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Montage de photos de supporters prises pendant l'Euro-2016 de football
Co-auteur de l'étude sur l'impact économique de l'Euro-2016 de foot, Christophe Lepetit, expert au Centre de droit et d'économie du sport (CDES) note que la venue massive de supporters étrangers en France durant l'Euro a permis à la France d'enregistrer l'impact financier attendu.
Les retombées économiques du tournoi sont estimées à 1,2218 milliard d'euros, dont 596 ME pour les dépenses d'organisation et 625,8 pour les dépenses touristiques.
Q: En 2014, le CDES prévoyait 1,26 milliard de retombées économiques pour l'Euro-2016. Votre bilan post-événement s'établit à 1,22 md. L'étude d'impact est-elle une science exacte?
R: "Les résultats ne sont pas éloignés pour plusieurs raisons. D'abord, nous avions, en 2014, déjà accès aux données de l'UEFA. Les 596 ME de retombées pour le volet organisation étaient donc prévisibles. Sur le plan des dépenses touristiques, nous avions sous-évalué la proportion des supporters étrangers (les seuls pris en compte dans l'étude, NDLR) en tablant sur un ratio de 40% alors qu'ils ont représenté 60% des spectateurs, et nous avions sous-estimé le panier moyen de leurs dépenses qui ont atteint près de 1000 euros par séjour et par personne. En revanche, il y a eu un impact moins important qu'attendu pour les fan-zones car la fréquentation y a été plus faible qu'escomptée en raison du contexte sécuritaire. Globalement, cela s'équilibre dans le résultat final pour donner un impact touristique de 625,8 ME."
Q: Votre étude ne prend pas non plus en compte les dépenses engagées par la France pour organiser l'Euro...
R: "Non. Nous avons fait une étude d'impact et non une analyse coûts-bénéfices. Il est extrêmement difficile de savoir combien a couté l'Euro. On sait que l'Etat a débloqué 160 ME pour la construction/rénovation des stades, 24 ME pour la sécurité mais les collectivités locales ont également dépensé beaucoup d'argent pour les stades et la mise en oeuvre des fan-zones et de l'animation. La seule chose que l'on peut affirmer c'est que dans un contexte économique difficile, l'Euro a généré 1,22 Md d'euros. On ne sait pas combien un autre projet aurait injecté dans l'économie. C'est la notion de coût d'opportunité. On ne pourrait dire si l'Euro a été une dépense légitime qu'en sachant combien l'investissement d'une somme identique dans la culture ou l'éducation par exemple, aurait généré de retombées".
Q: Pourquoi n'avoir pas comptabilisé les dépenses des supporters français?
R: "C'est une règle de base des études d'impact. Nous avons éliminé les dépenses des Français en raison de ce que l'on appelle l'effet de substitution: s'ils n'avaient pas dépensé d'argent pour l'Euro, les supporters français l'auraient dépensé ailleurs dans l'économie. De la même manière, nous avons estimé à 165 ME le manque à gagner lié à l'effet d'éviction, c'est à dire l'effet décourageant d'un événement comme l'Euro sur un certain nombre de touristes."
Q: Avez-vous déjà réalisé une étude prospective sur les Jeux de 2024 pour lesquels la France est candidate?
R: "Pour l'Euro nous avons, à la demande du ministère, réalisé une étude sur l'impact économique de court terme de la visite de supporters étrangers en France. Pour le comité de candidature de Paris-2024, nous avons rendu en juin dernier une étude complétement différente qui prend en compte, sur la période 2017-2030, l'impact financier mais également l'héritage social et territorial. Nous les avons estimé dans une fourchette de 5 à 11 milliards d'euros."
Q: L'Euro-2016 a-t-il eu un impact sur l'emploi en favorisant des emplois pérennes?
R: "Certainement un tout petit peu. Mais l'événementiel sportif est un secteur ou l'emploi est éphémère par nature. Cela génère cependant une activité qui permet de donner une première expérience positive à des jeunes, une expérience qui pourra être valorisée dans le futur."