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Les jours qui viennent diront si ce match longtemps irrespirable a été fondateur: l'équipe de France espère s'être libérée pour la suite de l'Euro-2016 après son succès in extremis contre la Roumanie (2-1), qui lui a offert un nouveau leader d'attaque, Dimitri Payet.
Ce match d'ouverture a aussi soulevé des questions sur les cas Griezmann et Pogba, très attendus mais très décevants.
. Une victoire libératrice
Tétanisés par l'enjeu, paralysés par la pression, les Bleus ont tremblé face aux Roumains mais le fait d'avoir arraché la victoire au bout du suspense est peut-être le déclic dont ils avaient besoin pour lancer leur tournoi.
Au lendemain du match, le sélectionneur Didier Deschamps ne peut pas occulter la performance globalement décevante de ses troupes, à mille lieux de leurs prestations flamboyantes durant les matches amicaux. Il ne pourra pas toujours compter sur un Dimitri Payet en lévitation pour sauver la patrie en fin de match. Mais le coeur y était et c'est ce qui importe le plus dans ce genre de rendez-vous.
Au-delà de l'aspect mental pour les joueurs, ce succès a d'autres vertus, non négligeables. Avec la nouvelle formule de l'Euro, à 24 équipes, les quatre meilleurs troisièmes des poules seront qualifiés pour les 8e de finale. Avec trois points, la France a donc déjà quasiment son billet en poche et va pouvoir gérer plus tranquillement ses deux prochains obstacles du 1er tour, l'Albanie (mercredi à Marseille) et la Suisse (le 19 juin à Lille).
Et la victoire de vendredi n'a pas été bonne que pour le moral des Bleus. Dans un pays traumatisé par les attentats du 13 novembre, le Stade de France est redevenu l'espace d'un match un lieu de fête autour de l'équipe de France, même si les communions autour du sport peuvent sembler futiles voire illusoires.
"Il y a tellement de passion et de ferveur derrière cette équipe... Les joueurs le sentent et ça donne des obligations", a glissé Deschamps.
. Une star est née
Un but venu d'ailleurs, une passe décisive sur l'ouverture du score d'Olivier Giroud et des larmes d'émotion qui le rendent d'autant plus attachant: la victoire contre la Roumanie est le chef d'oeuvre de la carrière internationale de Dimitri Payet, déjà sacré première star de l'Euro.
Cela faisait longtemps que les Bleus n'avaient pas compté en leur sein un joueur avec autant d'influence dans le jeu. En l'espace de 90 minutes, ils se sont subitement trouvé un patron et un leader technique.
Ce rôle devait initialement échoir à Paul Pogba ou à Antoine Griezmann et personne n'aurait pu prévoir en début de saison que Payet endosserait le costume du héros. Mais le joueur de West Ham a passé un cap, lui dont les apparitions en équipe nationale étaient si ternes avant son arrivée en Angleterre l'été dernier.
Depuis son retour en bleu en mars, c'est la métamorphose totale avec trois buts en cinq rencontres, tous plus beaux les uns que les autres. Tant que Payet évoluera à ce niveau, Deschamps et ses hommes auront un guide capable de montrer la voie.
. Les inquiétudes Pogba, Griezmann
Pogba et Griezmann doivent une fière chandelle à Payet. La folle soirée du Réunionnais a quelque peu occulté leur échec face à la Roumanie mais leurs prestations, indignes de leur statut, ont de quoi préoccuper Deschamps.
Payet ne pourra pas éternellement être l'arbre qui cache la forêt et le sélectionneur a tout intérêt à trouver rapidement la formule miracle pour réveiller ses deux vedettes.
Que Griezmann manque de jus était prévisible. Après une saison au long cours avec l'Atletico Madrid, l'attaquant n'a rejoint le groupe France en stage en Autriche que le 31 mai, soit trois jours après sa défaite (et son pénalty raté) en finale de la Ligue des champions. Il était difficile de le voir dans une condition physique optimale avec à peine dix jours de préparation et seulement 45 minutes dans les jambes contre l'Ecosse (3-0), le 4 juin en amical.
La situation est plus problématique pour Pogba. C'est surtout l'attitude sur le terrain du milieu de la Juventus Turin qui intrigue. Comme il y a deux ans au Mondial, la pépite des Bleus, celui que les plus grands clubs s'arrachent, donne la fâcheuse impression de jouer à contre-temps et de ne pas se soucier vraiment du collectif.
"Il peut mieux faire. Je ne vais pas être trop dur avec lui", a euphémisé le sélectionneur.
Pour lui, il n'est pas question de se focaliser sur ces deux joueurs, fussent-ils d'énormes stars, et d'en faire des cas à part. En les sortant avant le coup de sifflet final (66e pour Griezmann, 77e pour Pogba), il leur a clairement signifié qu'ils ne bénéficieraient d'aucun passe-droit.