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Science tactique, un peu de vice et beaucoup de football: présentée comme victime expiatoire de cet Euro-2016, l'Italie a déjoué les pronostics en un seul match parfaitement maîtrisé contre la Belgique (2-0), l'air de rien, comme d'habitude.
Les "Azzurri" ne dégustent même pas leur revanche. "C'est le terrain qui parle", répond Emanuele Giaccherini.
Poussé sur le thème de la revanche, le héros de Lyon, premier buteur, ne cherche même pas à faire taire les critiques qui accompagnaient l'Italie avant le tournoi. "Non, non, insiste-t-il, ce match a démontré qu'on peut battre n'importe qui, mais une fois qu'on a dit ça, il faut se remettre au travail, nous n'avons encore rien fait".
Thiago Motta aussi reste beau joueur. "Les critiques sont normales, si on gagne ça va changer, et si on perd on sait qu'elles reviendront", philosophe le Parisien, entré en fin de match lundi soir pour ralentir le jeu et prendre un carton jaune "fiscal" sur une faute coupant un élan belge.
Un geste qui entre dans les "qualités typiques des Italiens", selon le génial passeur du premier but, Leonardo Bonucci, citant parmi elles "un peu de cynisme".
Ni les joueurs ni l'entraîneur Antonio Conte, l'architecte du succès, ne la ramènent trop. Finalement les plus beaux compliments viennent de l'adversaire. "Tactiquement, ils nous ont surclassés et surpassés", admet le gardien Thibaut Courtois.
Avec ses attaquants à 10 sélections de moyenne, l'Italie n'a pas la "classe que l'on pouvait avoir par le passé", reconnaît Gianluigi Buffon, qui a joué depuis 1998 avec des générations plus douées, celles de Roberto Baggio, Francesco Totti ou Andrea Pirlo. Mais elle a su contre les Belges exploiter 100% de son potentiel.
- "Le chef d'?uvre de Conte"
Graziano Pellè en est un beau symbole. Le grand attaquant peut manquer d'inspiration devant le but, mais il travaille comme un chien, tient le bloc haut, et a même fini par marquer d'une jolie volée.
En faisant la leçon à un des favoris de l'Euro, la Nazionale a aussi retourné le pays, qui n'y croyait pas beaucoup avant le coup d'envoi. De nombreux observateurs se demandaient si cette équipe n'était pas la plus faible jamais envoyée par l'Italie dans une grande compétition.
Mardi matin la presse avait changé de ton. Le Corriere dello sport éditorialisait sur "Le chef d'?uvre de Conte. Les plus braves battent les plus forts", allusion à une vieille phrase de Gianluigi Buffon, ressortie avant le match, rappelant que ce ne sont pas toujours les plus forts qui gagnent mais parfois les plus courageux.
La Gazzetta dello sport y a aussi vu un "Miracle de Conte", dont le travail tactique répétitif a porté ses fruits.
Il Messaggero, le quotidien romain, a vu "du c?ur et du jeu", pas seulement du "catenaccio", donc.
"Surprise, l'Italie se fait belle", a salué La Repubblica, avec un éditorial titré: "Merveilles et sacrifice" en hommage au talent collectif de cette Italie.
"Jusqu'ici nous sommes les meilleurs", s'emballe même La Stampa.
Attention à ne pas envoyer le balancier trop loin de l'autre côté. Le sage Buffon préfère conclure que "ce n'était pas une grande Italie, mais c'était une grande victoire". Qui en appelle d'autres? La Suède de Zlatan Ibrahimovic, son adversaire vendredi à Toulouse, tremble déjà.