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Hôte de la compétition, l'équipe de France sera particulièrement attendue à l'Euro-2016, censé acter son retour parmi les cadors du continent, et rêve d'un nouveau sacre à la maison comme en 1984 et 1998. Reste à savoir de quel poids pèseront les absences de Karim Benzema et celle, probable, de Mamadou Sakho.
Le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a fait d'une demi-finale l'objectif minimum pour les Bleus. Si l'on se fie aux résultats de la saison, la mission semble largement à la portée d'une formation épargnée par le tirage au sort (Roumanie, Albanie, Suisse au 1er tour).
Avec 7 victoires -certes en amical-, notamment au Portugal (1-0) et contre les champions du monde allemands (2-0), les Tricolores surfent sur une vague vertueuse. Leur seule défaite depuis septembre 2015 n'est intervenue qu'en Angleterre (2-0), dans un contexte lourd, quatre jours après les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis.
Deux ans après son accession en quart de finale du Mondial-2014, l'équipe de France de Didier Deschamps paraît donc avoir toutes les cartes en main pour respecter l'injonction fédérale et renouer enfin avec le dernier carré d'une grande compétition internationale, ce qui serait une première depuis la Coupe du monde 2006.
- Le poison des scandales -
Mais c'est sans compter la litanie des affaires extra-sportives qui n'en finissent pas d'empoisonner la vie des Bleus depuis le fiasco de Knysna et la fameuse grève de l'entraînement du Mondial-2010 en Afrique du Sud. Le pragmatique et madré Deschamps pensait en être immunisé, mais il a lui aussi été rattrapé comme ses deux prédécesseurs (Raymond Domenech, Laurent Blanc) par le poison des scandales, en l?occurrence par "l'affaire de la sex-tape".
La mise en examen de Karim Benzema pour "complicité de tentative de chantage" sur Mathieu Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs", des infractions passibles de cinq ans d'emprisonnement, a ainsi poussé la FFF à priver d'Euro le meilleur buteur en activité des Bleus (27 réalisations en 81 sélections) au nom de "l'exemplarité et la préservation du groupe".
La pression populaire, avec des sondages d'opinion très hostiles à l'attaquant, et politique, ainsi que la bonne tenue du groupe lors du dernier rassemblement (succès face aux Pays-Bas et la Russie) ont fini par avoir raison de la volonté de Le Graët et Deschamps de sauver le soldat Benzema. Avec le risque d'amoindrir considérablement le potentiel offensif des Tricolores.
Certes, le Madrilène n'a jamais été décisif dans les grands rendez-vous en équipe de France mais il effectue la meilleure saison de sa carrière en termes statistiques sous le maillot du Real Madrid (27 buts en 32 matches, toutes compétitions confondues), qualifié pour la finale de la Ligue des champions.
Pour ne rien arranger, Deschamps doit également faire face à la suspension pour 30 jours à titre conservatoire du défenseur Mamadou Sakho pour une infraction au code antidopage. Cette sanction court jusqu'au 28 mai, bien après l'annonce jeudi de la liste des 23 joueurs retenus pour l'Euro par Deschamps.
Le héros du barrage retour du Mondial-2014 contre l'Ukraine (3-0), cadre respecté du vestiaire et leader moral, voit de facto sa participation au Championnat d'Europe grandement compromise. Son absence priverait le sélectionneur d'un puissant relais et fragiliserait encore un peu plus un secteur qui était déjà le point faible de l'équipe, Raphaël Varane étant en grande difficulté au Real et les latéraux guère rassurants.
- Griezmann et Pogba, les leaders -
Difficile dans ces conditions de cerner précisément le potentiel de la bande à Deschamps, surtout après deux ans de matches amicaux sans enjeu.
Heureusement il y a Griezmann. L'attaquant de l'Atletico Madrid a pris une nouvelle dimension cette saison: il a confirmé en Liga son statut de star, aux côtés des monstres Messi, Ronaldo, Suarez et Neymar, et il s'est surtout affirmé comme un joueur majeur en équipe de France à tout juste 25 ans. Sans Benzema, c'est sur ses épaules que reposera la force de frappe des Bleus. Mais il risque de rejoindre la stage de préparation lessivé juste après la finale de la Ligue des champions, le 28 mai à Milan...
Outre Griezmann, Paul Pogba sera l'autre joueur français observé à la loupe. Elu meilleur jeune du Mondial-2014, le champion du monde des moins de 20 ans en 2013 doit confirmer qu'il fait bel et bien partie des étoiles de son sport, lui qui ne cesse de clamer son envie de marquer l'histoire. Aux côtés de Lassana Diarra et de Blaise Matuidi, il formera en tout cas dans l'entre-jeu un trio qui a fière allure sur le papier.
Griezmann-Pogba: voilà deux noms qui ont de quoi adoucir les nuits compliquées de Deschamps avant le grand rendez-vous de juin.