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Après de premiers incidents la veille, de nouveaux heurts entre supporteurs ont eu lieu vendredi soir à Marseille, relançant les craintes liées au hooliganisme pendant l'Euro-2016, alors que deux des cinq matches classés à risques auront lieu ce week-end.
Sur le Vieux-Port de Marseille, plusieurs dizaines de supporters ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes. Selon le préfet de police Laurent Nunez, les policiers ont "séparé des groupes d'Anglais et de Russes", dont les sélections se rencontrent samedi (21H00) au Vélodrome. Il n'y a pas eu d'incidents majeurs, a-t-il ajouté.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des incidents avaient déjà éclaté, un groupe de 250 supporters britanniques s'en prenant à la police.
Des comportement condamnés vendredi après-midi par la Fédération anglaise (FA), "vraiment" déçue par ces scènes de violences avant Angleterre-Russie, l'un des cinq matches du premier tour de l'Euro classés à haut risque. Un dispositif policier renforcé, avec l'arrivée de forces mobiles, est prévu en prévision de la venue d'autres supporters russes et anglais.
Car si les principales craintes portent sur la menace d'attentats pendant l'Euro, le risque de débordements provoqués par des supporters violents ne peut être écarté.
Plusieurs pays en lice sont souvent accompagnés de hooligans (Russie, Croatie, Angleterre, Allemagne...).
"Nous n'avons pas négligé ce facteur parce qu'il peut exister", a déclaré à l'AFP cette semaine Ziad Khoury, responsable de la sécurité au sein du comité d'organisation de l'Euro.
La liste n'est pas officielle, mais cinq matches sont classés "niveau 3" sur une échelle de risques de 4 et feront l'objet d'un dispositif de sécurité renforcé.
Outre Angleterre - Russie (Gr. B), il s'agira de Turquie - Croatie, dimanche au Parc des Princes à Paris (Gr. D), Allemagne - Pologne (Gr. C, le 16 juin au Stade de France), Angleterre - Pays de Galles (Gr. B, le 16 juin à Lens) et Ukraine - Pologne (Gr. C, le 21 juin, encore à Marseille).
- Renforts étrangers -
Pour lutter contre le hooliganisme, le gouvernement a inauguré lundi à Lognes, en Seine-et-Marne, un Centre de coopération policière internationale (CCPI), sorte de tour de contrôle durant l'Euro.
180 policiers des 23 pays étrangers participant à la compétition sont arrivés en France lundi. Une cinquantaine seront affectés à ce centre et ont "une connaissance précise des violences liées à leurs supporters respectifs", a expliqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, selon qui ils "pourront aider à anticiper les troubles éventuels".
Les 130 autres seront déployés dans les dix villes-hôtes (Bordeaux, Lille, Lens, Lyon, Marseille, Nice, Paris, Saint-Denis, Saint-Etienne et Toulouse) en renfort de la police française pour identifier et traquer les éventuels hooligans. Le symbole est fort: sur le territoire français, ces policiers étrangers seront armés et vêtus de leur uniforme national.
Des physionomistes (spotters dans le jargon du foot), certains en uniforme, d'autres en civil, seront également chargés d'évaluer les situations à risques et de repérer d'éventuels fauteurs de troubles.
Au centre des attentions, les fan zones et les endroits des villes où les supporteurs sont le plus susceptible de se rassembler.
Le gouvernement a également pris des mesures administratives pour empêcher l'entrée en France de supporters violents interdits de stade dans leur propre pays.
Une cellule interministérielle de crise a aussi été lancée en fin d'après-midi et sera activée pendant toute la compétition pour tout ce qui relève de la sécurité.
Cette cellule "permettra de coordonner en permanence toutes les administrations susceptibles d'intervenir tout au long de cette grande compétition sportive", a expliqué Bernard Cazeneuve.
La France garde un souvenir traumatisant du hooliganisme: lors du Mondial-1998, en marge du match Allemagne - Yougoslavie, le gendarme mobile Daniel Nivel avait été agressé par des hooligans allemands à Lens. Grièvement blessé, il avait passé plusieurs semaines dans le coma et a gardé de sévères séquelles.
M. Nivel a été invité par la Fédération allemande (DFB) pour assister au premier match de la Mannschaft à l'Euro contre l'Ukraine dimanche à Lille.