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"C'est vrai qu'il y a peu de monde": dans les fan zones sous haute sécurité, la foule attendue n'a pas été au rendez-vous du match d'ouverture de l'Euro-2016, mais les supporters français ont bondi de joie lorsque Dimitri Payet a arraché la victoire dans les dernières minutes.
"Ils commencent doucement: c'est normal, ils se rodent. Mais ils iront au moins en finale": Franck, 30 ans, exulte au coup de sifflet final, au milieu de Français en liesse, dans la fan zone du Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel, à Paris.
Entre 41.000 et 45.000 spectateurs ont pris place devant les écrans géants du centre de la capitale pour assister à France-Roumanie, bien loin de sa capacité maximale de 92.000 personnes, selon la préfecture de police qui n'a pas fait état d'incidents.
"Ça coûtait trop cher d'aller au stade, alors je suis venu ici: c'est en extérieur, il y a de l'ambiance, je ne voulais pas voir le match d'ouverture de l'Euro dans un bar", s'enthousiasme Thibault, 23 ans, les cheveux rassemblés en une crête tricolore.
Répétition de "Marseillaise", baby-foot, selfies devant la Tour Eiffel: l'ambiance est festive et familiale, en présence de nombreux supporters étrangers, anglais, irlandais et suédois notamment, même si les patrouilles des gendarmes mobiles rappellent que l'Euro est organisé dans un contexte de menace d'attentats jihadistes très élevée.
"Je suis venue hier pour le concert d'ouverture, j'ai trouvé les forces de l'ordre vraiment vigilantes. On voit que c'est très sécurisé. Je n'ai pas eu peur de revenir", témoigne Roxane, Parisienne de 23 ans.
"Les attentats, on y pense mais ils ont vraiment mis les moyens. Si les terroristes veulent taper, c'est ailleurs qu'ils le feront", estime la jeune femme brune, portant le maillot de l'équipe de France.
"C'est le match d'ouverture, on veut montrer qu'on est tous là, tous unis derrière notre équipe. C'est une bonne occasion de faire la fête. On ne va pas s'arrêter de vivre, rester chez nous à regarder la télé à cause des attentats", renchérit Eymeric, 24 ans, le drapeau tricolore peint sur les joues. "Si on gagne, on tombe la chemise, tout le monde va s'aimer, il n'y aura plus aucun célibataire!"
- "Eviter la psychose" -
Palpations, fouille des sacs, bagages passés au scanner, caméras de surveillance: les autorités ont déployé tout un arsenal pour assurer la sécurité de l'événement, dans les fan zones de Paris et de Saint-Denis, mais aussi en province.
"On filtre, on cherche les objets interdits", explique ainsi Adil, un des responsables des contrôles de sécurité à Marseille, qui peut accueillir 80.000 personnes en bord de mer mais n'avait que quelques milliers de spectateurs.
"Vous savez, tout ce dispositif policier me rappelle Belfast il y a dix ans. Mais vous ne pouvez jamais avoir 100% de sécurité. Les gens doivent l'accepter, c'est tout", explique place Bellecour, dans la fan zone de Lyon qui a accueilli environ 14.000 supporters selon la mairie, Terry Stevenson, 69 ans, arrivé mardi d'Irlande du Nord.
"Il ne faut pas tomber dans la psychose: c'est la fête du foot aujourd'hui", approuve Léon Raza, 56 ans, venu de Nouvelle-Calédonie avec son épouse.
Mais si les supporters des Bleus tremblent, c'est surtout de crainte rétrospective face aux difficultés françaises à s'imposer face à la Roumanie.
"Deschamps va leur tirer un peu les oreilles", espère à la mi-temps, Paterne, 33 ans, venu avec sa femme.
Côté Roumains, les supporters qui ont scandé "Romania" pendant tout le match, ont cru à la victoire après l'égalisation de Bogdan Stancu: "Avant le match, je pensais que c'était impossible, mais là la Roumanie joue vraiment bien: on va gagner!", assure Ruben, boulanger, qui vit depuis deux ans en France.
Jusqu'à la frappe de Payet, qui a douché leurs espoirs et libéré les supporters français. "On l'a attendu mais on l'a eu ce but", hurle Davis, 19 ans, alors que derrière lui la Tour Eiffel s'illumine en bleu-blanc-rouge.