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La Russie, hôte du Mondial-2018, et l'Angleterre seront disqualifiées de l'Euro-2016 en cas de nouvelles violences: l'UEFA, qui gère le tournoi, a haussé le ton dimanche après les rixes entre supporters russes et anglais au stade et en ville à Marseille samedi.
Les scènes de guérilla urbaine sur le Vieux-Port avant Angleterre-Russie (1-1) puis les bagarres au Vélodrome à la fin du match ont largement écorné l'image du troisième événement sportif mondial. L'UEFA a donc voulu se montrer ferme en menaçant l'Angleterre et la Russie d'une "éventuelle disqualification si de telles violences devaient se reproduire".
Cet avertissement est pris "avec le plus grand sérieux" par la Fédération anglaise (FA), a répondu son directeur général, Martin Glenn.
Parallèlement à cette menace d'exclusion, une procédure disciplinaire a été ouverte contre la Russie à cause des échauffourées provoquées par une charge de ses fans dans le stade au coup de sifflet final.
Les violences dans les rues de Marseille ont fait 35 blessés, dont trois dans un état grave. Le fan anglais qui était entre la vie et la mort samedi est dans "un état stable", a indiqué dimanche la préfecture de région à l'AFP.
Dix personnes - des Anglais, un Autrichien, un Allemand, des Français et des Russes - étaient en garde à vue dimanche. Plusieurs seront renvoyés en comparution immédiate lundi.
Au total depuis vendredi, les autorités françaises ont procédé à 116 interpellations pour violences, qui ont donné lieu à 63 gardes à vue, trois expulsions du territoire et cinq interdictions d'entrée sur le sol français, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués dimanche soir.
- Alcool et protège-dents -
L'AFP à Moscou a joint par téléphone un hooligan russe, responsable de relations publiques dans une entreprise et père de deux enfants, qui a fait l'aller-retour Moscou-Marseille en moins de 48H. "Nous sommes venus démontrer que les Anglais sont des fillettes (...) Perdre contre eux revient à perdre notre honneur", a affirmé cet homme, qui ne veut être identifié que par son prénom, Vladimir.
Ces violences ont entraîné un débat sur la consommation excessive d'alcool par les supporters, qui a poussé le gouvernement à réagir.
"La vente, la consommation et le transport de boissons alcoolisées" seront interdits "les veilles et jours de match et les jours d'ouverture des fan zones dans les périmètres sensibles", a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, sans préciser de quels périmètres il s'agit.
Y aura-t-il une revanche après les rixes sur le Vieux-Port? La presse britannique le craint: le prochain match des Russes aura lieu mercredi à Lille et celui des Anglais le lendemain, à 40 km, à Lens, ce qui pourrait favoriser de nouveaux heurts entre supporters.
En affichant sa fermeté, l'UEFA veut justement éviter que les affrontements ne fassent tache d'huile.
Le risque est toujours là: de brèves échauffourées ont éclaté dimanche sur la Grand-Place de Lille entre supporters ukrainiens et allemands quelques heures avant le match Allemagne-Ukraine, a constaté un photographe de l'AFP.
Selon une source policière allemande sur place interrogée par le SID, filiale de l'AFP, 50 hooligans allemands connus ont participé à ces bagarres. Aucune interpellation n'a eu lieu.
En revanche, la police allemande a annoncé que 21 hooligans avaient été arrêtés avant d'entrer en France. Certains transportaient des protège-dents et des casques à bord de leur minibus et prévoyaient d'arriver via le Luxembourg, a détaillé l'agence allemande dpa.
Enfin, selon la préfecture du Nord, "25 personnes défavorablement connues des services de police français ou étrangers se sont vu interdire l'entrée en France à la frontière belge".
Sur le terrain, l'Allemagne championne du monde a battu l'Ukraine 2-0, devant un spectateur particulier: le gendarme Daniel Nivel, grièvement blessé par des hooligans allemands à Lens lors du Mondial-1998 et invité par la Fédération allemande. Un symbole fort au terme d'un week-end terni par les violences.
- Dispositif renforcé -
Deux autres matches ont eu lieu dimanche. Le premier, Turquie-Croatie (0-1) au Parc des Princes à Paris, était classé à risques.
Il s'est déroulé sans encombre, même si une cinquantaine de personnes en tenue sombre, vraisemblablement des supporteurs parisiens, ont défié des supporters croates avant le match, selon une source policière. Mais les CRS ont rapidement dispersé les fauteurs de troubles. Quinze personnes ont été interpellées.
Plus de 1.500 membres des forces de l'ordre avaient été déployés pour sécuriser le Parc des Princes et la fan zone sur le Champ-de-Mars.
En début de soirée, la Pologne a battu l'Irlande du Nord à Nice (1-0), où des bagarres impliquant des supporters nord-irlandais avaient également éclaté samedi.
La gestion des flux de supporters pose toujours des questions pour les autres matches à risques: Allemagne-Pologne jeudi au Stade de France, Angleterre-Pays de Galles le même jour à Lens, et enfin Ukraine-Pologne, une nouvelle fois à Marseille, le 21 juin, jour de la fête de la musique, événement qui draine une foule nombreuse dans la rue jusque tard dans la nuit.
L'UEFA a reconnu "des problèmes de séparation" entre supporters au Vélodrome et promet un "dispositif renforcé" du personnel de sécurité dans les stades de l'Euro-2016.