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L'un est un des leaders techniques de l'équipe de France, l'autre son leader de vestiaire rompu à l'exercice des grands matches, mais Paul Pogba comme Patrice Evra, accablés par la pression, ont raté leur entrée dans l'Euro-2016, vendredi contre la Roumanie (2-1).
. Pogba, ça pioche
Va-t-on assister au même film qu'en 2014? C'est ce que doit espérer le sélectionneur Didier Deschamps après la première sortie inquiétante du milieu de la Juventus Turin à l'Euro. Il y a deux ans au Brésil, l'ex-joueur de Manchester United avait également débuté le Mondial en mode mineur, ce qui ne l'avait pas empêché de se muer en héros en 8e de finale face au Nigeria (2-0) et de rafler le prix du meilleur jeune.
Pour le moment en tout cas, c'est le Pogba des mauvais jours qui a démarré l'Euro. Sans être catastrophique, le champion du monde des moins de 20 ans (en 2013) a très peu pesé sur le jeu français, laissant le beau rôle à la nouvelle star, Dimitri Payet. Il y a surtout cette propension à en faire trop, à se perdre dans des dribbles inutiles au lieu de jouer plus simplement. Si la France a eu tant de mal à se dépêtrer de la Roumanie, la prestation insipide de Pogba n'y est sans doute pas étrangère.
Comme ses équipiers, "la Pioche" a sûrement été victime de la tension générée par le prestige du match d'ouverture. Mais il y a aussi la pression que le joueur s'est mise lui-même.
En proclamant haut et fort son ambition de "devenir une légende", il a placé la barre très haut. Voire trop haut.
Conscient qu'il faut manier un tel diamant avec doigté, Deschamps n'a pas souhaité accabler Pogba vendredi, même s'il l'a sorti à la 77e minute. "Il peut mieux faire. Je ne vais pas être trop dur avec lui. Potentiellement, il est capable de nous apporter plus que ce qu'il nous a apporté ce soir", a-t-il déclaré.
. Evra, ça coince
"Ce n'est pas parce qu'on est plus expérimenté... À vouloir trop bien faire, on se met inconsciemment trop de pression." Ainsi parlait Deschamps à propos d'Evra en conférence de presse pour expliquer la fébrilité de son latéral gauche pour ce premier match.
Le joueur de la Juventus Turin a en effet énormément souffert sur le côté gauche de la défense, souvent battu dans les duels et à la course par ses vis-à-vis. Défensivement friable, il a relancé les Roumains en provoquant le penalty transformé par Bogdan Stancu. Une si médiocre entrée en matière était plutôt inattendue de la part d'un joueur aussi expérimenté (35 ans, 73 sélections depuis 2004) et qui vient de prolonger son contrat avec la "Vieille Dame".
"Je n'ai pas trouvé Patrice autant en difficulté que cela, l'a toutefois défendu Deschamps ensuite. Il fait une faute, il ne se retient pas. Défensivement, on a été plutôt bien, et Patrice fait partie de cette ligne défensive."
"Il y avait beaucoup d'appréhension, reconnaissait l'intéressé. Je peux mieux faire. J'étais énervé de créer ce penalty pour mes coéquipiers, c'est ma nature. Mais bon, je n'ai rien lâché, j'ai joué mon football."
Un football qu'il va tout de même devoir vite améliorer dans sa tâche défensive, sous peine de connaître d'autres moments pénibles dans cet Euro, même si sur le plan offensif, son apport a été plus intéressant, notamment dans sa relation avec Payet.
Si son rôle de leader de vestiaire revêt une très grande importance, il ne peut se résumer qu'à ça et Evra doit très vite retrouver ses vertus défensives.