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L'équipe de France tangue, manque de repères et de réserves, mais trace sa route: l'Euro-2016 n'est pas de tout repos pour la bande de Didier Deschamps, pourtant qualifiée pour les 8e de finale avant un rendez-vous contre la Suisse, déterminant pour la suite de son parcours.
. Le coeur y est, pas le jeu
Le jeu laisse à désirer, les supporters ont des sueurs froides mais la France peut au moins s'appuyer sur un état d'esprit et une volonté de fer, qui compensent pour l'instant ses carences collectives. Difficile de prédire jusqu'à quand les Bleus pourront se contenter d'un tel déficit dans l'animation, mais la victoire et le ticket pour les 8e de finale suffisent largement à leur bonheur après deux rencontres remportées sur le fil du rasoir face à la Roumanie (2-1), vendredi au Stade de France, et l'Albanie (2-0), mercredi à Marseille.
Jusqu'à quand? Le contexte particulier du match d'ouverture pouvait expliquer la bouillie bleue contre les Roumains. Mais cette justification est un peu courte à l'heure de faire le bilan du succès arraché face aux faibles Albanais. Dans ces conditions, le duel de dimanche contre la Suisse, décisif pour le gain du groupe A, s'apparente à un véritable juge de paix pour cette équipe de France, encore lestée de lourdes interrogations.
. Griezmann lancé, Pogba recadré
Dans cet océan d'incertitudes, Deschamps peut au moins se réjouir du bon coup réalisé avec Antoine Griezmann. Remplaçant au coup d'envoi après ses débuts décevants dans le tournoi, le finaliste malheureux de la Ligue des champions est sorti du placard pour libérer les Bleus à la dernière minute mercredi. De quoi le requinquer et le rebooster, lui qui est arrivé tardivement en stage de préparation et semblait accuser le coup physiquement.
"Antoine, je le gère. Je sais qu'il n'est pas content mais il a eu une saison éreintante et on a trois matches en neuf jours", a expliqué Deschamps.
Le cas Pogba est beaucoup plus complexe. Le surdoué de la Juventus Turin, qui claironne à trop haute voix son ambition de devenir "une légende", avait besoin d'être remis à sa place. Son entrée à la pause au Vélodrome n'a pas été des plus brillantes, mais il s'est au moins appliqué à jouer simplement, loin de sa propension agaçante à vouloir évoluer en soliste. Le message est donc passé.
"Il n'aurait pas fait cette entrée, s'il n'avait pas compris", a d'ailleurs affirmé Deschamps.
. Peu de solutions alternatives
La première période contre l'Albanie l'a prouvé: l'équipe de France manque de réserves sur le banc. Le passage momentané au 4-2-3-1 et les titularisations des deux jeunes Anthony Martial et Kingsley Coman, tous deux âgés de 20 ans, ont été des échecs cuisants et Deschamps a été obligé de revenir à son système habituel (4-3-3) dès la pause.
Saignants lors des matches amicaux, les deux joueurs ont touché du doigt ce qu'était le plus haut niveau international et la pression qui va avec. Le constat est surtout cruel pour Martial, acheté 80 millions d'euros par Manchester United mais incapable de se libérer sous le maillot bleu.
Le sélectionneur doit se résoudre à l'évidence: les nombreuses indisponibilités de ces derniers mois (Benzema, Sakho, Varane, Mathieu, Diarra) ont particulièrement amoindri le potentiel de son effectif et aucun de ses remplaçants n'a les épaules assez larges pour prétendre déboulonner l'un des titulaires. Deschamps doit maintenant prier pour qu'il n'arrive rien de grave à l'un de ses tauliers.
. Ne pas revivre France-Suède 2012
C'est le scénario à éviter. Il y a quatre ans, les Bleus avaient besoin de l'emporter contre la Suède, éliminée, pour terminer en tête de leur poule à l'Euro. Mais Laurent Blanc avait eu la désagréable surprise de voir ses joueurs sombrer. Un revers 2-0 aux conséquences désastreuses: l'Espagne comme adversaire au tour suivant puis une élimination logique (2-0).
Deschamps est conscient du piège, mais va aborder le choc face aux Suisses avec plus de confort puisqu'un point suffit aux Bleus.
L'enjeu est de taille. En bouclant le premier tour à la première place, les Tricolores se faciliteraient grandement la tâche jusqu'à l'objectif minimum assigné par le président de la Fédération française de football Noël Le Graët, à savoir les demi-finales. En 8e de finale, ils affronteraient ainsi un 3e de poule et en quart de finale, ce serait le 2e du groupe B ou F qui leur serait proposé.