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L'Europe du football s'est donné rendez-vous en France du 10 juin au 10 juillet pour un Euro qui, au-delà de l'aspect sportif, constituera un défi sécuritaire majeur après les attentats à Paris, St-Denis et Bruxelles, mais le pays espère surtout bénéficier des retombées économiques de l'évènement, pourtant difficiles à mesurer.
. L'enjeu sécuritaire
"L'Euro représentera un risque". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a parfaitement planté le décor le 3 mai, à la veille de la présentation en Conseil des ministres de la troisième loi de prorogation de l'état d'urgence pour deux mois.
Dès l'attribution du tournoi à la France en 2010, la menace terroriste avait été intégrée par les organisateurs. Mais les attaques sanglantes du 13 novembre à Paris et à St Denis (130 morts) et celles du 22 mars dans la capitale belge (31 morts) ont changé la donne, poussant les autorités à doubler les moyens humains et financiers pour sécuriser les 10 stades, les fans-zones et les 24 équipes participantes.
La principale difficulté concerne la protection des fans-zones, ces lieux destinés à la retransmission des matches en direct mais également à célébrer l'événement. Le coût du dispositif est passé de 12 à 24 millions d'euros afin de rémunérer les agents de sécurité privés (de 80 à 350 simultanément selon la taille des enceintes) et installer barrières, équipes cynophiles, caméras de surveillance, contrôle magnétique et parfois des portiques de détection comme à Nice, Lyon ou Bordeaux.
Les stades seront placés sous la protection de 10 à 12.000 agents de sécurité privés engagés par l'UEFA, tout comme les camps de base des équipes et tous les sites et hôtels officiels, et disposeront d'un double périmètre de contrôle.
Au total, le budget sécurité de l'UEFA se monte à 34 M EUR. L'Etat assurera de son côté la protection du reste du territoire et des transports grâce aux forces de l'ordre classiques, renforcées par plus de 10.000 militaires.
. Un enjeu économique
Comment quantifier l'impact économique et social d'une telle compétition? Il y a d'abord le coût induit par la construction ou la rénovation des stades. Celles-ci ont été financées à hauteur de 618 millions d'euros, sur 1,65 milliard, par l'Etat et les différentes collectivités. L'Etat s'étant engagé à exonérer d'impôt l'UEFA en tant qu'organisateur, il ne lui restera au final que la TVA, qui devrait rapporter 186 millions d'euros, selon une étude du Centre de Droit et d'Economie du Sport (CDES) de Limoges.
Plus globalement, le CDES prévoit la création de 26.000 emplois équivalent temps plein sur une année et table sur un apport de 1,27 milliard d'euros, dont 788 millions dépensés par les spectateurs.
En dehors des données économiques brutes, la France espère que l'Euro aura des effets sur l'image et l?attractivité du pays, près de 1,5 millions de fans étrangers étant attendus, et contribuera au développement de la pratique sportive. Au moment où Paris est candidate à l'organisation des jeux Olympiques de 2024, ce Championnat d'Europe peut être vu comme un test grandeur nature pour une nation qui n'a plus accueilli d'évènement sportif de cette ampleur depuis la Coupe du monde de rugby en 2007.
. Un enjeu sportif
Rarement un Euro n'est apparu aussi ouvert à un peu plus d'un mois du match d'ouverture entre la France et la Roumanie, le 10 juin au Stade de France. Elargi pour la première fois à 24 équipes, le tournoi voit débarquer des petites nations (Islande, Albanie, Autriche, Pays de Galles, Irlande du Nord, Hongrie, Slovaquie) qui voudront jouer les trouble-fêtes dans la course à la succession de l'Espagne, double tenante du titre.
Il faudra comme toujours compter sur les champions du monde allemands, triples vainqueurs de l'épreuve, la Roja, revancharde après son fiasco du Mondial-2014 (élimination au 1er tour), et Cristiano Ronaldo à la tête du Portugal. La Belgique d'Eden Hazard, force montante du continent, sera également un gros morceau alors que l'Italie, privée de deux éléments majeurs au milieu (Marchisio, Verratti), et l'Angleterre avancent dans l'inconnue.
Les Français espèrent eux refaire le coup de l'Euro-84 et du Mondial-98 sur leur sol mais l'absence en attaque de Karim Benzema, banni en raison de sa mise en examen dans l'affaire de la sex-tape, et leurs gros soucis défensifs ne plaident pas vraiment en leur faveur. La Fédération française de football s'est voulue raisonnable en affichant les demi-finales comme objectif minimum, deux ans après la place de quart de finaliste à la Coupe du monde.