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Le bleu se répand sur la France et le pays, qui rêve d'un triomphe à domicile, entame fiévreusement la toute dernière ligne droite vers la finale de l'Euro, dimanche à 21h00 contre le Portugal de Cristiano Ronaldo.
Cette dernière ligne droite, les deux équipes s'y sont engagées elle aussi, dans des cars à leurs couleurs et sous les encouragements de leurs supporters: Portugais et Français ont chacun pris la route vers le Stade de France, à 18h20 pour les premiers et 18h50 pour les seconds.
Gagné par la folie du ballon rond, le pays-hôte n'imagine pas d'autre issue que le succès après l'exploit réalisé contre les quadruples champions du monde allemands en demi-finale (2-0).
Cette douce euphorie qui les berce depuis jeudi, les Français aimeraient la prolonger. Meurtrie par les attentats de 2015, plombée par un climat social toujours lourd, la France veut une parenthèse enchantée.
Et dans la chaleur d'une fin de journée estivale, le pays trépigne d'impatience avant ce rendez-vous tant attendu.
Les scènes sont les mêmes dans les fan zones des dix villes-hôtes qui ont accueilli des matches lors du mois de compétition: des centaines de supporters affluent, drapeaux tricolores, maillots des Bleus floqués des noms de Griezmann et Pogba, perruques et maquillage bleu-blanc-rouge, pour regarder le match sur écran géant.
La plus grande de France (90.000 places) sera pleine à craquer. Elle est installée à Paris, près de la Tour Eiffel, dont la silhouette connue dans le monde entier est un aimant à selfies pour les fans qui arrivent. "On peut mettre deux buts sans en prendre un. Si on écarte Ronaldo, à tous les postes on a de meilleurs joueurs", assure Christophe, un fan français.
"Que la France se regarde, qu'elle s'aime davantage! Si l'équipe de France peut y contribuer, elle aura réussi son championnat", a plaidé le président de la République François Hollande à quelques heures de la rencontre.
- Deschamps contre Ronaldo -
Au Portugal aussi la fièvre monte, car ce pays aime le foot à la folie. Sur la place du Commerce à Lisbonne, les supporters ont également les joues colorées, mais en vert et rouge. Ils arrivent pour s'assurer les meilleures places devant l'écran géant installé dans la fan zone face aux rives du Tage.
"Le Portugal l'emportera", assure Paulo Pinto, un fan du Benfica
qui ne cache pas sa nervosité. Il souhaite de tout son coeur que son pays exorcise le traumatisme de la finale de l'Euro perdue à domicile en 2004 contre la Grèce (1-0), qui avait fait fondre en larmes Cristiano Ronaldo, alors jeune prodige de 19 ans.
Pour le Portugal, une victoire serait une première. Pour la France, un nouveau titre à domicile perpétuerait une tradition nationale après ceux de 1984 (Euro) et 1998 (Mondial), sans compter l'Euro-2000 gagné à Rotterdam.
Chaque sacre des Bleus a eu son icône: Zinédine Zidane en 1998, Michel Platini en 1984. Ces deux monstres sacrés ont peut-être trouvé leur successeur avec Antoine Griezmann. Le joueur de l'Atletico Madrid, 25 ans, est le meilleur buteur de l'Euro avec six réalisations en six rencontres.
Les Bleus peuvent aussi se réfugier derrière leur éternel porte-bonheur, le sélectionneur Didier Deschamps.
Le capitaine des champions du monde et d'Europe 1998 et 2000, visage de la gagne en France avec Zinédine Zidane, peut devenir le premier à rafler un Euro en tant que joueur titulaire et entraîneur.
"C'est un moment privilégié, une chance unique parce qu'il y a un titre au bout. Je n'ai pas de stress mais de l'adrénaline", expose calmement Deschamps.
- Deschamps contre Ronaldo -
Invaincus contre les Portugais en phase finale de grand tournoi, les Français doivent toutefois éviter de bomber le torse trop tôt.
"La France joue chez elle, c'est naturel qu'elle soit favorite. Mais le Portugal doit gagner", a dit d'un ton bonhomme le sélectionneur Fernando Santos, peu préoccupé par les critiques sur le jeu fermé de sa sélection.
L'élément-clé de cette confiance, c'est une superstar du foot mondial, une icône autant adulée pour son jeu que raillée pour des attitudes jugées arrogantes: Cristiano Ronaldo.
Le crack du Real Madrid a tout gagné en clubs mais reste bredouille en équipe nationale. A 31 ans, le play-boy multimillionnaire n'a pas le droit de laisser passer l'occasion, qui pourrait lui valoir un quatrième Ballon d'Or.
Lui et ses coéquipiers joueront quasiment à domicile: la communauté portugaise en France est estimée à 1,2 million de personnes (en comptant les binationaux et les descendants d'immigrés) et les liens entre les deux pays sont très forts.
Sécurité oblige, même si les joueurs français gagnent le titre, il n'y aura pas de parade sur les Champs-Elysées lundi, contrairement à 1998. Les célébrations pourraient avoir lieu sur l'avenue Foch, qui débouche elle aussi sur l'Arc de Triomphe, en partant de la porte Dauphine, à l'ouest de la capitale.
Un dispositif exceptionnel de sécurité est prévu dimanche avec 3.400 policiers et gendarmes sur les Champs-Elysées pour l'après-match.