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La France perd "son" Euro en finale, mais le tournoi aura été source de promesses pour l'avenir, mettant notamment en lumière de nouveaux leaders tels qu'Antoine Griezmann et Dimitri Payet et scellant la réconciliation des Bleus avec leur public.
. Objectif dépassé, malgré les absences
Blessures (Varane, Mathieu, Diarra, Debuchy), méforme (Valbuena) et affaires extra-sportives (Benzema, Sakho) ont amputé le groupe France d'une bonne partie de ses cadres avant l'Euro. Dans ces conditions, les Bleus ont fait mieux que l'objectif minimum de la Fédération française de football -- les demi-finales -- et quittent le tournoi la tête haute.
Certes, la France avait l'avantage d'évoluer devant son public et a disposé d'un parcours assez aisé en ne se frottant qu'à des adversaires de rang modeste (Roumanie, Albanie, Suisse au 1er tour, Eire en 8e de finale, Islande en quart de finale). Mais il a fallu que cette équipe remodelée à la hâte gère une immense pression. Elle a su se libérer petit à petit pour monter en puissance. Et elle a envoyé l'Allemagne, championne du monde en titre, au tapis en demi-finale (2-0).
En finale, la Selecçao a été plus réaliste, même sans Ronaldo blessé. Mais Didier Deschamps a pu s'apercevoir que la France avait des ressources et un réservoir finalement assez fourni. De quoi voir l'avenir et la campagne pour le Mondial-2018 en Russie avec une bonne dose d'optimisme.
. Deschamps a tenu le choc
Plus d'un entraîneur aurait vacillé devant l'avalanche de calamités subies durant la préparation. Pour ne rien arranger, il y a eu les accusations de racisme proférées par Eric Cantona et Karim Benzema. Mais Didier Deschamps a reçu tous ces chocs sans broncher, attendant que les polémiques se dégonflent.
Durant le tournoi, le sélectionneur a également tâtonné tactiquement mais il a à chaque fois rectifié le tir au bon moment et son coaching s'est avéré gagnant pour permettre aux Bleus de l'emporter sur le fil contre la Roumanie (2-1), l'Albanie (2-0) et l'Eire (2-1). Il a fait confiance à Samuel Umtiti et Moussa Sissoko contre l'Allemagne et a gagné.
Plus que sur son habituelle bonne étoile, Deschamps a surtout pu compter dans cet Euro sur sa capacité à encaisser les coups et à résister aux tempêtes.
. Griezmann a assumé
Antoine Griezmann, finaliste malheureux de la Ligue des champions avec l'Atletico Madrid au terme d'une saison pleine, a été propulsé leader technique des Bleus en l'absence de Karim Benzema, mis en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre Mathieu Valbuena. Avec 6 buts et 2 passes décisives, il a confirmé tout son talent, profitant notamment d'un recentrage autour d'Olivier Giroud qui ouvre de belles perspectives pour l'avenir.
Paul Pogba, lui, avait prévenu: il voulait "devenir une légende" et "révolutionner le milieu de terrain". Quatre matches durant, il a peiné à mettre un pied devant l'autre, écrasé par la pression qu'il s'est mise tout seul. Et son seul geste technique remarqué fut jusque-là un semblant de bras d'honneur supposé contre l'Albanie. Son sursaut d'orgueil contre l'Islande, avec un but rageur de la tête, a été suivi d'un splendide gri-gri amenant le 2e but des Bleus contre l'Allemagne.
Dimitri Payet, Olivier Giroud, trois buts chacun ont aussi assuré, même si le Réunionnais a ensuite disparu des écrans radar en finale. N'Golo Kanté mérite d'être revu.
. Engouement crescendo
Dès le rassemblement du 17 mai à Biarritz, les Bleus se sont sentis à la maison. Dans l'enceinte d'Aguilera, que le Biarritz Olympique n'a jamais remplie une seule fois en Pro D2 cette saison, les Bleus ont fait stade comble. Plus de 9.000 personnes ont assisté à chaque séance d'entraînement sur quatre jours. Déjà palpable, la ferveur populaire n'a fait que grandir par la suite.
Contre le Cameroun (3-2) et l'Ecosse (3-0), à Nantes et Metz, La Beaujoire et Saint-Symphorien ont été à guichets fermés et le soutien quasi unanime, hormis quelques rares sifflets nantais qui ont froidement accueilli Olivier Giroud. Ce furent les seuls.
Si du cadre bucolique et secret du Centre National du football de Clairefontaine, les Bleus ont souvent été coupés de l'effervescence qu'ils ont suscitée, leurs déplacements à Saint-Denis, Marseille, Lille, Lyon les a ramenés à cette réalité, avec en point d'orgue l'énorme soutien du Vélodrome en demi-finale, puis la foule devant leur hôtel parisien avant la finale.
Malgré la finale perdue, les Bleus ont scellé définitivement la réconciliation avec le public français, entamée il y a deux ans lors d'un Mondial brésilien plein de promesses. Le séisme du Mondial-2010, avec la grève d'entraînement à Knysna, n'est plus qu'un lointain souvenir.