons finalement joué à Plymouth. Cela n'avait rien à voir de ce que nous pouvions imaginer d'Old Trafford. Nous avons joué car on devait le jouer", relate Jacques Santini (64 ans) auprès de l'AFP.
Car après les incidents du match aller, l'intervention du club stéphanois estimant "anormal" d'exclure l'équipe anglaise pour les exactions de ses supporters, a convaincu l'UEFA de requalifier Manchester.
"Nous avions voulu être +grands seigneurs+ en demandant à jouer la qualification sur le terrain mais il aurait fallu laisser faire l'UEFA, qui nous avait dans un premier temps qualifiés sur tapis vert, s'en tenir aux sanctions qu'elle avait prises", regrette aujourd'hui Ivan Curkovic. A l'aller il y avait eu 1-1 et Manchester avait gagné 2 à 0 au retour...