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"Les coupes de cheveux de Paul, ça vient de moi, je change tout le temps!" Yeo Moriba éclate d'un rire sonore en arrangeant son brushing roux: au-delà de ses conseils capillaires, cette femme a su tenir tête à Aulas ou Ferguson pour défendre son fils, la star des Bleus Paul Pogba.
Mère de trois enfants, elle les a tous amenés au football professionnel, puisque les jumeaux Mathias et Florentin (25 ans) évoluent respectivement à Wrexham (3e div. anglaise) et Saint-Étienne, et sont internationaux avec la Guinée.
"Ils ont toujours joué, toujours. Il fallait les appeler quatre, cinq fois au city football, je criais au balcon: +Rentrez! Il est l'heure!+", explique-t-elle hilare, dans l'appartement de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), cadeau de Paul.
Cette musulmane pratiquante "remercie tous les jours le Bon Dieu, il leur a offert un don". Mais il a fallu aussi beaucoup de travail et une mère aimante pour les accompagner sur tous les terrains de la région parisienne.
"J'ai fait beaucoup de sacrifices pour mes enfants", poursuit Yeo, mais le foot a "beaucoup compté dans l'éducation, parce que ça les calmait. Mes garçons étaient tout le temps en mouvement, ça bougeait trop! Quand ils revenaient du sport, ils s'étaient dépensés".
- Il pleure chez Ferguson -
Doués aussi pour le ping-pong, les frères Pogba finissent par se consacrer au foot. Et comme ils ont du talent, leur mère "a commencé à recevoir beaucoup d'appels de recruteurs", dit-elle.
Mais dans la fratrie, c'est Paul "le plus doué, depuis tout petit", assure-t-elle. Il tape ainsi dans l'oeil du Havre, mais le club normand, mal avisé, ne lui offre qu'un contrat d'aspirant classique, et laisse son diamant filer à Manchester United en 2009.
Forte personnalité, Yeo se montre alors intransigeante face à Jean-Michel Aulas, le patron des présidents de clubs français qui ne souhaite pas que Paul donne le mauvais exemple en quittant la France à 15 ans.
"Là, la maman est intervenue. Je n'ai pas apprécié qu'on nous prenne de haut, j'ai haussé le ton. Ça leur a fait bizarre..." s'amuse Yeo.
Elle prend en pleine face la campagne de presse contre le transfert de l'adolescent Pogba, comme Gaël Kakuta à la même époque.
"Ça m'a choqué! s'emporte-t-elle. On a écrit qu'on m'a donné une maison là-bas, mais c'était faux! On m'accusait d'avoir vendu l'enfant!"
Puis, après deux ans à ManU, la mère de Paul va monter encore une fois au créneau et affronter le légendaire entraîneur Alex Ferguson!
"J'ai dit: +Quoi? Ferguson chez moi! Et il est venu tout seul+", raconte Yeo en riant encore. Le manager des Red Devils veut négocier, mais c'est trop tard. "Nous nous sommes réunis avec ses frères et nous avons décidé: il ne re-signe pas", tranche-t-elle.
"Ferguson l'a puni, il ne le faisait pas jouer, Paul était seul. Il a même pleuré dans le bureau de Ferguson pour la façon dont on l'a traité", raconte Yeo.
- "On ne peut pas me tromper" -
Le clan Pogba a mal pris que ManU rappelle un autre Paul, Scholes, de sa retraite plutôt que de donner sa chance au numéro 6. Cette fois c'est décidé, il part, direction la Juve, où il va exploser.
Yeo Moriba s'amuse aujourd'hui de ces épisodes: "Maintenant, je connais quand même un peu le monde du foot, on ne peut pas me tromper", s'amuse-t-elle.
Pour autant elle ne veut absolument pas qu'on la traite de manager. "On me consulte, simplement, dit-elle. Ils me respectent tous les trois, et ils m'écoutent".
"Sa mère est la seule personne que Paul écoute tout le temps", estime un proche de la famille.
Si les parents ont divorcé quand Paul avait deux ans et demi, la fratrie est restée très soudée et vibrera à l'unisson cet été.
"Ça l'obsède, dit Yeo, il me dit: +Il faut qu'on gagne l'Euro, on a l'avantage que ça se passe à la maison!+".