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La France retient son souffle et rêve de triomphe pour ses Bleus à domicile. Le Portugal veut son premier trophée majeur. Griezmann et Ronaldo ont les reflets du Ballon d'Or dans les yeux... Le dénouement de l'Euro est proche avec la finale qui démarrera à 21h00 au Stade de France.
Gagné par la fièvre du ballon rond, le pays-hôte n'imagine pas d'autre issue que le succès après l'exploit réalisé contre les quadruples champions du monde allemands en demi-finale (2-0).
Cette douce euphorie qui les berce depuis jeudi, les Français aimeraient la prolonger. Meurtrie par les attentats de 2015, plombée par un climat social toujours lourd, la France veut une parenthèse enchantée cet été. Et à quelques heures du coup d'envoi, le pays se prépare à ce rendez-vous tant attendu.
A Lyon, le parc de la Tête d'or est le paradis des enfants le dimanche. Ils sont déjà prêts: beaucoup portent des maillots bleus et ont du bleu-blanc-rouge sur les joues.
Un seul d'entre eux, un petit garçon de six ans, est vêtu du maillot du Portugais Cristiano Ronaldo... mais, explique-t-il, c'est le seul qu'il avait chez lui.
Dans le centre-ville de Rennes, des fans ont déjà réservé depuis samedi leurs places sur les terrasses des bars équipées d'écrans de télévision, pour éviter la mésaventure de la demi-finale, où plus un siège n'était disponible près de deux heures avant le coup d'envoi.
A Marseille, le dispositif policier a été renforcé dans le centre-ville et autour de la fan zone prévue pour 80.000 personnes et qui devrait battre un record d'affluence, a annoncé le préfet de police.
L'engouement autour des Bleus montre que "les Français avaient besoin de se retrouver" même si "la vie reprendra son cours après", a jugé le président de la République François Hollande dans le Journal du dimanche.
La tradition nationale serait respectée avec une nouvelle victoire à domicile après 1984 (Euro) et 1998 (Mondial). Un tel succès s'ajouterait dans l'armoire à trophées à l'Euro-2000 gagné à Rotterdam.
"Je me dis que jamais deux sans trois, chez nous on est presque invincible", a fait valoir le Premier ministre Manuel Valls sur France Info, tout en appelant à "ne surtout pas sous-estimer les Portugais".
- Deschamps contre Ronaldo -
Chaque sacre des Bleus a eu son icône: Zinédine Zidane en 1998, Michel Platini en 1984. Ces deux monstres sacrés ont peut-être trouvé leur successeur avec Antoine Griezmann. Le joueur de l'Atletico Madrid, 25 ans, est le meilleur buteur de l'Euro avec six réalisations en six rencontres.
Les Bleus peuvent aussi se réfugier derrière leur éternel porte-bonheur: le sélectionneur Didier Deschamps.
Le capitaine des champions du monde et d'Europe 1998 et 2000, visage de la gagne en France avec Zinédine Zidane, peut devenir le premier à rafler un Euro en tant que joueur titulaire et entraîneur.
"C'est un moment privilégié, une chance unique parce qu'il y a un titre au bout. Je n'ai pas de stress mais de l'adrénaline", expose calmement Deschamps.
Invaincus contre les Portugais en phase finale de grand tournoi, les Français doivent toutefois éviter de bomber le torse trop tôt.
"La France joue chez elle, c'est naturel qu'elle soit favorite. Mais le Portugal doit gagner", a dit d'un ton bonhomme le sélectionneur Fernando Santos, peu préoccupé par les critiques sur le jeu fermé de sa sélection.
L'élément-clé de cette confiance, c'est une superstar du foot mondial, une icône autant adulée pour son jeu que raillée pour des attitudes jugées arrogantes: Cristiano Ronaldo.
Le crack du Real Madrid a tout gagné en clubs mais reste bredouille en équipe nationale. A 31 ans, le play-boy multimillionnaire n'a pas le droit de laisser passer une occasion qui ne se représentera peut-être pas.
- Pas de Champs-Elysées -
Le triple Ballon d'Or en veut forcément un quatrième. Son but sur talonnade au 1er tour face à la Hongrie (3-3) et sa détente verticale phénoménale sur son coup de tête victorieux en demi-finale contre le pays de Galles de Gareth Bale (2-0) sont déjà parmi les images indélébiles de cet Euro.
Autre danger pour les Français: le retour attendu de Pepe. Forfait face aux Gallois, le rugueux mais si efficace patron de la défense portugaise se dit "prêt à jouer".
Lui et ses coéquipiers évolueront quasiment à domicile: la communauté portugaise en France est estimée à 1,2 million de personnes (en comptant les binationaux et les descendants d'immigrés) et les liens entre les deux pays sont très forts.
Sécurité oblige, même si les joueurs français gagnent le titre, il n'y aura pas de parade sur les Champs-Elysées lundi, contrairement à 1998. Les célébrations pourraient avoir lieu sur l'avenue Foch, qui débouche elle aussi sur l'Arc de Triomphe, en partant de la porte Dauphine, à l'ouest de la capitale.
"On imagine qu'il y aura plus d'un million de personnes dans les rues, il faut qu'il y ait des espaces suffisamment larges et que ça se finisse à l'Arc de Triomphe (...), ça serait pas mal", a indiqué dimanche la maire de Paris Anne Hidalgo dans l'émission "Le grand rendez-vous" iTELE/Europe 1/Le Monde.
Un dispositif exceptionnel de sécurité est prévu dimanche avec 3.400 policiers et gendarmes sur les Champs-Elysées pour l'après-match.
En 2004, Ronaldo avait 19 ans et avait pleuré après la finale de l'Euro perdue à Lisbonne face aux Grecs. Les Bleus ne veulent pas vivre ça chez eux. Qui sanglotera au coup de sifflet final?